Une nouvelle plateforme d’affaires permettra aux petites entreprises appartenant à des femmes de jouer dans la cour des grandes entreprises canadiennes. Maïa a été dévoilée mardi devant des femmes d’affaires de la région de Montréal réunies au siège social de la Banque de développement du Canada (BDC).

C’est le Réseau des Femmes d’affaires du Québec (RFAQ) qui est derrière la plateforme Maïa. Dès mai, 750 entreprises dirigées par des femmes pourront se brancher gratuitement sur maiaconnex.com afin d’accéder à des contrats offerts par 50 grandes entreprises canadiennes. Les mises en relation seront facilitées par l’intelligence artificielle.

« Cet outil-là était nécessaire pour nous, parce que je ne peux plus être seule à connecter les entreprises entre elles. Notre expertise pourra maintenant bénéficier à un plus grand nombre d’entreprises appartenant à des femmes et elles seront intégrées dans les chaînes d’approvisionnement du Canada », a expliqué à La Presse Ruth Vachon, présidente-directrice générale du RFAQ, précisant qu’une entrepreneure pourra à la fois être acheteuse et vendeuse sur cette plateforme.

Et gare aux grandes entreprises qui voudraient en profiter pour négocier à la baisse les contrats. Ruth Vachon est catégorique. « Ce n’est pas une place pour barguigner, on n’a pas des femmes au rabais et on ne veut pas non plus que tu nous donnes la commande parce qu’on est une femme. »

Les entrepreneures n’auront plus besoin de suivre plusieurs plateformes à la fois afin d’être certaines de ne pas manquer un appel d’offres. Tout sera regroupé sur Maïa. Il sera possible de trier les appels d’offres par zone géographique et par centre d’intérêt. Des notifications seront envoyées aux participantes lorsqu’une nouvelle offre correspondra à leurs choix et elles pourront déposer une soumission directement sur la plateforme.

D’autres services payants seront aussi offerts sur Maïa, comme des programmes de mentorat et de formation.

De nombreux avantages

Les 50 grandes entreprises, dont la majorité n’a pas encore été sélectionnée, retireront plusieurs avantages à faire partie de la plateforme, selon Isabelle Hudon, présidente et cheffe de la direction de la BDC.

« Ils vont s’ouvrir sur des fournisseurs qu’ils ne connaissent pas, négocier des offres plus variées », a détaillé Isabelle Hudon, soulignant que Maïa sera un répertoire important pour la BDC.

« À peu près toutes les grandes entreprises produisent des rapports de développement durable, mais pour avoir un rapport de développement durable crédible, il faut que tu [t’occupes de] ce facteur-là de diversité. Alors ça force les entreprises et ça les aide à voir plus clair sur ce qui se présente à elles », a-t-elle indiqué.

Le projet a reçu un financement de 3,9 millions du gouvernement du Canada par l’entremise du programme Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat (SFE). Pour la ministre de la Petite Entreprise du Canada, Rechie Valdez, soutenir les femmes est plus que la bonne chose à faire, c’est la chose intelligente à faire pour soutenir notre économie.

Mme Valdez a raconté aux femmes d’affaires réunies pour l’occasion que sa fille lui avait exposé les différents choix de carrière qui s’offraient à elle en 2024. « Je partage avec vous cette histoire, parce que les choix que nous faisons aujourd’hui vont inspirer les prochaines générations », a-t-elle déclaré.

« Proportionnellement, les investissements dans les entreprises qui appartiennent à des femmes produisent un rendement supérieur aux investissements dans les entreprises fondées par les hommes », a souligné de son côté Patricia Lattanzio, députée fédérale de Saint-Léonard–Saint-Michel.

La création de la plateforme Maïa a été soutenue par des organisations œuvrant auprès des entrepreneures partout au pays, notamment Groupe 3737, le magazine Premières en affaires, la Chambre de commerce gaie et lesbienne du Canada (CGLCC), Inclusive Workplace and Supply Council of Canada (IWSCC) et le Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat (PCFE).