Recyclage du cuivre : la France en retard
Une étude de l'Ademe, publiée à l'occasion de la Journée mondiale du recyclage, revient sur les marges de progrès dont dispose l'Hexagone dans le recyclage des métaux, notamment le cuivre.
Par Marie Bellan
Pour cette Journée mondiale du recyclage, ce lundi, les experts de l'Ademe se sont penchés sur l'un des marchés les plus critiques pour les années à venir : celui des métaux, et tout particulièrement celui du cuivre. Sur le plan du recyclage, le constat peut paraître très positif : d'après l'étude de l'Ademe, la quasi-totalité des déchets métalliques en France (acier, aluminium, cuivre) sont recyclés, c'est-à-dire collectés, préparés et réincorporés dans un nouveau cycle de production.
Mais la fragilité du modèle est ailleurs et elle interroge sur les capacités réelles de la France à assurer son autonomie stratégique dans ce domaine, pourtant essentiel à la transition écologique dont bien des secteurs vont nécessiter des quantités importantes de cuivre.
Pas de filière d'affinage
Alors que des volumes importants de cuivre sont collectés, très peu de cette matière est incorporée par les fabricants de produits semi-finis. L'une des principales raisons tient à la quasi-inexistence d'une filière d'affinage sur le sol français. Contrairement à l'Allemagne, la Belgique ou l'Espagne, principaux pays vers lesquels est exporté le cuivre collecté dans l'Hexagone, la France ne dispose pas de cette filière, ce qui « engendre une perte de souveraineté pour l'approvisionnement en cuivre », souligne l'étude.
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« La France est le principal exportateur de matière première métallique, on doit progresser là-dessus car, à l'horizon 2030, la demande en cuivre et aluminium va considérablement augmenter », prévient Hélène Bortoli Puig de l'Ademe. On estime à 8 millions de tonnes par an la production nécessaire à la France pour subvenir à ces besoins en cuivre d'ici à 2030.
Le réseau de transport d'électricité et les transports seront les principaux secteurs qui contribueront à la hausse de la demande de cuivre. A titre d'exemple, une voiture à moteur thermique requiert 23 kg de cuivre, là où une voiture électrique en demande près de quatre fois plus (83 kg en moyenne).
Une autre bonne raison devrait inciter les entreprises à se pencher davantage sur la question : l'empreinte carbone des produits finis. Les émissions en « scope 3 » (celle des sous-traitants) sont très importantes pour les fabricants de produits semi-finis en cuivre. Or en utilisant davantage de cuivre recyclé, les progrès en matière de décarbonation seraient substantiels.
Sans compter que la législation européenne (Critical Raw Materials Act) impose, à horizon 2030, qu'au moins 25 % de la consommation annuelle de matières premières stratégiques de l'UE soit issue de matière première de recyclage.
Marie Bellan