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De plus en plus de champignons hallucinogènes saisis en Bretagne : « Il y a peut-être un effet de mode »
Selon nos informations, les saisies de champignons hallucinogènes par les douanes bretonnes ont été multipliées par trois, entre 2021 et 2022. Ces produits sont en effet très faciles à trouver sur Internet.
Les champignons hallucinogènes sont en général expédiés depuis les Pays-Bas, dans des cartons discrets. (Photo Jean Saint-Marc)
Pour un œil non averti, les dix cartons qui s’amoncellent sur le bureau n’ont rien de suspect. Pas de logo, une apparence très ordinaire et un petit format qui pourrait contenir un livre ou un téléphone portable. Mais on trouve à l’intérieur des petites masses marron ou noires, emballées sous vide. Des champignons hallucinogènes, donc. « Il y a même des goodies en cadeau », s’amuse un douanier, en désignant des feuilles pour rouler des joints, des autocollants et même un magazine, avec des titres plus ou moins explicites : « Drift vers le rêve - béatitude du sommeil. »
Les douaniers bretons saisissent ce type de produits très fréquemment, presque à chaque contrôle de colis dans les centres de tri. « À mon arrivée en Bretagne, on trouvait de petites quantités mais ça a pris une grande ampleur, témoigne le chef de service de la brigade de Brest, qui a préféré rester anonyme. C’est vraiment exponentiel ! » En 2022, 8,18 kg de champignons ont été saisis en Bretagne, principalement par les brigades de Brest et de Quimper, et souvent en provenance des Pays-Bas. C’est trois fois plus qu’en 2021 (2,78 kg). Les chiffres 2023, qui ne sont pas encore publics, sont comparables à ceux de l’année 2022. À l’échelle nationale aussi, les saisies sont en hausse, avec 106 kg saisis en France en 2022, contre 29 en 2021 et 70,8 en 2020.
« Commercialement, ces sites sont bons ! »
Difficile de fournir une seule explication à ce phénomène. La facilité d’accès aux sites Internet en est une, forcément : « En deux ou trois clics, les gens sont livrés rapidement, pointe le chef de service de la brigade de Brest. Et, commercialement, ces sites sont bons… Le fournisseur s’engage à renvoyer un deuxième colis si la douane intercepte le premier ! » Yves Bourlieux, directeur régional des douanes, observe « un changement d’habitudes depuis la crise covid, avec des consommateurs qui ont tendance à plus acheter sur Internet, où on trouve de tout, des champignons, du cannabis, de la cocaïne… »
Dans le cas des champignons, les sites, légaux aux Pays-Bas, sont accessibles facilement, sur le net classique et non sur le dark web. Ils ont tout du site commercial classique, avec des avis de clients, des promotions et la possibilité de payer par carte bancaire. Seules les descriptions des produits rappellent que l’on parle bien de stupéfiants : « Les truffes magiques vous catapulteront dans le royaume psychédélique en une heure après l’ingestion. Ces pépites hallucinogènes vous éblouiront avec d’intenses visuels et de profonds moments de sagesse et de créativité. »
« Effet de mode »
« Il y a peut-être, également, un effet de mode, avec des consommateurs qui entendent parler de ces produits et qui ont envie de les tester », poursuit Hélène Castillon, cheffe divisionnaire des douanes pour le Finistère et le Morbihan. Selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, les champignons hallucinogènes figurent « parmi les produits illicites les plus expérimentés après le cannabis chez les moins de 30 ans ». 9 % des 26-34 ans ont déjà testé ces substances.
Les douanes ont saisi plus de 8 kg de champignons hallucinogènes en Bretagne, en 2022. (Photo Jean Saint-Marc)
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À chaque saisie, les douanes établissent une pénalité douanière qui se chiffre en centaines d’euros. Face à de grosses commandes, les agents peuvent « se substituer au livreur, sonner chez la personne, lui remettre le colis et prolonger le contrôle par une fouille de son logement », raconte le chef de brigade de Brest. Dans le dernier cas en date, aucun trafic n’a été identifié : il s’agissait d’un gros consommateur, au profil de créateur. « On a souvent affaire à des artistes, des personnes qui utilisent ces champignons pour stimuler leur créativité, décrit Hélène Castillon. Mais il n’y a pas de profil type. » La preuve : parmi les consommateurs bretons, on trouve aussi… un notaire proche de la retraite !
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