Alexandra Lamy dans « La Promesse verte » : « C’est le genre d’histoire qu’on a envie de défendre »

Ce mercredi 27 mars 2024 sort dans les salles de cinéma le thriller écologique « La promesse verte » avec Alexandra Lamy. Pour l’occasion, l’actrice a accepté de se livrer sans filtres sur le tournage, son rapport à l’écologie ou encore ses projets à venir.
Alexia Français-Arnaud
Alexandra Lamy dans « La Promesse verte » : « C’est le genre d’histoire qu’on a envie de défendre » NORD-OUEST FILMS - FRANCE 2 CINÉMA - ARTÉMIS PRODUCTIONS - PLEIN CHAMP - CAMISARDS

Après Au nom de la terre, Edouard Bergeon revient avec un nouveau film engagé : La Promesse verte. Ce thriller écologique dénonce l’impact néfaste de l’exploitation d’huile de palme et les dérives de certaines sociétés en Indonésie. Dans ce drame à découvrir dans les salles obscures dès ce mercredi 27 mars, Alexandra Lamy incarne Carole, une mère prête à tout pour sauver son fils, joué par Félix Moati, injustement condamné à mort après avoir découvert les méthodes effrayantes d’une firme. Carole se lance alors dans un combat inégal contre les lobbies industriels et les exploitants d’huile de palme responsables de la déforestation. À l’occasion de la sortie du long-métrage, nous avons pu poser quelques questions à Alexandra Lamy.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’accepter le rôle de Carole ?

Un peu tous les ingrédients qu’il y a dans le film. C’est le genre d’histoire et de rôle qu’on a envie de voir au cinéma, d’interpréter et de défendre. J’aime les thrillers écologiques avec un scénario qui nous touche et nous concerne. C’est génial d’avoir un film avec un fond engagé et une héroïne du quotidien qui se bat avec les petits moyens dont elle dispose. Carole est aussi un peu l’œil du public. Elle découvre avec le spectateur le combat écolo que mène son fils et cherche comment le sortir de là. On se demande comment tout ça va se terminer !

Comment avez-vous préparé ce rôle ?

Ce qui est fantastique dans notre métier, c'est que dès qu’on a un scénario engagé, ça donne envie de s’informer. Un peu comme le spectateur au moment où il regarde le film. On a des débats derrière. On fait un peu comme Carole. On rentre chez nous et on fouille nos placards en se demandant si c’est vrai cette histoire d’huile de palme qui se trouve dans les trois quarts des produits de notre caddie. Après avoir lu le scénario, je me suis mise à suivre Camille Etienne, militante et écologiste française, et à regarder tout ce qui traite à l’écologie. On a aussi un réalisateur qui connaît très bien son sujet et le maîtrise. C’est super d’écouter Edouard Bergeon en parler. On se dit qu'il va peut-être falloir se bouger un petit peu et que si on arrêtait d’importer tout ce qu’on peut fabriquer chez nous, ce serait déjà bien. C’est à une petite échelle, mais si tout le monde le fait, ça deviendrait quelque chose de plus grand. Après, je dis ça, mais je suis la première à faire des erreurs…

Faites-vous, comme votre personnage, attention aux produits que vous achetez ?

Je n’achète jamais de produits transformés pour me nourrir, je n’ai pas été éduquée comme ça. Je viens de la campagne et ma mère a toujours cuisiné. Quand on me dit que c’est plus cher d’acheter de la vraie nourriture, ce n’est pas vrai. Quand je vais chez mes agriculteurs ou les maraîchers et que j’achète une grande cagette, j’en ai pour douze euros et ça me fait la semaine. Je ne pense pas que les plats cuisinés soient beaucoup moins chers. Il y a aussi le problème de la viande qu’il faudrait réduire. Je viens d’une génération pour laquelle, s’il n’y a pas de viande dans un plat, ça n’est pas un repas. Alors que mes grands-parents en mangeaient seulement deux fois par semaine. Il faudrait réussir à éduquer nos enfants à mieux manger.

Que faites-vous au quotidien pour la planète ?

Je n’achète plus de plastiques, comme les bidons de lessive, depuis longtemps maintenant. Je n’utilise plus de coton non plus. J’essaye de faire attention aux petits gestes du quotidien, comme le tri des poubelles. D’ailleurs, je ne savais pas, mais nos poubelles sont exportées, puisque nous n’avons plus de places. Nos poubelles polluent encore plus parce qu’on les envoie ailleurs ! Quand tu tiens un compost, que tu tries le papier et le plastique, il ne reste normalement plus grand-chose dans la poubelle. C’est déjà pas mal ! Après, on va me reprocher de partir en vacances en avion… Oui, c’est vrai ! Comme plein de personnes.

À découvrir également :Comment soutenir l'écologie au-delà des petits gestes du quotidien ?

Êtes-vous personnellement engagée pour l’environnement ?

