Déjà malmené dans les sondages, le président Emmanuel Macron va faire face samedi à la colère des "gilets jaunes", ces automobilistes français excédés par la hausse du prix du carburant qui comptent bloquer les routes et monter jusqu'au palais présidentiel.
"On ne vit pas tous en ville : je fais 25 000 km par an, je n'ai pas le choix de prendre ma voiture, qu'elle pollue ou qu'elle ne pollue pas", s'emporte Jacline Mouraud, une automobiliste bretonne qui dénonce "la traque aux conducteurs" dans une vidéo en ligne qui a été vue plus de 6 millions de fois.
Cette accordéoniste et hypnothérapeute est devenue l'un des visages de ces "gilets jaunes", le surnom du mouvement en référence aux vestes réfléchissantes obligatoires dans les voitures françaises en cas d'incident.
Mouvement hétéroclite dont l'ampleur reste pour l'heure difficile à évaluer, les contestataires pestent pêle-mêle contre diverses mesures qui touchent les automobilistes, la hausse du carburant en tête.
Si le prix des carburants a attisé la colère, le mouvement des gilets jaunes s'inscrit néanmoins dans un rejet plus général d'Emmanuel Macron, perçu par une partie de la population comme un "président des riches", incapable de comprendre le quotidien de "la vraie France" qui vit à l'écart des grands centres urbains.
"La seule chose qui pourrait aujourd'hui apaiser la colère immense qu'il y a dans ce pays, c'est qu'il rétablisse l'impôt sur la fortune", assurait la semaine dernière à la télévision Jacline Mouraud, en référence à un prélèvement visant les plus riches, partiellement supprimé l'an dernier. "Qu'est-ce que vous faites du pognon, à part changer la vaisselle de l'Elysée ou se faire construire une piscine? On se pose la question", a-t-elle également accusé.
Plusieurs polémiques sur les frais de la présidence - nouveau service de vaisselle, projet de construction d'une piscine dans sa résidence d'été...- ont émaillé le début de mandat d'Emmanuel Macron, actuellement en-dessous des 30% d'opinions favorables.