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Damso / Lithopédion, gravé dans la roche

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Par Sami

Damso, le fils de Booba et jeune protégé du 92i lui emprunte une nouvelle fois son flow pour nous délivrer son troisième opus, suite logique des deux premiers.

Oscillant entre son absence de prise de risque et un fan service de plus en plus poussé, Lithopédion me convainc encore moins que les 2 précédents opus ou que l'ultime "Salle d'attente", véritable diamant brut issu d'une époque où tout le monde s'en foutait royalement de Damso.

La plus grande force d'un rappeur, c'est son public, et dans le cas de Dems c'est également sa plus grande faiblesse: Avec internet, n'importe qui peut s'improviser analyste de la complexité lyricale et le moindre "J'fais dans le nique ta mère la pute" nous vaut des TFE d'étudiants en philo ou en anthropologie.

C'était donc une solution évidente pour l'artiste et son équipe de com' de multiplier les énigmes à base de symboles grecs, morceaux qui sortent a 4h du matin, leaks semi assumés, etc. Ils ont poussé à fond cette direction artistique en multipliant les morceaux qui s'écoutent à l'envers et les divers sens de lecture; ce qui fait de Lithopédion un gros gros morceau.

Pour les fans, c'est cool, ils ont droit à un 17 titres avec au programme tout ce qu'ils ont déjà pu apprécier dans les 2 précédents opus, aucun featuring si ce n'est 20 secondes de vocalise de la douce Angèle sur le morceau "Silence".

Toutefois, ceux qui n'ont suivi Damso  que de loin à travers ses clips et les morceaux diffusés en radio, ne comprendront rien à cet album, personnellement après 2 écoutes je me sens toujours aussi perplexe, "Lithopédion" est rentré par mon oreille gauche et sorti par mon oreille droite à chaque fois.

Rien que le choix du nom de l'album est juste un motif à faire parler les gens, comme les nombreuses fausses polémiques misogynes qui enflamment d'un côté les détracteurs, comme si Damso était le premier rappeur à parler de bitches; et de l'autre côté les fans, comme si dans le fond sa misogynie assumée n'était qu'une preuve d'amour maladroite pour les femmes.

Bien sûr, j'ai pu intercepter quelques messages, comme la haine profonde que Damso voue à tous les "fils de pute" qui estiment qu'il a eu besoin de Booba pour réussir ou bien pour les autres "fils de pute" qui viennent lui gratter un feat maintenant qu'il a percé, mais j'avais l'impression d'avoir déjà entendu ça dans Batterie Faible il y a 2 ans.

La question des femmes est abordée longuement aussi, notamment sur le fameux duo avec Angèle pour lequel ils ont abordé l'incompréhension entre les sexes. Un sujet vu et revu dans les duos homme/femme, auquel ils n'ont pas apporté de fraîcheur.

J'ai donc trouvé Damso enfermé dans son "Lithopédion" et dans les attentes de son public, comme il le dit lui même dans un des nombreux morceaux autobiographique de l'album: "J’passe trop d’temps a être c’que j’suis pas, j'finis par croire qu'j'le suis vraiment".
Espérons pour lui que William sorte de sa période noire et qu'il puisse voir le bout du tunnel, lui qui n'est qu'un jeune homme qu'on a projeté dans le star-system et transformé en produit de consommation en moins de 2 ans.

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