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Critique

La saga Gaumont

A travers le récit de son demi-siècle à la tête de Gaumont, Nicolas Seydoux retrace les hauts et les bas de la doyenne du cinéma français, qui a produit ou coproduit quelque 360 films ayant attiré plus de 360 millions de spectateurs depuis 1975.

« Le cinéma, 50 ans de passion », de Nicolas Seydoux. Editions Gallimard, 464 pages, 27 euros.
« Le cinéma, 50 ans de passion », de Nicolas Seydoux. Editions Gallimard, 464 pages, 27 euros.

Par Pierre de Gasquet

Publié le 22 mars 2024 à 06:30

Le cinéma coule de longue date dans les veines de la fratrie des Seydoux. Comme ses deux frères, Jérôme et Michel, Nicolas Seydoux le doit à sa grand-mère maternelle, Geneviève Schlumberger, cinéphile assidue, qui l'emmena, à 7 ans, voir « La Belle et la Bête » avec Jean Marais en 1946. Le cadet des Seydoux en resta pétrifié. Dans ses mémoires, publiées par Gallimard, il révèle que son aventure avec Gaumont a démarré par une « grave erreur stratégique » : laisser carte blanche à son ami et parrain, Jean-Pierre Rassam, producteur de Jean Yanne et Marco Ferreri.

Ainsi commence l'incroyable saga de la relance de Gaumont - la plus vieille société française de cinéma, fondée en 1895, un an avant Pathé -, sous la houlette d'un héritier Schlumberger. Sur un ton candide, voire badin, Nicolas Seydoux, 84 ans, qui a eu la sagesse de céder les rênes de la société à sa fille, Sidonie, il y a vingt ans, relate sans fausse pudeur un demi-siècle de montagnes russes au service du septième art. Un document précieux, en forme de dictionnaire amoureux, pour tous les cinéphiles et au-delà.

En vouloir (un peu) à Fellini

« Au début des années 1980, Federico Fellini était à Rome ce que Victor Hugo avait été à Paris un siècle plus tôt : un maître adoré, adulé, respecté. Il avait l'écoute de la critique, de la presse, du public et, par conséquent, des politiques. Fellini aurait pu sauver le cinéma italien, mobiliser ses confrères, la profession, les médias, l'opinion. Ai-je passé assez de temps à tenter de le convaincre ? Sûrement pas, car j'imaginais que notre engagement se passait de commentaire. J'ai sous-estimé, en Italie plus qu'ailleurs, l'égocentrisme du créateur, préoccupé uniquement de la réalisation de ses films, et qui n'attachait aucune importance à l'état du secteur : une trop bonne santé aurait pu faire naître des concurrents […]. Ce fut un échec intellectuel, culturel et sentimental. »

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Du concubinage au mariage de raison

« Peu après le rachat de Pathé, Jérôme me proposa d'étudier un rapprochement des circuits. Pour envisager leur éventuelle fusion, nous demandâmes un rendez-vous à Jack Lang en septembre 1990. Celui-ci reconnut le bien-fondé des analyses économiques, mais souligna qu'il ne lui était pas possible de revenir sur une loi portant son nom qu'il avait lui-même fait voter par le Parlement. En revanche, toute opération s'inscrivant dans le cadre de la loi et permettant une rationalisation des investissements avait son accord de principe. »

Le « flamboyant » Toscan du Plantier

« Que les Américains ne veuillent pas de nous, c'est normal, mais c'est, aussi, stupide parce qu'une part plus importante de films étrangers sur leur marché ne nuirait pas à leurs blockbusters, bien au contraire, en faisant revenir dans les cinémas des spectateurs plus cultivés et ouverts sur le monde. Mais que les Italiens et les Brésiliens ne nous aient pas accueillis à bras ouverts est une autre affaire. Ils nous ont

pris pour une major hollywoodienne… Comment, avec le 'flamboyant' Toscan [Daniel Toscan du Plantier, directeur général de Gaumont de 1975 à 1985, NDLR] aurait-il pu en être autrement… »

de Nicolas Seydoux.

« Le cinéma, 50 ans de passion »

Editions Gallimard, 460 pages, 27 euros.

Pierre de Gasquet

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