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Christophe Tzourio : "La fragilisation des jeunes pourrait se faire ressentir pendant des décennies"
"Les jeunes ont été privés des échanges avec leurs pairs, de la découverte de certains rapports de séduction, d'autorité... Il est difficile de revenir sur ce manque."
Capture d'écran Lab Santé ETU / Montage Marianne

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Christophe Tzourio : "La fragilisation des jeunes pourrait se faire ressentir pendant des décennies"

Entretien

Propos recueillis par

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Christophe Tzourio est médecin neurologue et professeur d’épidémiologie à l’université de Bordeaux. Il coordonne depuis plus de dix ans des études sur la santé mentale de la population étudiante. Il nous révèle des chiffres alarmants.

Marianne : Vos chiffres montrent que la santé mentale des jeunes n’a jamais retrouvé son niveau d’avant la pandémie. Ils vont toujours mal. Comment ces indicateurs ont-ils évolué pendant la pandémie et jusqu’à aujourd’hui ?

Christophe Tzourio : Globalement, la santé mentale des jeunes – en l’occurrence celle des étudiants pour ce qui concerne nos travaux – s’est fortement détériorée dès le début de la pandémie. C’est surtout le deuxième confinement, en octobre 2020, qui a été un moment très dur : la moitié des étudiants étaient en dépression modérée à sévère. Depuis, la situation ne s’est pas vraiment améliorée : notre dernière étude sur les données de 2023, qui est soumise pour publication dans une revue internationale, montre que 41 % sont en dépression modérée à sévère, contre 26 % avant la crise. On le voit sur le terrain : ils sont toujours très nombreux à demander des consultations psy – autant que durant la pandémie ! –, et nos collègues psychologues et psychiatres nous disent qu’il y a de plus en plus de cas complexes, nécessitant une prise en charge longue.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne