Le Banksy peint sur la porte du Bataclan échappe à la Ville de Paris

C’est une longue bataille juridique que vient de trancher la Cour de cassation : la jeune fille triste peinte par Banksy sur une porte du Bataclan appartient bien aux propriétaires de l’immeuble.

La porte du Bataclan en septembre 2018, avant le vol de l’œuvre de Banksy.

La porte du Bataclan en septembre 2018, avant le vol de l’œuvre de Banksy. Photo Sandrine Marty / Hans Lucas

Par Thomas Bécard

Publié le 28 mars 2024 à 13h35

Dans la nuit du 26 janvier 2019, vers 4 heures du matin, il n’avait fallu que huit minutes à trois hommes pour découper à la disqueuse les gonds d’une porte extérieure de la salle de concert du Bataclan (Paris 11ᵉ). Et pas n’importe quelle porte : celle sur laquelle, l’année précédente, Banksy avait peint au pochoir une jeune fille en pleurs, en hommage aux victimes du 13 novembre 2015. En juin 2020, cette porte (et l’œuvre, donc) est retrouvée en Italie, et les malfaiteurs et leurs complices sont arrêtés. Deux ans plus tard, ils sont condamnés à des peines oscillant entre six mois de prison avec sursis et deux ans ferme.

Mais en marge de leur procès est aussi posée une question complexe, comme toujours quand il s’agit de droit en matière de street art : à qui appartient la porte ? Le juge d’instruction chargé de l’affaire avait choisi de restituer celle-ci à la famille propriétaire de l’immeuble. Ce que la Ville de Paris, qui s’était portée partie civile au procès en tant qu’actionnaire majoritaire de la société exploitant le Bataclan, avait choisi de contester, arguant que la peinture était devenue un symbole d’utilité publique et qu’il fallait la protéger : en cas de revente, elle pourrait « priver les victimes du Bataclan d’un morceau de leur mémoire ».

Un débat intéressant sur le fond, qui n’aura pas vraiment de suite. Car la Ville de Paris avait dix jours pour faire appel contre l’ordonnance de restitution du juge d’instruction. Et le problème, c’est que cet appel a été notifié… 24 heures trop tard, et donc jugé irrecevable, ce que vient de confirmer la Cour de cassation, comme le rapporte le site L’Informé (l’arrêt est disponible ici). Le conflit étant tranché définitivement en faveur des propriétaires de l’immeuble, reste à savoir ce que ces derniers voudront faire du Banksy : « Nous n’avons pas encore pris de décision à ce sujet, mais je peux vous assurer que cette œuvre ne quittera pas la France, dit l’un des membres de la famille à L’Informé. Et si nous devions la vendre, l’État pourrait encore exercer son droit de préemption. » À condition, évidemment, de bien vouloir débourser le prix d’une œuvre dont la valeur marchande n’a pas été expertisée, et qui à certains égards s’avère inestimable.

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