La doyenne de l’humanité est bien morte à 122 ans et 324 jours, en 1997. Ce lundi 16 septembre, quatre chercheurs suisses et français publient dans la prestigieuse revue scientifique Journals of Gerontology: Medical sciences, les résultats de leur contre-enquête. Elle contredit les doutes de chercheurs russes, accusant la famille Calment de tricherie.

Jean-Marie Robine et Michel Allard, dont les recherches avaient permis la validation des 122 ans de Jeanne Calment, ont participé à cette nouvelle enquête.

La polémique Jeanne Calment

C'est en 1997, à la suite de son entretien avec le Guinness des records, que Jeanne Calment est reconnue "personne la plus âgée du monde", tout sexe confondu. 

Mais en décembre dernier, des chercheurs russes ont affirmé que la Française avait usurpé son record. Une thèse publiée sur le site ReseachGate estime que la vieille dame aurait été remplacée par sa fille Yvonne, en 1934. L'affaire avait fait tant de bruit, que le 21 mars 2019, l'émission de France 2 "Envoyé Spécial" avait mené l'enquête. 

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L’enterrement d’Yvonne en 1934

Parmi tous les documents historiques présents dans l’étude franco-suisse, les chercheurs ont déterré un article paru en 1934, dans un journal local à Arles, qui atteste qu’une "foule particulièrement nombreuse" a assisté, à l’époque, aux obsèques d’Yvonne, morte à 36 ans, des suites d’une maladie. 

Or, "à moins d'accepter l'idée de la complicité de dizaines de personnes", plusieurs témoins peuvent attester qu’il s’agissait bien du corps d’Yvonne Calment. 

En outre, si plusieurs documents attestent qu’elle était malade depuis plusieurs années, aucun ne valide l’hypothèse d’une maladie chez sa mère, avant 1934.

L’acte notarié 

L’argument des Russes voulant qu’Yvonne ait usurpé l’identité de sa mère afin d’éviter de payer deux fois des frais de succession, à la mort de son grand-père en 1931 et à la supposée mort de sa mère en 1934, ne tient pas la route. 

Selon un acte notarié datant de 1926, le père de Jeanne, Nicolas Calment, avait légué l’intégralité de ses biens à ses enfants avant sa mort.

122 ans, rare mais possible

Les Russes défendent qu'il est statistiquement impossible qu’un être humain vive jusqu’à 122 ans. Or, selon les calculs des chercheurs franco-suisses, si la probabilité pour un centenaire d’atteindre les 122 ans n’est que d’une chance sur 10 millions, elle est loin d’être "une impossibilité statistique", affirme le Dr François Herrmann, coauteur de l’étude. 

L'humanité a accumulé au moins de 8 à 10 millions de centenaires depuis les années 1700

Pour ce spécialiste en épistémologie des personnes âgées et gériatre aux Hôpitaux universitaires de Genève, "considérant que l'humanité a accumulé au moins de 8 à 10 millions de centenaires depuis les années 1700, l'existence d'une personne de 122 ans autour de la fin des années 1900 est quelque chose de plausible". 

D’ailleurs, selon les auteurs : "la découverte d'une autre personne âgée de 122 ans (et même probablement un peu plus âgée) apparaît aussi comme quelque chose de raisonnable dans les années à venir". En 2100, la planète pourrait en effet compter près de 25 millions de centenaires.