Retraites : la Suisse vote contre le départ à 66 ans, mais pour un 13e mois de pension

D’après des projections réalisées par les médias suisses, 75 % de la population se sont opposés ce dimanche à un relèvement progressif de l’âge de départ à la retraite. Ils se sont néanmoins montrés favorables à l’instauration d’un 13e mois de pension.

Les pensions mensuelles de la sécurité sociale suisse sont plafonnées à 2 450 francs suisses (2 570 euros) pour une personne seule et à 3 675 francs pour un couple marié, dans un pays régulièrement classé parmi les plus chers du monde. (Illustration) Reuters/File Photo/Arnd Wiegmann
Les pensions mensuelles de la sécurité sociale suisse sont plafonnées à 2 450 francs suisses (2 570 euros) pour une personne seule et à 3 675 francs pour un couple marié, dans un pays régulièrement classé parmi les plus chers du monde. (Illustration) Reuters/File Photo/Arnd Wiegmann

    Les Suisses également confrontés à une réforme des retraites. Le pays, dont la population vieillissante est confrontée à un coût de la vie en hausse, se prononçait ce dimanche sur deux propositions cruciales pour les retraités : un 13e mois de pension et le relèvement de l’âge du départ. Selon des projections réalisées par les médias suisses Le Temps et la RTS, 75 % des Suisses ont voté contre la proposition visant à relever progressivement l’âge de départ à la retraite de 65 à 66 ans. En revanche, 58 % ont voté pour un treizième mois de pension. Cette initiative est également acceptée dans une majorité des cantons, condition préalable à son adoption.

    Les pensions mensuelles de la sécurité sociale suisse sont plafonnées à 2 450 francs suisses (2 570 euros) pour une personne seule et à 3 675 francs pour un couple marié, dans un pays régulièrement classé parmi les plus chers du monde. En ville, le loyer d’un appartement de trois pièces s’élève à au moins 3 000 francs (3 150 euros). Un café coûte plus de cinq francs. Si les Suisses donnent leur feu vert à ce changement, ils ne seront pas les premiers en Europe : le Liechtenstein voisin, autre pays cher qui utilise le franc suisse, a mis en place un système similaire il y a plusieurs années.

    « Une crise de pouvoir d’achat »

    « Il y a, comme partout, une crise de pouvoir d’achat en Suisse. Le niveau de vie des retraités s’érode », explique Pierre-Yves Maillard, président de la Fédération syndicale suisse (SGB) qui a milité pour le « oui ». Jakob Hauri, un retraité cité par la campagne du « oui », est du même avis : « Le coût de la vie monte en flèche », et la caisse de retraite, « censée garantir le minimum vital, ne suit pas ». Les partis de gauche soutenaient l’initiative, mais elle était farouchement combattue par les partis de droite et centristes. Le gouvernement et le Parlement s’y opposaient également.



    Le gouvernement avait affirmé que l’augmentation proposée coûterait plus de quatre milliards de francs suisses par an, avertissant qu’elle nécessiterait des augmentations d’impôts et pourrait menacer la stabilité financière du système de sécurité sociale. Il avait également estimé que le changement proposé, pour tous les retraités quelle que soit leur situation financière, n’apporterait qu’un bénéfice social limité. « Si l’initiative est adoptée, de nombreux retraités recevront un 13e versement de sécurité sociale même s’ils n’en ont pas vraiment besoin », avaient avancé les autorités fédérales.

    L’UDC, la droite radicale et premier parti du pays, avait prévenu que cette initiative « irresponsable » permettrait aux pique-assiette d’épuiser le système. Ce parti a fait campagne pour le non à l’aide de publicités, dont une montrant des billets de 100 francs aspirés dans une bouche d’égout.

    Une majorité des 26 cantons

    Des arguments qui ont porté leurs fruits : dans le dernier sondage réalisé par gfs.bern pour la chaîne publique SSR, 53 % des personnes interrogées avaient déclaré soutenir l’initiative, tandis que 43 % s’y étaient opposées, alors qu’un mois plus tôt 61 % des sondés y étaient favorables. Pour être validée, l’initiative doit non seulement remporter le vote populaire mais aussi une majorité dans au moins la moitié des 26 cantons de la Suisse.



    Les électeurs se prononçaient également sur une proposition de la branche jeunesse du Parti libéral visant à relever progressivement l’âge de la retraite de 65 à 66 ans au cours de la prochaine décennie, afin d’assurer la pérennité du financement du système de retraite. Ce vote intervenait moins de deux ans après que les électeurs suisses ont décidé, de justesse, de relever l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans, comme pour les hommes. La plupart des gens votaient à l’avance lors des votations régulièrement organisées dans le pays.