J’ai des engagements qui sont autres, sur les violences faites aux femmes. C’est un engagement qui me tient vraiment à cœur. Mais je suis engagée par de petits gestes pour l’écologie. Avec le film, je me suis rendu compte qu’on nous facilitait la vie. On n’a plus de contraintes. Parfois, je me force à en avoir, comme arrêter d’acheter des bouteilles en plastique. Je me dis : « Qu’est-ce que je peux faire pour changer ça ? ». Tu ne changes pas le monde, mais tu es super fier de toi après.

Alexandra Lamy dans La Promesse verte.

Crédit : NORD-OUEST FILMS - FRANCE 2 CINÉMA - ARTÉMIS PRODUCTIONS - PLEIN CHAMP - CAMISARDS

Le film n’ayant pas pu être tourné en Indonésie, le tournage a eu lieu en Thaïlande. Les conditions de tournage ont-elles été difficiles ?

Ça a été un choc. Je suis allée en Thaïlande il y a trente ans. J’ai vu un réel changement en y retournant. À l’époque, j’étais allée sur une petite île qui s’appelle Ko Samui dont tout le monde parle aujourd’hui. Il n’y avait que huit bungalows, alors qu’aujourd’hui, il y a des immeubles partout, des embouteillages de bateaux moteurs qui polluent… C’est horrible ! Ce sont des lieux magnifiques qui sont devenus tellement touristiques. Lorsqu’il fait chaud, la pollution grimpe d’un coup. C’est affreux. Mais cette chaleur écrasante donne quelque chose au film. En plus, on nous rajoutait du gras pour que ça se voie bien à l’image… C’était très désagréable (rires) !

Heureusement, vous aviez refusé de porter du maquillage pour ce rôle ! Pour quelle raison ?

Ça aurait été compliqué de porter du maquillage avec cette chaleur (rires) ! Je pensais que c’était intéressant que mon personnage, Carole, ne soit pas maquillé. Elle n’a pas le temps. Je me fatiguais exprès pour qu’elle soit marquée. Je ne me suis pas fait du bien pour ce rôle. Je me disais que cette femme ne devait s’endormir que par épuisement. Elle ne se dit pas : « Ce soir, je vais me coucher à 22h, je vais me faire une bonne nuit ! ». Non (rires). Après le tournage, on rentre chez soi et on parle à son corps. Je fais souvent ça. Je lui dis que tout ça n’est pas vrai et que tout va bien. C’est notre cerveau aussi, le corps. Parfois, on le maltraite et il ne comprend pas ce qu’il se passe.

On vous retrouvera en novembre dans « Louise Violet ». Pouvez-vous nous en parler ?

Je viens de le voir. Il a été tourné à la même période que La promesse verte. C’était la même production. Je suis passée de Bangkok à Tiranges… J’étais dans un coin paumé. Un gîte dans lequel il n’y avait que des vaches en face de moi et rien d’autre. Ça a été très bizarre de passer de la pollution, du monde, d’une autre langue… aux fermes de Tiranges (rires) ! On changeait aussi d’époque, puisque Louise Violet se passe en 1889. Le film parle d’une femme qui va dans les fermes pour obliger les parents à envoyer leurs enfants à l’école. Jules Ferry leur a imposé l’école. On se rend compte qu’à l’époque on exploitait les enfants. J’ai d’ailleurs appris que les vacances scolaires dépendaient du monde paysan. Cela leur permettait d’aller travailler dans les champs.

En 2025, vous serez dans « Moon le panda ». S’agit-il d’un film engagé, comme « La Promesse verte » ?

Non. Il s'agit d'un film familial du même réalisateur que Mia et le lion blanc et Le dernier jaguar. C’est l’histoire d’un jeune garçon qui va se lier d’amitié avec un petit panda en Chine. Concernant votre question sur l’engagement, on s’est rendu compte qu’en Chine, ce n’aurait pas été possible de faire un film comme La Promesse verte. Tout est maîtrisé, regardé, interdit… Des acteurs et chanteurs chinois que j’ai rencontrés m’ont expliqué qu’ils ne pouvaient pas dire ce qu’ils voulaient ni aborder les thèmes qu’ils aimeraient. Il y a une grosse différence avec la France. On ne se rend pas compte de notre liberté d’expression et de l’art. La culture est très importante. Quand on te maîtrise tout, on ne te fait plus penser à rien à part travailler pour te nourrir, mais pas te nourrir intellectuellement. C’est pour ça que c’est bien d’aller voir comment ça se passe ailleurs.

Avez-vous d’autres projets ? Des réalisations en cours d’écriture peut-être ?

C’est la première fois que ça m’arrive : je n’ai rien ! Je lance un appel (rires). Je n’ai pas de scénarios en ce moment. Je commence même à m’angoisser… En même temps, ce n’est pas plus mal, parce que cela me laisse le temps d’écrire les projets que j’ai mis en route. J’ai un documentaire, une série et un long-métrage. Je m’occupe de la réalisation et du scénario, pour la télévision et le cinéma. J’espère pour l’année prochaine. Concernant les plateformes, je ne sais pas encore. On est au tout début de l’écriture, donc je ne peux pas en dévoiler davantage.

La Promesse verte d'Edouard Bergeon. Sortie le 27 mars 2024.

le 27/03/2024