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Un projet immobilier à la place d’un camping populaire à Fouesnant : « On ne doit pas être assez riches pour être là »
Entre colère, tristesse et incompréhension, les propriétaires de mobil-home du Camping de Kerolland, à Beg-Meil en Fouesnant, s’organisent. Ils veulent occuper le camping et comptent sur l’arrivée des vacanciers du printemps pour mobiliser face au groupe immobilier Giboire.
« On nous a dit de dégager avant la fin 2024. On ne doit pas être assez riches pour être là ! », ne décolère pas Paul Savary, 70 ans. Vivant à Saint-Renan près de Brest, il est l’un des propriétaires de la soixantaine de mobil-homes installés sur des aires louées au Camping de Kerolland à Beg-Meil en Fouesnant, depuis des lustres.
Un petit camping familial, dans lequel les tarifs étaient restés modérés, autorisant un accès une grande partie de l’année à des vacanciers de catégories sociales moyennes. Beaucoup de Finistériens. Des grands-parents, par exemple, qui se sont construits avec leurs petits-enfants un p’tit coin de bonheur sans prétention au fil des années, dans une station balnéaire discrète mais certainement chic. D’ailleurs, le littoral est ici revendiqué « Riviera bretonne » par ses édiles, en quête « du lustre d’antan ».
« Un rêve de Français moyen qui est en train de s’envoler »
Dans une industrie touristique tournant à plein avec 31 campings*, autant dire que le modèle Kerolland est une sorte d’îlot de résistance. Particulièrement à Beg-Meil et Cap-Coz où quelques grandes fortunes françaises ont établi leur villégiature dans de vastes demeures littorales. « Je viens à Kerolland depuis douze ans », raconte André Moisan. Un Brestois âgé de 72 ans pas du genre pleurnichard mais visiblement ému par la situation : « Vous savez, c’est un rêve de Français moyen qui est en train de s’envoler. Et les élus politiques locaux nous ont tourné le dos. Même si c’est une affaire privée, ils savaient et n’ont rien fait contre ».
Rassemblés jeudi 28 mars au matin, six de ces propriétaires à Kerolland n’encaissent toujours pas la décision du groupe Giboire qui après avoir mis la main sur un véritable petit trésor foncier demande l’évacuation des lieux avant la fin 2024 : « Problèmes d’électricité, eau, et légionellose », invoque l’agence de communication chargée du dossier par le groupe immobilier.
Nous allons investir le camping. Peu importe qu’il n’y ait ni eau ni électricité
« Les résultats des tests de conformité technique d’usage remettent en cause la sécurité du site ». Fermez le ban. « Un vrai scandale ! On nous avait promis deux ans », tonne Paul Savary courrier à l’appui avant d’annoncer : « Nous allons investir le camping. Peu importe qu’il n’y ait ni eau ni électricité. Et nous allons discuter avec les vacanciers qui se retrouvent habituellement ici lors des vacances de printemps ». Sans davantage de gardiennage, ils redoutent des dégradations de leurs biens.
Investissement sentimental et financier
« Si je mets mon mobil-home en vente sur la place, j’en tirerai au mieux 5 000 €. Il faut qu’il ait moins de dix ans et soit en très bon état sinon personne n’en voudra », explique un autre propriétaire présent qui assure avoir investi plus de 30 000 € au fil des années, entre l’habitation légère, son équipement et les diverses améliorations de confort apportées au fil des ans comme la terrasse construite juste devant. « Des familles nous ont déjà dit qu’elles ne pourraient même pas financer l’enlèvement de leur mobil-home : trop cher. Certains se disent même prêts à le brûler sur place ! »
Organisés en collectif, les propriétaires de mobil-homes se sont adressés au Département, au préfet et aux députés. En vain. « Nous sommes persuadés que ce camping et son modèle sont viables. Mais c’est l’histoire du pot de fer contre le pot de terre ».
* À Fouesnant, Bénodet, La Forêt-Fouesnant et Clohars -Fouesnant, de capacité d’accueil diverses, mais très majoritairement tournés vers « l’hôtellerie de plein air », comprenez mobil-home ou chalets.
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