"En total désaccord avec le national" : la démission de Philippe Raja, président de l’UMIH 09
La direction nationale du syndical a fait le choix de s’opposer au projet de loi visant à faire apparaître la mention "Non fait maison", sur la communication des restaurants, une décision, adoptée "sans concertation" qui hérisse Philippe Raja (Hôtel de France, Pamiers), président de l’UMIH09 (Union des Métiers de l’Hôtellerie). Il annonce sa démission. "Je ne peux hélas porter un message qui va à l’encontre de mes convictions", explique-t-il. Gianni Palmerio (Le Don Camillo, Foix et Pamiers) prend l’intérim, en attendant l’assemblée générale, fixée au mois de juin.
"C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase": l’opposition de l’UMIH à ce que soit apposée une mention "Non Fait Maison" sur les cartes des restaurants, ne passe pas, pour Philippe Raja, président du syndicat en Ariège. Il témoigne de son "désaccord profond" avec ce choix du syndicat, qui a obtenu, avec d’autres organisations professionnelles, le retrait de cette mesure. Le patron de l’Hôtel de France se dit prêt à défendre "toutes les formes de restauration", mais se refuse, cependant, à "porter un message qui va à l’encontre de [ses] propres convictions et qui ne soutient pas les restaurants qui font du 100 % maison". Il a donc décidé de renoncer à ses fonctions de président de l’UMIH09, sans attendre la prochaine assemblée générale, fixée au mois de juin. C’est Gianni Palmerio qui assurera l’intérim.
Une décision prise "sans concertation"
La décision des instances nationales "a été prise sans concertation", regrette Philippe Raja. "Il n’y a pas eu de vote des adhérents sur cette question. Il y a eu des discussions, certes ; mais à aucun moment il n’y a eu un vote. J’aurais aimé avoir des chiffres, même si, à l’arrivée, nous avions été minoritaires. C’était important". Philippe Raja estime que la voix des petits départements – le nombre d’adhérents détermine en effet le nombre de votes – ne soit pas mieux prise en compte. "Je n’aurais pas été entendu. Il y a un problème pour atteindre les personnes qui nous représentent au plan national, dans le fonctionnement de l’UMIH assure le chef d’entreprise. Mais j''espère que ma décision constituera une forme d’électrochoc. Il y a déjà des voix qui s’élèvent contre la décision des instances nationales".
Sur la même longueur d’onde
De son côté, Gianni Palmerio assure partager l’opinion de Philippe Raja, même s’il a accepté d’assurer l’intérim jusqu’à ce que le conseil d’administration désigne un nouveau président. Il se dit aussi prêt à s’investir avec énergie dans l’association : "Je pense avoir l’énergie pour faire le tour de l’Ariège, une fois par mois, pour faire remonter les problèmes s’il y en a, échanger avec les confrères, et trouver des solutions collectives", explique le chef d’entreprise, qui veut faire un gros effort en matière de communication, en poursuivant le travail accompli par Philippe Raja en termes d’accompagnement des entreprises, de restructuration du syndicat et dans les relations avec les institutions.
Difficile de rassembler
Reste la difficulté que rencontre l’UMIH09 à rassembler. "Après le Covid, les professionnels ont eu tendance à se replier sur eux-mêmes, note Gianni Palmerio. Nombreux sont ceux qui sont en difficulté aujourd’hui, et qui ont attendu le dernier moment pour nous contacter. Face aux nombreuses difficultés que nous rencontrons – l’évolution des textes réglementaires, la digitalisation, etc. – Nos métiers ont beaucoup changé. Nous sommes devenus des chefs d’entreprise. Nous devons être unis"
De son côté, Philippe Raja n’entend pas abandonner l’UMIH. "J’ai envie de continuer à adhérer. Si cela m’est permis, bien entendu, souligne-t-il. Je suivrai tous les travaux. Je resterai à l’écoute de Gianni et des autres administrateurs si besoin". Le rendez-vous du Salon des Métiers de bouche et de l’Hôtellerie reste programmé au mois de septembre prochain.
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Le fait maison, une mention créée en 2014
Le "fait maison", c’est une mention qui existe depuis 2014, et qui permet aux restaurateurs – 4,5 % pratiquent exclusivement le fait maison – d’en faire mention dans leur communication, à condition que "les plats soient confectionnés à partir de produits bruts, frais, c’est-à-dire des aliments crus", et donc transformés dans la cuisine de l’établissement. Mais ce label n’est pas satisfaisant, estime la ministre des PME, Olivia Grégoire, qui a annoncé, en octobre dernier, le lancement d’une mention "Non fait maison", afin d’assurer " la protection du consommateur, la défense des restaurateurs qui cuisinent leurs plats sur place, et la préservation de la gastronomie française", énumèrent nos confrères de BFM TV. Mais cette mesure a un corollaire : qu’il y ait du monde en cuisine ! C’est le constat d’évidence effectué par le chef Alain Fontaine, interrogé sur France Info. Qui ajoutait : "Ça nous renvoie au problème pour embaucher du personnel dans nos métiers, qui sont en tension".
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