Tour ça pour ça
Par Xavier Colombani
Par Xavier Colombani
DeMar DeRozan, Zach LaVine, Nikola Vucevic. Ce trio cumule 67 points, 20 rebonds, 12,5 passes décisives de moyenne et 10 sélections au All-Star Game. Il devrait faire des Bulls un candidat aux premières places à l’Est, peut-être pas du niveau des Bucks et des Celtics, mais quelque part entre Cavs et Knicks. Ce n’est pas le cas. Chicago, équipe mythique des années 1990, encore performante au tournant des années 2010 avec Derrick Rose, n’a plus passé un tour de play-offs depuis 2015. Pire, elle a chuté dès le play-in en 2023 près une saison régulière en négatif (40 v.-42 d.).
Étonnamment, rien n’a changé cet été. Billy Donovan, qui n’a gagné qu’un match de play-offs en trois ans, dirige toujours l’équipe. Le «supporting cast», les joueurs chargés d’épauler le trio de base, n’a été modifié qu’à la marge. Pourtant, il y aurait fort à faire, personne ne s’étant imposé sur les deux positions de titulaires vacantes, que ce soit à la mène, où le grand blessé Lonzo Ball va encore vivre une saison blanche, ou à l'intérieur afin, notamment, de compenser les largesses défensives de Vucevic.
Le plus surprenant est sans doute la confiance maintenue dans le duo DeRozan-LaVine, qui semble plus se partager la balle pour ne pas faire de jaloux que s’enrichir mutuellement. Ce qui pénalise les Bulls en attaque, où ils ne brillent pas (22es aux points, 28es aux rebonds offensifs, 30es aux 3 points inscrits...) et gâchent ce qu’ils ont obtenu en défense (7es aux points encaissés). Le manager général, le Lituanien Arturas Karnishovas, a bon dos de dire que sa franchise a un avantage sur la concurrence : la stabilité. Quand ça ne fonctionne pas, cela peut confiner à l’aveuglement.
La dernière fois qu’un joueur a dit qu’il voulait finir sa carrière dans sa franchise actuelle, c’était Jrue Holiday fin septembre. Résultat : il a été transféré dans les heures qui ont suivi. Qu’a dit DeMar DeRozan à la reprise début octobre ? Qu’il souhaitait rester jusqu’au bout à Windy City, qu’il a rejoint en 2021 après neuf ans à Toronto et trois à San Antonio. La question d’un transfert du Californien se pose d’autant plus qu’il arrive en fin de contrat et reste un joueur de qualité (24,5 points à 50%, 5,1 passes, 4,6 rebonds). Mais il se rapproche petit à petit de la limite d’âge (34 ans).
Les Bulls version Billy Donovan sont une caricature de ce qu’est devenue la NBA : une ligue où le pick & roll sert jusqu’à l’excès, surtout en faveur du porteur de balle au détriment du poseur d’écran. La saison dernière, personne n’utilisait autant que les Bulls cette forme de jeu à deux (30,7 fois par match, l’extérieur shootant quatre fois sur cinq). Cela se fait au détriment du jeu sans ballon et des éléments qui ont besoin que d’autres créent pour eux, à l’image de Patrick Williams, dont le volume offensif ne gonfle pas (10,2 points) alors qu’il est le plus adroit à trois points (41,5%).