Laurent Gaudé, un Goncourt et beaucoup d'humanité

NUIT DES ECRIVAINS - Laurent Gaudé, un Goncourt et beaucoup d'humanité

© JOEL SAGET - AFP

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Par Margot Dubuisson

Laurent Gaudé était l'un des 6 écrivains présents lors de notre toute première Nuit des Écrivains, qui s'est déroulée le 6 novembre à Passaporta. Qui est-il? Quel est son parcours ? Et son avis sur le monde qui l'entoure ?

NUIT DES ECRIVAINS - Laurent Gaudé, un Goncourt et beaucoup d'humanité

L'écriture n'était pas ce dont Laurent Gaudé rêvait au départ. Certes, il a étudié les Lettres Modernes et le théâtre, mais plutôt dans le but de devenir enseignant. Et puis, chemin faisant, l'enseignement ne l'attirait plus et il a finalement décidé de se lancer dans l'écriture. Sa première pièce, "Onysos le furieux", remonte à 1997. Quel parcours depuis lors ?

L'écriture théâtrale l'a beaucoup animé : Pluie de Cendres, Combat de Possédés, Médée Kali, ou encore Les Sacrifiées,... Autant de pièces qui composent son répertoire. En parallèle pourtant, il travaille également une plume plus romanesque. Cris est son premier roman, paru en 2001. Moins d'un an plus tard, il publie La Mort du roi Tsongor, avec lequel il obtient le Prix Goncourt des Lycéens, pour finalement remporter le Prix Goncourt en 2004, avec Le soleil des Scorta.

 

De sang et de lumière

NUIT DES ECRIVAINS - Laurent Gaudé, un Goncourt et beaucoup d'humanité

Depuis, Laurent Gaudé s'est également lancé dans les nouvelles et la poésie. C'est d'ailleurs de cela qu'il parlait le 17 juin dernier dans l'émission Dans quel monde on vit, présentée par Pascal Claude et diffusée sur La Première.

De sang et de lumière est un recueil de poèmes, "dont la plupart sont nés de voyages", confiait-il en juin dernier. Ces lieux, avec leur brouhaha, leur fureur, leur inconfort, ont déclenché chez l’auteur l’envie de faire de la poésie. "Avec le recul, je pense maintenant que c’est parce qu’il me semblait incongru d’écrire en termes de fiction, de construction de personnages et d’intrigue. J’avais envie de parler de ces voyages, de ces lieux, de ce que j’y avais vu et ressenti". Pour Laurent Gaudé, la poésie est aussi un moyen de mettre des mots sans passer par la construction d’une fiction. "L’écriture ne m’intéresse pas si elle n’est pas capable de mettre des mots sur les menaces qui grondent", confiait-t-il encore.

Pour Laurent Gaudé, l’écriture a cette force magique de pouvoir faire monter dans la barque du souvenir des choses englouties. "Ecrire un poème sur la traite négrière, c’est décider que tout à coup il y a un engagement mémoriel dans l'écriture, et qu’on écrit pour sauver la mémoire. Est-ce qu’écrire un poème change la face du monde ? En réalité, on pourrait déplacer le problème en disant qu’il y a un engagement mémoriel, car décider de se souvenir est une forme d’engagement."

"Dans le camp de Kawergosk, les réfugiés sont fatigués de se dire soi-même"

Laurent Gaudé est aussi allé à la rencontre de ceux qui se taisent, là où les mots ont renoncé. "On n’attendait pas de nous que nous parlions, nos mots n’ont plus de force contre le monde, alors nous les gardons pour nous", notait l'écrivain, pour prendre la place de ces gens qu’il a croisé. " Ces lignes ont été écrites après avoir vu le camp de Kawergosk, un camp de réfugiés syriens dans le Nord de l’Irak. Chez les hommes et femmes de ce camp, j’ai beaucoup vu cette espèce de résignation du silence. Ils se demandaient à quoi servait de raconter leur histoire dans la mesure où ils l’avaient déjà dite, et que rien n’avait changé. Il y a une espèce de fatigue de se dire soi-même ", explique Laurent Gaudé.

"La période que nous vivons m’a fait réaliser à quel point j’étais un enfant de mai 68"

Recevoir Laurent Gaudé en juin dernier était aussi une occasion d'aborder la question des attentats qui frappaient l'Europe et qui continuent aujourd'hui à frapper le monde entier. "Une des choses qui a été assassinée dans les attentats de Charlie Hebdo ou du Bataclan, c’est l’esprit de mai 68, cette liberté joyeuse, cette manière de parler de sexe et d’en rire, la liberté de ton, la naissance du féminisme, de l’égalité homme-femme, …", explique l'écrivain. "Mes parents portaient cela, ils ont fait mai 68. On n’a pas oublié Mai 68 mais on l’avait considéré comme acquis. Ces moments de douleur que nous vivons m’ont fait revenir sur ce qui me constitue."

L'inscription à la Nuit des Ecrivains est encore possible ! Si cet événement La Première-Passaporta vous intrigue et que vous souhaitez plus d'informations, cliquez ICI !

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