C’est une "percée" scientifique dont se félicitent les chercheurs de l’université de médecine d’Amsterdam (Pays-Bas). 

À un mois du Congrès européen de microbiologie clinique et des maladies infectieuses, qui se tiendra à Barcelone (Espagne), du 27 au 30 avril 2024, l’équipe de recherche, dirigée par Dr Elena Herrera-Carrillo a dévoilé "comment la dernière technologie d'édition génétique CRISPR-Cas peut être utilisée pour éliminer toutes les traces du virus VIH provenant de cellules infectées en laboratoire, laissant espérer un remède", annonce un communiqué fourni par la Société européenne de microbiologie clinique et de maladies infectieuses publié sur MedicalXpress, mardi 19 mars 2024.

Grâce à l’outil révolutionnaire, lauréat du Prix Nobel de chimie en 2020, les scientifiques sont parvenus à cibler l’ADN du VIH et éradiquer le virus de cellules infectées, cultivées en laboratoire. 

CRISPR-Cas : des "ciseaux moléculaires" pour "couper" l'ADN 

En effet, le prix Nobel de Chimie 2020 a été remis à Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna pour l’invention de CRISPR-Cas 9, "une boîte à outils qui révolutionne la biologie moléculaire". Une publication du Journal du CNRS le décrivait déjà, en 2016, comme "l’innovation majeure du XXIème siècle en biotechnologie !". 

L’outil CRISPR-Cas est décrit par les scientifiques néerlandais comme des "ciseaux moléculaires guidés par l’ARN guide". Avec, il est possible de "couper" l’ADN à certains endroits, "permettant ainsi la suppression de gènes indésirables ou l’introduction de nouveau matériel génétique dans les cellules", résume The Independent

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Via le communiqué cité ci-dessus, les chercheurs expliquent que le défi est de taille dans le cas du VIH, car la capacité du virus à intégrer son génome dans l'ADN de l'hôte le rend "extrêmement difficile à éliminer". Aujourd’hui, de puissants médicaments antiviraux sont utilisés pour traiter l’infection au VIH, mais doivent être pris à vie, "car le VIH peut rebondir à partir des réservoirs établis lorsque le traitement est interrompu". 

Cibler l'ADN du VIH pour éradiquer le virus des cellules infectées 

C’est pourquoi l’outil d'édition du génome apparaît comme une vraie avancée dans ce cas précis, car il permet de cibler l’ADN du virus.

Pour tester leur hypothèse, les scientifiques ont usé des ciseaux moléculaires, mais aussi de deux ARN guides, contre des séquences dites "conservées" du VIH, en laboratoire. Le VIH étant capable d’infecter différents types de cellules et de tissus dans le corps, ils ont recherché un moyen de cibler le virus partout où il apparaît.

"Cela signifie qu'ils se sont concentrés sur des parties du génome du virus qui restent les mêmes dans toutes les souches connues du VIH. En se concentrant sur ces sections conservées, l’approche vise à fournir une thérapie à large spectre capable de combattre efficacement plusieurs variantes du VIH", traduit le communiqué. 

En outre, "les auteurs ont évalué divers systèmes CRISPR-Cas de différentes bactéries pour déterminer leur efficacité et leur sécurité dans le traitement des lymphocytes T CD4 +, infectés par le VIH". 

Avant le Congrès, ils ont partagé les résultats de deux systèmes, "saCas9" et "cjCas". Résultat : "SaCas9 a montré des performances antivirales exceptionnelles, réussissant à inactiver complètement le VIH avec un seul ARN guide (ARNg) et à exciser (découper) l'ADN viral avec deux ARNg", annoncent-ils. 

Une découverte préliminaire qui pourrait ouvrir la voie à un remède 

Cependant, "bien que ces résultats préliminaires soient très encourageants, il est prématuré de déclarer qu'il existe un remède fonctionnel contre le VIH à l'horizon", rappellent les chercheurs.

"Nos prochaines étapes consistent à optimiser la voie d'administration pour cibler la majorité des cellules réservoirs du VIH. Nous combinerons les traitements CRISPR et les réactifs ciblant les récepteurs et passerons aux modèles précliniques pour étudier en détail les aspects d'efficacité et de sécurité d'un traitement combiné".  

"Cette stratégie vise à rendre ce système aussi sûr que possible pour de futures applications cliniques. Nous espérons atteindre le bon équilibre entre l'efficacité et la sécurité de cette stratégie. Ce n'est qu'alors que nous pourrons envisager des essais cliniques de 'guérison' chez l'homme pour désactiver le VIH", annoncent-ils, comme le reprend The Independent.