Depuis le 9 mars et l’ouverture de ce procès très médiatique qui a rouvert les plaies raciales aux Etats-Unis, tous les yeux sont rivés sur les témoins qui se succèdent à la barre. Ils reviennent sur ces événements où un policier blanc est resté agenouillé pendant près de neuf minutes sur le cou du quadragénaire noir. La vidéo de la scène, devenue virale, avait déclenché des manifestations géantes contre le racisme et les violences policières dans le monde entier.
La larme à l’œil ou tout en retenue, une vingtaine de témoins ont déjà été entendus. Parmi eux, certains ont particulièrement marqué les Américains, devant leurs écrans pour ces audiences historiques.
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Darnella Frazier, celle qui a filmé la scène
Cette jeune fille noire a réalisé la vidéo virale du drame, qui a conduit des millions de personnes à manifester dans le monde entier contre le racisme et les violences policières. Elle fut la seule cette semaine à évoquer clairement la couleur de la peau de la victime : "Quand je pense à George Floyd, je vois mon père, mes frères, mon cousin, mon oncle. Ils sont tous noirs", a-t-elle dit. "Ça aurait pu être eux."
Quand je pense à George Floyd, je vois mon père, mes frères, mon cousin, mon oncle.
Agée de 17 ans au moment des faits, elle a témoigné hors du cadre des caméras. Seule sa voix a résonné dans la salle d’audience, n’enlevant rien au poids de ses mots.
Le 25 mai à Minneapolis, elle faisait s’était rendue au supermarché quand elle a vu George Floyd "allongé au sol avec un policier agenouillé sur lui". Il était "terrifié, il plaidait pour sa vie, il souffrait", alors que l’agent blanc Derek Chauvin "se contentait de nous fixer avec son regard froid, sans cœur", a-t-elle raconté.
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Malgré une "anxiété sociale" qui la rend très timide, Darnella Frazier avait haussé le ton, comme d’autres témoins pour demander au policier de relâcher sa pression. En vain. Aujourd’hui encore, la jeune femme tout juste majeure porte les stigmates du drame dont elle a été témoin. Certaines nuits, elle fait des insomnies et s'"excuse auprès de George Floyd de ne pas avoir fait plus", "de ne pas l’avoir sauvé". "Mais ce n’était pas à moi de le faire, c’était à lui", a-t-elle conclu à l’adresse de l’accusé, qui est jugé pour meurtre.