Le Brésil subit une tempête dévastatrice, après des records de chaleur. Le pays doit aussi gérer une épidémie de dengue historique. Pour l’hôte du G20 2024 et de la COP30 sur le climat, ces risques amplifiés par le changement climatique montrent l’urgence de s’adapter à la nouvelle donne climatique et de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Le Brésil accumule les crises. Le 22 mars, une tempête dans la région du Sud-Est a produit des glissements de terrain et fait s’effondrer de nombreuses maisons, ponts et routes. 25 décès ont été dénombrés dans le pays, dont 15 dans la ville de Mimoso Da Sul. Au total, 5 300 personnes ont été évacuées dans l’Etat d’Espírito Santo.

“Ces tragédies s’intensifient avec le changement climatique”, a déploré le Président Luiz Inácio Lula da Silva sur X, assurant travailler pour “renforcer la protection civile” et “augmenter les ressources destinées aux travaux de prévention”. En 2022, plus de 230 personnes étaient mortes à Petrópolis, dans ce même Etat. S’il est difficile d’attribuer précisément les tempêtes au changement climatique, les météorologues de l’Institut national de météorologie (Inmet) affirment que l’arrivée d’un front froid à la suite d’une vague de chaleur exceptionnelle a provoqué la tempête du 22 mars.

Des records de température

Quelques jours auparavant, Rio de Janeiro avait vécu son record de température pour un mois de mars avec 42°C le 17 mars. La température ressentie a même atteint 62,3°C à Guaritiba, un quartier à l’ouest de Rio de Janeiro, selon la préfecture de Rio. De nombreux autres pays de l’hémisphère Sud ont aussi subi des températures records. “La vague de chaleur au Brésil a été intensifiée à la fois en raison du changement climatique d’origine humaine et de la variabilité naturelle”, affirme Climameter, un outil dédié à l’estimation de la part du changement climatique dans les catastrophes.

A ces risques climatiques s’ajoute une épidémie de dengue historique, favorisée par le temps chaud et humide. L’Etat de Sao Paulo a déclaré l’état d’urgence le 19 mars, après le Minas Gerais, l’Acre, le Parana et le district fédéral de Brasilia, la capitale. Entre le 1er janvier et le 21 mars, le ministère de la Santé a dénombré plus de 2 millions de malades “probables” de la dengue. Le dernier record de 2015 (1,6 million de cas) est déjà battu. La guerre contre le moustique Aedes aegypti, qui propage cette maladie virale, ne fait que commencer.

L’OMS a alerté en décembre 2023 sur des flambées épidémiques de dengue partout dans le monde. Selon l’organisme, les signalements ont été multipliés par 10 entre 2000 et 2019. Parmi les facteurs en cause, le changement climatique qui entraîne une hausse des températures, de l’humidité, et des fortes précipitations. Viennent s’y ajouter les systèmes de santé fragilisés par la pandémie de Covid-19 mais aussi des instabilités politiques et financières qui impactent les campagnes de prévention, selon l’OMS.

Les favelas, premières victimes des catastrophes

Les vagues de chaleur ont causé 48 000 décès dans les quatorze principales villes brésiliennes entre 2000 et 2018, selon une étude publiée en janvier. Sans ventilation, souvent en manque d’espaces verts et surpeuplées, les favelas sont les premières victimes de ces conditions extrêmes. Les quartiers pauvres, où les habitats sont souvent légers, sont aussi les plus vulnérables aux inondations et glissements de terrain.

Pour y faire face, la mairie de Rio de Janeiro a lancé le programme “Cada Favela, uma floresta” (“pour chaque favela, une forêt”). Celui-ci vise à planter des arbres, pour lutter contre les îlots de chaleur, et des jardins pluviaux, une technique de gestion des eaux de ruissellement, explique le média O Globo. Cependant, plusieurs scientifiques veulent aller plus loin : “Depuis 2011, le nombre de personnes vivant dans les zones à risque a augmenté de 17 %. Il est nécessaire de créer les conditions pour que ces personnes puissent vivre ailleurs”, affirmait Jose Marengo, coordinateur général de la recherche et du développement du Centre national de surveillance et d’alerte des catastrophes naturelles (Cemaden), fin 2023.

Le Brésil assure la présidence en 2024 du G20, un forum intergouvernemental visant à favoriser la concertation entre pays. Il sera aussi l’hôte de la COP30 sur le climat en 2025, un rendez-vous majeur qui devra dresser le second bilan de l’Accord de Paris. Or, ces multiples crises illustrent la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre ainsi que l’urgence de s’adapter à la nouvelle donne climatique. Le Président français Emmanuel Macron se rend ce mardi 26 mars au Brésil, afin de relancer l’entente franco-brésilienne après un gel sous la présidence Bolsonaro. Les deux chefs d’État comptent affirmer leur ambition commune de “réduction des énergies fossiles” et de “solidarité beaucoup plus importante vis-à-vis des pays les plus pauvres pour réduire les inégalités”, précise l’Élysée.

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