Difficile de passer à côté. Au Salon de Genève, les stands de Renault et Dacia prennent la moitié du hall des exposants. Au milieu des Renault 5, présentées fièrement, se dresse une immense tour jaune. À côté, une boutique de produits dérivés de l'iconique voiture attire les curieux désirant acheter un pull ou un circuit électrique. Si les constructeurs traditionnels ont déserté le Salon automobile de Genève, qui fête pourtant ses 100 ans cette année, Renault, de son côté, en a profité pour prendre tout l'espace. À peine a-t-on aperçu les constructeurs chinois MG et BYD, venus discrètement présenter leurs nouveaux modèles hybrides sur le marché européen. Même la curiosité autour de Lucid, le constructeur américain souhaitant remplacer Tesla, n'a pas fait long feu. L'événement était sur le stand du groupe français. Où comment le Salon de Genève s'est transformé en Salon de Renault.
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Une omniprésence qui montre les ambitions du groupe Renault. Pour 2024, le groupe français n'a pas voulu se mouiller lors de l'annonce des résultats et a annoncé une marge opérationnelle supérieure à 7,5% ainsi qu'un free cash-flow supérieur à 2,5 milliards d'euros, des objectifs déjà atteints en 2023. Mais à Genève, Fabrice Cambolive, le directeur de la marque au losange, annonce quant à lui une « accélération dans la performance et la rentabilité », après une hausse du chiffre d'affaires de 13% en 2023 et une hausse des ventes de 9%.
Premier signe de cette réussite : son Scénic électrique, lancé fin 2023, a été élu meilleure voiture de l'année face à la Série 5 de BMW et au 2008 de Stellantis, dès l'ouverture du Salon ce matin. Renault n'avait plus remporté ce prix depuis 2006 avec sa Clio. « Une récompense qui va permettre de remettre un éclairage sur le Scénic », sourit Fabrice Cambolive, avant d'ajouter que la Clio « avait gagné le prix en 2006 et se place encore en tête des véhicules les plus vendus cette année ». Renault espère ainsi autant de succès pour ce nouveau Scénic électrique, à partir de 40.000 euros et dont les premières ventes sont pour avril. Pas moins de 9 autres véhicules sur les trois marques du groupe - Renault, Dacia et Alpine - sont attendus en 2024.
Une R5 plébiscitée
À Genève, Renault se démarque par ses produits présentés. La R5, voiture censée démocratiser l'électrique en est un exemple. Les autres constructeurs présents ont préféré quant à eux exposer des voitures électriques et hybrides premium. Pour le groupe français, la stratégie est ailleurs. « Nous avons décidé de monter en gamme sur les véhicules thermiques pour appuyer l'hybridation et de présenter des véhicules électriques au cœur du pouvoir d'achat en Europe », a expliqué Fabrice Cambolive. La Renault 5 devrait ainsi sortir à 25.000 euros d'ici à la fin de l'année ou début 2025. Au Salon de Genève, la renaissance de cette citadine a semblé faire l'unanimité. Côté Renault, on ne veut pas donner de prévisions de vente, le directeur de la marque s'est contenté de parler d'une ambition de « game-changer pour l'électrique ».
En outre, la marque au losange lancera 7 véhicules cette année sur les 10 prévus du groupe, montrant qu'elle reste le porte-drapeau. Viendra ensuite une autre voiture historique censée confirmer les chiffres de Renault : la R4. Si l'on ne sait pas grand-chose de ce modèle qui sortira l'année prochaine, il sera plus imposant que la R5, mais « moins perché » que le concept car présenté l'année dernière, « plus civilisé », souffle Gilles Vidal, le directeur du design de la marque. À l'avenir, la marque Renault compte d'ailleurs miser sur l'esthétique des voitures.
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« On ne veut pas être dans une norme qui semble exister un peu partout. Ceux qui vont survivre sont ceux qui vont avoir une âme et, chez Renault, il y a cette culture et cette envie d'aller créer de l'inédit et d'oser », explique Gilles Vidal.
De fait, le directeur annonce des surprises fortes dès 2026, puis sur la future génération de modèles en 2027.
Dacia se paie un relifting
À côté du stand aux couleurs pop de Renault, Dacia n'a pas à rougir. Si les couleurs sont plus neutres, ce ne sont pas un, mais deux modèles qui sont présentés au Salon aujourd'hui, ou plutôt reliftés. Le Dacia Duster, l'un des best-sellers du constructeur, change complètement de look. Plus anguleux et agressif que l'ancienne version, Dacia n'est plus la marque low-cost des débuts. Exit le diesel, seules les motorisations hybrides et essence seront désormais disponibles sur ce modèle. Cette troisième version du SUV de Dacia veut rebooster les ventes, en chute depuis 2019.
Autre voiture présentée : la Dacia Spring, seule voiture électrique de la marque roumaine. Arborant désormais la même face avant que le nouveau Duster, elle se veut aussi plus moderne avec un intérieur entièrement repensé. Une façon de séduire de nouveaux clients après le coup de massue de l'arrêt du bonus écologique de 4.000 euros pour l'achat de cette Dacia Spring fabriquée en Chine. Si le prix n'a pas été indiqué, cette nouvelle Spring devrait se situer dans les mêmes ordres de grandeur que son ancienne version, autour de 20.000 euros. Le même prix que la Renault 5 en enlevant le bonus écologique. « Nous ne jouons pas l'un contre l'autre », a insisté Fabrice Cambolive. « L'année dernière, la Dacia Sandero et la Renault Clio ont toutes les deux progressé. »
Optimiser les coûts pour accélérer
Enfin, le Salon de Genève a été l'occasion pour Luca de Meo de rappeler sa vision de l'automobile en Europe pour cette année et les années à venir. Enfilant ses casquettes de directeur général de Renault, mais aussi de président de l'Association des constructeurs européens (ACEA), il n'a pas hésité à critiquer les réglementations européennes.
« L'Europe a besoin d'une réglementation pour les petites voitures moins contraignante. La dernière en date, GSR 2, coûte 400 euros par véhicule. Tu ne peux pas traiter une Mercedes de classe S comme une Twingo », a-t-il tempêté.
Le dirigeant réclame également une TVA différenciée selon les modèles de voitures. Sur ces petits véhicules justement, Luca de Meo a renouvelé son envie de synergies afin de limiter les coûts de production. Il n'a cependant pas voulu se prononcer sur d'éventuelles discussions avec Volkswagen et n'écarte aucun constructeur pour une alliance commune.
Luca de Meo a également rappelé l'importance de la vitesse de production, qui doit être abaissée à deux ans, pour suivre le rythme des constructeurs chinois. « Si tu mets quatre ou cinq ans pour réagir, c'est déjà trop tard. Le modèle, c'est à la fois Tesla et les constructeurs chinois, on ne regarde pas les constructeurs traditionnels. » Preuve que Renault veut poursuivre son ambition de conquête, sans écouter les spéculations autour d'une nécessité de fusion avec un autre constructeur, comme l'a sous-entendu il y a quelques semaines Carlos Tavares, le directeur général de Stellantis.
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