Publicité

Européennes 2024 : Raphaël Glucksmann veut troubler le duel RN-Renaissance

En déplacement à Nancy, le candidat PS-Place publique, porté par les sondages, a prêché la réindustrialisation et la souveraineté d'une Europe qui ne peut compter que sur ses propres forces.

Raphaël Glucksmann en meeting à Tournefeuille dans la banlieue de Toulouse, le 24 mars.
Raphaël Glucksmann en meeting à Tournefeuille dans la banlieue de Toulouse, le 24 mars. (Fred Scheiber/SIPA)

Par Hadrien Valat

Publié le 28 mars 2024 à 14:54Mis à jour le 28 mars 2024 à 15:10

Au CHRU de Nancy, à la pointe sur les traitements contre le cancer, l'équipe tient à montrer au candidat Glucksmann le cyclotron. Une machine unique qui produit des isotopes radioactifs pour détecter les tumeurs, en partie financée par des fonds européens . Aucun risque en allant la voir, elle n'est pas en marche, rassurent les chercheurs. Ouf, « ça aurait écourté la campagne », blague le maire PS de Nancy, Mathieu Klein. « Dommage, ça démarrait bien », souffle Raphaël Glucksmann.

Depuis plusieurs semaines, la liste PS-Place publique qu'il porte pour les élections européennes du 9 juin prochain enregistre une dynamique dans les sondages : 11 % d'intentions de vote dans le baromètre EuroTrack OpinionWay - Vae Solis pour « Les Echos » et Radio Classique, quand les écologistes sont à 8 % et La France insoumise à 6 %. La liste atteint même 13 % dans le baromètre Harris Interactive de « Challenges ».

Protectionnisme européen

De nouveau tête de liste cinq ans après sa première élection comme eurodéputé, Raphaël Glucksmann en est toujours plus convaincu : l'Europe est la mère de toutes ses batailles. Celle pour faire plier Vladimir Poutine dans son entreprise sanglante en Ukraine, celle pour la construction d'une industrie écologique locale, celle pour la régulation des plateformes et du secteur financier.

Publicité

Avec nécessairement un « saut fédéral », pour que « l'Europe Tanguy » mûrisse enfin. Qu'elle redevienne un « continent de producteurs » en étant capable d'assurer ses besoins en énergie et surtout sa sécurité de manière autonome. Sans avoir à dépendre du vote « des électeurs du Michigan ».

A la cimenterie Vicat, près de Nancy, étape clé de son périple dans une région « tatouée à l'industrie » comme le rappelle un élu local, la tête de liste PS-Place publique enfonce le clou et embraye sur « le protectionnisme écologique européen » pour faire face « à la concurrence internationale déloyale ».

Alors que la délégation déambule entre les immenses structures de béton de l'usine, trois ouvriers croisent la route de l'aréopage en visite guidée. Les élus locaux, ils les connaissent. Le député, ils voient aussi qui c'est. Mais Raphaël Glucksmann, ça ne leur dit rien du tout. De quoi relativiser la petite musique naissante d'une « Glucks-mania ».

Car avec lui, les socialistes comptent bien tourner la page de la débâcle de la dernière présidentielle - Anne Hidalgo avait alors recueilli 1,7 % des suffrages - et se prennent à rêver d'un retour à leur lustre d'antan. « Certains disent, parfois chez les macronistes eux-mêmes, qu'on pourrait croiser les scores avec Renaissance. Moi je n'en sais rien, mais que cette question soit posée, c'est déjà le signe qu'il se passe quelque chose politiquement dans le pays », prophétise Christophe Clergeau, eurodéputé PS.

« Match à trois »

En témoigne le baiser de la mort de Valérie Hayer, tête de liste de la majorité : « Avec Raphaël Glucksmann, on vote à 90 % de la même façon au Parlement européen. Il devrait être avec nous et il le sait. » Une amabilité empoisonnée et un signe de fébrilité face à l'émergence d'un candidat à même de grignoter les voix de centre-gauche de la majorité.

Le candidat PS veut imposer « l'idée qu'il y a un match à trois » : « On vient troubler le jeu des stratèges de l'Elysée » dans « ce qui devait être un duel entre Macron et le Rassemblement national ». En tout cas, le but est de « retrouver, pour beaucoup d'électeurs, le chemin du vote socialiste à travers Raphaël Glucksmann » afin de « revenir structurellement à un vote à deux chiffres » et « être premier à gauche », estime Christophe Clergeau, numéro 5 sur la liste.

Pour l'heure, c'est surtout à gauche que Raphaël Glucksmann gagne du terrain : près d'un tiers des électeurs de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la dernière présidentielle prévoient de voter PS-Place publique. Creuser l'écart avec les trois autres listes de gauche, sans forcément le grand chambardement espéré par certains, rebattrait les cartes et rééquilibrerait un rapport de force en vue de 2027, pour l'instant très favorable à LFI.

Hadrien Valat (Envoyé spécial à Nancy.)

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité