Né en 1966, à Hamelin (Allemagne de l’Ouest), Max Richter est un des rares compositeurs d’aujourd’hui à s’être distingué dans tous les genres et à avoir séduit les publics les plus différents. En concert, mais également au cinéma, par l’utilisation d’une de ses pièces dans la bande-son de Shutter Island (2010), de Martin Scorsese, ou par des réalisations originales, entre autres, pour Ad Astra (2019), de James Gray, où il a transformé en sons des données recueillies par la sonde Voyager aux abords de Neptune. Considéré comme un musicien classique émergé du courant minimaliste, il a obtenu un immense succès avec son album Recomposed Vivaldi, retenu en 2018-2019 pour l’option musique du baccalauréat en France. Sa résidence à la Fondation Louis Vuitton, à Paris, prendra fin le 22 mars.
Quel a été votre premier contact avec la musique ?
Cela remonte à ma prime enfance, en Allemagne, je devais avoir un peu moins de 3 ans. Mes parents avaient mis un disque du Double concerto pour violon de Jean-Sébastien Bach. Pour moi, c’était nouveau d’écouter une musique. J’y percevais des mélodies merveilleuses, mais j’avais aussi la sensation qu’un principe directeur existait derrière tout cela. Et cette idée m’enthousiasmait.
Comment êtes-vous passé de l’écoute à la pratique ?
A partir de ce moment-là, j’ai toujours eu de la musique en tête, alors j’ai voulu prendre des cours de piano. Nous n’en possédions pas, mais nos voisins en avaient un. Je me rappelle le moment où on m’a présenté cet énorme objet en bois, plus grand et plus haut que moi, et où on m’a hissé sur le siège. J’ai ensuite appuyé sur les touches au hasard et j’ai été ébloui. C’était presque trop intense.
Vous avez donc voulu prendre des cours…
Mon premier professeur semblait sortir d’un roman de Dickens. C’était une femme de la vieille école qui pensait que la meilleure façon de vous faire progresser était de vous frapper quand vous faisiez une fausse note. J’ai tenu un petit moment puis, découragé, j’ai renoncé, alors que j’avais une dizaine d’années.
Ensuite, à l’âge de 13 ans, vous avez découvert la musique du groupe Kraftwerk. Dans quelles circonstances ?
Je regardais à la télévision un documentaire sur la nature dans lequel était utilisée une musique qui ne correspondait à rien de ce que j’avais entendu jusque-là. J’en étais enivré. Je ne voyais pas quel instrument pouvait produire de tels sons, alors j’ai écrit une lettre à la BBC pour savoir de quoi il s’agissait et, quelques semaines plus tard, j’ai reçu une réponse : Autobahn, de Kraftwerk. Sans tarder, j’ai pris mon argent de poche et me suis rendu en bus à la ville la plus proche pour y acheter le disque. Ce fut une expérience extraordinaire pour moi. Comme une porte ouverte sur un autre univers musical.
Il vous reste 56.08% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.