Pourquoi les 1000 premiers jours de l'enfant sont importants
Pourquoi le gouvernement a-t-il décidé de s'emparer de la question des 1 000 premiers jours ?
Cette période est très riche, aussi bien pour l'enfant que pour les parents. Beaucoup d'éléments-clés se jouent, notamment en ce qui concerne la relation des parents à leur bébé ou encore le développement cognitif de l'enfant. Durant cette période, également, peuvent déjà se révéler des inégalités sociales. Notre gouvernement a ainsi la conviction qu'il est nécessaire d'investir massivement sur ce moment de vie, entre le 4e mois de grossesse et les 2 ans de l'enfant. Prévenir plus tôt, à la source, c'est miser sur un avenir meilleur, avec des personnes en meilleure santé ou encore un meilleur accès à l'emploi.
Avec la remise du rapport de la commission des 1 000 premiers jours présidée par Boris Cyrulnik, votre équipe a notamment lancé un site et une application. Que peut-on y retrouver ?
Afin que les Français prennent conscience de l'importance de cette période de la vie, plus que sensibiliser, nous souhaitions accompagner concrètement la parentalité. En rencontrant près de 1 000 parents, nous avons constaté à quel point ils se sentaient parfois perdus au milieu des informations qu'ils pouvaient recevoir. On n'a pas cherché à écrire le code du bon parent, parce que chaque parent, chaque enfant et chaque relation sont différents, mais avec cette application et ce site, notre première ambition est de donner des repères clairs. L'autre but est de faciliter les démarches liées à la parentalité, comme les déclarations administratives et les ressources référentes pour les réaliser. Progressivement, nous voulons que d'autres acteurs que le gouvernement viennent s'ajouter : sages-femmes, PMI, cafés parents-enfants… afin de tout centraliser et offrir aux parents une géolocalisation de tout l'écosystème auquel ils ont accès autour d'eux.
Post-partum, congés parentaux... Quelles mesures pour aider les parents ?
Vous avez généralisé l'entretien prénatal précoce, pour mettre en place un parcours des 1 000 premiers jours. De quoi s'agit-il ?
Nous avons souhaité avoir une démarche universelle, avec un parcours qui réunit tous les parents sur des questions comme le sommeil ou l'alimentation. Il s'articule autour de trois temps forts. La généralisation de l'entretien prénatal précoce au 4e mois de grossesse, remboursé par la sécurité sociale, est l'occasion de faire un premier bilan global, sur la santé physique de la femme enceinte, mais aussi sur la parentalité et tout ce qu'elle implique. Ensuite, pour le moment de la naissance, nous avons misé sur la création de 10 nouvelles unités mères-bébés et plus de moyens pour les maternités et les PMI, à hauteur de 100 millions d'euros. Enfin, un entretien postnatal, aux alentours de la 5e semaine après la naissance, a pour but notamment de lutter contre les dépressions post-partum. Par ailleurs, nous avons ajouté une approche personnalisée pour les parents avec une fragilité spécifique – sociale, psychique ou psychiatrique – ou encore en cas de situation de handicap chez les parents ou chez les enfants. Vous évoquez le post-partum.
Comment vous êtes-vous saisi de cette problématique ?
Pour commencer, il faut briser le tabou du post-partum, en parler et le reconnaître. Dans l'application, un questionnaire permet de déceler des situations délicates. La majeure partie des rendez-vous après la naissance étant dédiés à la santé de l'enfant, nous avons voulu généraliser cet entretien postnatal, avec des visites à domicile, afin de suivre l'état des parents et détecter de potentielles dépressions post-partum. En cas de souffrance psychique, on met en place un deuxième entretien à la 12e semaine. L'allongement du congé paternité va aussi en ce sens. Enfin, le gouvernement mise sur l'ouverture de Maisons des 1 000 premiers jours, pour connecter des jeunes parents entre eux et leur apporter du soutien.
Sur la question du congé paternité, certaines associations regrettent que le gouvernement se soit arrêté à 28 jours non obligatoires…
Cette mesure est un premier pas vers une refonte plus générale des congés parentaux, selon moi. Je pense qu'il faut revoir l'ensemble des congés liés à la famille, pour aller vers une plus grande présence des parents auprès de l'enfant et, je l'espère, une meilleure répartition de la charge mentale. Les principes seraient d'avoir un seul congé, plus long, mieux rémunéré, mieux réparti entre hommes et femmes, qui permettrait une présence constante d'au moins un parent pendant la première année du bébé. Cependant, il s'agit de réformes systémiques, en profondeur, et cela prend du temps à mettre en place, avec des impacts sur de nombreux acteurs, comme ceux de l'accueil de la petite enfance. Il faut donc y aller pas à pas.
La bébé box du gouvernement
À partir de février 2022, tous les jeunes parents recevront par ailleurs une bébé box. Que contiendra-t-elle ?
Pour être présents au sein des foyers à la naissance, on a organisé des ateliers avec des parents pour faire les bons choix pour remplir cette box. Chaque objet qu'elle contient est vecteur d'un message de santé publique : des livres, pour l'éveil culturel et artistique dès le plus jeune âge, une turbulette, pour aborder la question du sommeil, un bavoir, sur les sujets liés à l'alimentation, un savon naturel pour bébé, pour sensibiliser sur les produits toxiques et les perturbateurs endocriniens. Nous avons enfin tenu à avoir une attention pour la mère avec un soin, car cela s'inscrit dans la démarche globale des 1 000 premiers jours.
Pour conclure, selon vous, c'est quoi être parents en France en 2022 ?
C'est essayer de concilier plusieurs vies (vie familiale, parentale, de couple, sociale, professionnelle…) dans un monde qui va de plus en plus vite. C'est aussi être confrontés à des problématiques différentes de celles nos propres parents, avec la question du numérique et des écrans. Autant de nouveaux défis auxquels nous faisons face et qui justifient que les pouvoirs publics accompagnent cette parentalité, car c'est formidable, mais pas toujours facile, d'être parents !