Sortir du duel annoncé entre Jordan Bardella pour le Rassemblement national et Valérie Hayer pour la majorité présidentielle. Voilà des semaines que le candidat des socialistes aux élections européennes, Raphaël Glucksmann, en fait sa priorité et son slogan. Les résultats de notre sondage Harris Interactive montrent que ses efforts commencent à payer. Avec 12 % des intentions de vote, il creuse l’écart avec ses concurrents à gauche, laissant Manon Aubry (LFI) et Marie Toussaint (Les Ecologistes) à 7 %. Surtout, il se rapproche de Valérie Hayer, qui ne décolle pas des 18 %, loin derrière les 30 % de Jordan Bardella. Et c’est lui qui affrontera en premier Bardella lors d’un duel audiovisuel, le 12 avril, sur France Inter. Un débat qui promet d’être musclé. Ce costume de « troisième homme » réjouit l’entourage de Glucksmann : « Il y a un match Glucksmann-Hayer que nous comptons bien mener ! »
Attaque contre la Macronie
Son meeting à Tournefeuille, près de Toulouse, dimanche 24 mars, lui a offert la première occasion d’une attaque en règle contre la Macronie. D’abord sur son terrain de prédilection, la géopolitique. Face à Poutine, il fustige « ces dirigeants indolents », « somnambules », « sans colonne vertébrale ». Sur le terrain économique, il jure « tenir tête aux multinationales » et promet de taxer les riches et les superprofits. « Nous ne sommes pas faits du même bois friable que le président et ses affidés », a-t-il asséné devant 2 500 militants emballés. La stratégie du candidat est claire : cibler Emmanuel Macron pour mieux séduire un électorat de gauche, très éparpillé.
Sous sa bannière, Raphaël Glucksmann espère reconstituer un bloc social-démocrate. « Avec 12 % des intentions, il atteint le double de son score de 2019 (6,19 %) : les électeurs macronistes de centre gauche déçus ont déjà basculé », relève le directeur des études politiques de Harris Interactive, Pierre-Hadrien Bartoli. La tête de liste socialiste prend néanmoins encore plus de voix aux électeurs de Mélenchon (24 %) et de Jadot (23 %), qu’à ceux de Macron (9 %). Les électeurs de Valérie Hayer se disent en effet sûrs de leur choix à 77 %. Presque aussi solides que ceux de Jordan Bardella, sûrs à 83 %. « C’est à gauche que les votes sont encore très fluides », confirme Pierre-Hadrien Bartoli.
Des électeurs bien répartis
« Le débat interne à la gauche ne nous intéresse pas, insiste pourtant l’entourage de Raphaël Glucksmann. Cela fait deux mois que LFI tape sur Raphaël, sans que Manon Aubry monte, ni que Raphaël baisse. » D’autant que les reproches que les Insoumis ne manquent pas de lui faire ne coïncident pas avec la réalité sociologique de son électorat. Candidat des villes et des bobos parisiens ? Notre sondage montre que ses électeurs sont équitablement répartis sur le territoire, y compris en zone rurale. Raphaël Glucksmann serait aussi l’idole des jeunes filles ? Les intentions de vote montrent qu’il plaît autant aux hommes. L’homme aux 800 000 followers sur Instagram et 400 000 abonnés sur LinkedIn touche les jeunes comme les seniors. « En réalité, Raphaël Glucksmann a un électorat assez diversifié, décrypte Pierre-Hadrien Bartoli. Renouant avec l’électorat traditionnel socialiste, il attire davantage les plus diplômés, mais son électorat est moins caricatural que celui du parti présidentiel, qui est ultra-urbain, riche et surtout très âgé. »