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Après avoir vécu « l’enfer » pour arriver en Bretagne, ce jeune réfugié brille sur scène
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Par
Rebecca Arondel
Après plusieurs années d’exil, Daniel Nayebi, jeune afghan de 24 ans, a trouvé refuge en France où il peut désormais se consacrer à l’art, sans craindre pour sa vie. Il partage son histoire et celle de son pays dans le spectacle de danse, « Mes ami·es m’appellent Daniel », ce vendredi 29 mars au centre culturel le Triangle, à Rennes.
« Daniel c’est le prénom que des amis m’ont donné pour rigoler quand je suis arrivé dans un foyer d’accueil, à Rennes, en 2018 », se rappelle Sajad Ahmad Nayebi, sourire aux lèvres. Dans son spectacle de danse « mes ami·es m’appellent Daniel », joué ce vendredi au Triangle à Rennes, le jeune afghan de 24 ans raconte la douleur de l’exil et l’amour de son pays natal, neuf ans après l’avoir quitté.
Né en 2000 à Ghazni, en Afghanistan, Sajad passe son enfance à Kaboul, la capitale, entouré de ses six frères et sœurs et de ses parents. Malgré la guerre qui sévit dans son pays, il passe une enfance heureuse et se passionne pour le cinéma. « Je regardais beaucoup de films, raconte le jeune homme, dans un français impeccable. Je rêvais d’être à la place des acteurs. » Il aime aussi beaucoup la musique, surtout celle d’Ahmad Zahir.
« Des choses terrifiantes »
En 2015, alors qu’il n’a que quinze ans, il quitte son pays, laissant toute sa famille derrière lui. Pourquoi ? « Pour moi, qui rêvais d’être artiste, je savais que je n’avais pas d’avenir dans ce pays, où les libertés sont restreintes. Les jeunes sont condamnés à vivre toute leur vie dans la pauvreté. Et il y a la guerre. Quand tu sors, tu ne sais pas si tu vas rentrer chez toi le soir. Je n’étais pas rassuré. » Son départ est précipité par un événement qu’il préfère ne pas évoquer. « Tout ce que je peux vous dire c’est que ma vie était en danger », explique-t-il.
Quand il rassemble ses affaires, Sajad n’a aucune idée de ce qui l’attend pour gagner l’Europe. Il voyage pendant trois mois, à pied, dans des camions ou des voitures. Doit recourir à des passeurs. Franchir les montagnes qui séparent l’Iran de la Turquie. « J’ai marché pendant des heures et des heures, se rappelle le jeune homme. Mon corps était sur le point de me lâcher. » Il marque une longue pause, avant de poursuivre : « J’ai vu des choses terrifiantes. Des choses horribles qu’un jeune de quinze ans ne devrait jamais voir. J’en ai vécu aussi… Ce voyage m’a forcé à grandir. »
« Une troisième naissance »
Arrivé en Suède, l’oncle qu’il avait prévu de retrouver refuse de l’accueillir chez lui. Mineur isolé, il est hébergé dans un foyer pendant deux mois puis par une famille d’accueil à Gävle, où il est scolarisé jusqu’à sa majorité. Il est ensuite contraint de quitter le pays, sa demande d’asile ayant été refusée. Retourner en Afghanistan ? « Impossible. » Sajad fuit pour la France, où il doit tout reconstruire. « J’ai dû apprendre la langue et la culture française. Ça a été pour moi une troisième naissance. » Après plusieurs mois à Rennes, le statut de réfugié politique lui est accordé pour dix ans. « J’ai reçu mes papiers le premier avril 2019, se souvient le jeune homme. Je n’y ai pas cru. Mes amis pensaient que c’était une blague. »
Toujours animé par le rêve de devenir acteur, il s’inscrit à des cours de théâtre au conservatoire de Rennes et tourne dans des courts et moyens métrages. Le jeune artiste découvre la danse en participant au projet « Déplaces » mené par l’association Danse à tous les étages en 2019, avec une quinzaine de jeunes en situation de migration. « C’est là que j’ai rencontré Cédric Cherdel, le chorégraphe avec qui j’ai créé le spectacle. » Un spectacle où, par la danse, le récit et le chant, celui qui se fait maintenant appeler Daniel, raconte la culture afghane, la complexité de la guerre et la douleur de l’exil. « Je parle aussi de mes passions et de mes envies », détaille le jeune homme.
« J’ai traversé l’enfer. Maintenant, je suis peut-être sur le chemin de l’abri. »
Aujourd’hui, Daniel vit à Paris où il travaille dans la restauration, tout en passant des castings pour le cinéma. « Je fais aussi du mannequinat. J’ai posé pour la marque Redskins dernièrement », se réjouit le jeune homme. Autre source de joie : il a pu revoir sa famille, qui vit désormais en Iran, en début d’année. « J’ai traversé l’enfer. Maintenant, je suis peut-être sur le chemin de l’abri », conclut le jeune homme.
« Mes ami·es m’appellent Daniel », avec Daniel Nayebi et Cédric Cherdel.
Le vendredi 29 mars à 21h au centre culturel le Triangle. Tarif plein : 10 €, Tarif carte sortir ! : 4,50 €.
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