« tu repartais sans tes genoux »Le procès de deux policiers de la Brav-M jugés pour des violences renvoyé

Seine-Saint-Denis : Le procès de deux policiers de la Brav-M jugés pour des menaces et des violences renvoyé

« tu repartais sans tes genoux »Les deux prévenus sont accusés d’avoir menacé et frappé un étudiant tchadien dans la nuit du 20 au 21 mars 2023
Une photo prise le 5 décembre 2020 montre des policiers français BRAV-M dans la rue lors d'une manifestation pour les « droits sociaux » et contre le projet de loi sur la « sécurité globale », dont l'article 24 criminaliserait la publication d'images de policiers en service dans l'intention de porter atteinte à leur « intégrité physique ou psychologique », à Paris.
Une photo prise le 5 décembre 2020 montre des policiers français BRAV-M dans la rue lors d'une manifestation pour les « droits sociaux » et contre le projet de loi sur la « sécurité globale », dont l'article 24 criminaliserait la publication d'images de policiers en service dans l'intention de porter atteinte à leur « intégrité physique ou psychologique », à Paris. - THOMAS COEX / AFP / AFP
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Deux policiers de la Brav-M devaient être jugés, ce jeudi, devant le tribunal correctionnel pour des violences et menaces à l’encontre d’un étudiant tchadien lors d’une manifestation en mars à Paris.
  • Les policiers avaient interpellé sept jeunes manifestants soupçonnés d’avoir pris part à des dégradations dans un cortège sauvage dans le centre de Paris.
  • L’une des personnes interpellées avait enregistré les échanges avec les agents de cette brigade réputée violente. Sur les enregistrements, on les entend proférer des menaces et des propos humiliants.
  • A la demande de l’avocat de la partie civile, qui a eu accès tardivement au dossier, le procès a été renvoyé au 5 septembre 2024.

Au tribunal judiciaire de Bobigny (Seine-Saint-Denis),

La présidente de la 14e chambre s’étonne de l’absence des prévenus. Ce jeudi, les deux policiers, qui font partie de la Brav-M, sont engagés sur des opérations de maintien de l’ordre, indique leur avocate, Me Anne-Laure Compoint. Ils devaient, en principe, venir à l’audience. Mais la pénaliste leur a fait savoir que la partie civile allait solliciter un renvoi. « C’est au tribunal de décider », s’agace la magistrate.

Elle rappelle que les deux fonctionnaires sont jugés pour des faits de violences par personne dépositaire de l’autorité publique et menaces de violences réitérées. Il leur est reproché d’avoir frappé et copieusement insulté Souleyman, un étudiant tchadien de 23 ans, dans la nuit du 20 au 21 mars 2023.

« Toi, je t’aurais bien pété les jambes »

La scène avait été enregistrée par une des sept personnes que les effectifs de la Brav-M venaient d’interpeller. Ils les soupçonnaient d’avoir commis des dégradations dans le centre de Paris après l’utilisation du 49-3 par le gouvernement pour faire passer la réforme des retraites.

La présidente lit la retranscription de leurs échanges. « Si tu veux je te prends tout seul », a lancé au jeune homme Thomas C., 27 ans. Finalement, ce policier a reçu l’ordre de ramener Souleyman au commissariat. Ce qu’il a regretté. « T’as tellement de chance, parce que je te jure que tu repartais sans tes genoux. » « On en a cassé des couilles et des gueules, et toi, je t’aurais bien pété les jambes », ajoutait-il.

Son collègue, Pierre L., 26 ans, « a porté à deux reprises des coups au visage » du plaignant, poursuit la magistrate. « Tu la fermes ou t’en reveux une ? », menaçait-il à Souleyman. Avant de proférer des insultes homophobes. « Moi tu sais je peux venir dormir avec toi si tu veux. C’est le premier qui bande qui encule l’autre. » L’étudiant tchadien avait ensuite déposé plainte.

« Les délais légaux n’ont pas été respectés »

L’avocat de Souleyman, Me Arié Alimi, demande que l’audience soit renvoyée car il n’a « reçu le dossier qu’il y a une vingtaine de jours ». « C’était le 8 février », soit il y a vingt-neuf jours, nuance la présidente. Le pénaliste reprend et souligne que de toute façon, « les délais légaux n’ont pas été respectés ».

Le procureur de la République, lui, estime que « dans ce dossier, on essaie par tous les moyens d’obtenir un renvoi ». Il déplore que « le tribunal soit placé devant le fait accompli ». « Quand deux personnes sont citées à comparaître devant le tribunal, elles doivent venir, insiste-t-il. Le seul décisionnaire en la matière, c’est le tribunal après en avoir délibéré collégialement. »

Après une courte suspension d’audience, la présidente annonce que le procès est renvoyé au jeudi 5 septembre 2024 « pour communication de dossier incomplète ». Trois heures sont prévues pour examiner cette affaire.

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