Le gouvernement Zelensky intensifie le pilonnage de la région russe de Belgorod à la suite de l’attentat terroriste de Moscou

À la suite de l’attentat terroriste perpétré vendredi au Crocus City Hall, près de Moscou, qui a fait au moins 143 victimes, l’armée ukrainienne a intensifié ses bombardements sur la ville russe de Belgorod.

Selon le gouverneur local de Belgorod, Vyacheslav Gladkov, cinq civils ont été blessés après que la région a été attaquée par plus d'une douzaine de roquettes tôt mardi matin.

Voitures endommagées par des tirs d'obus ukrainiens à Belgorod, Russie, 16 mars 2024 [AP Photo/Foto: AP Photo / Belgorod-regionens guvernør Vyatsjeslav Gladkovs Telegramkanal]

Plus tard dans la journée, le ministère russe de la Défense a confirmé avoir repoussé une «tentative du régime de Kiev de mener une attaque terroriste» à l’aide de lance-roquettes multiples RM-70 Vampire fournis par la République tchèque et a affirmé que 13 projectiles avaient été détruits en plein vol.

L’attaque la plus récente a été précédée d’une série de tirs de roquettes à Belgorod pendant les élections présidentielles russes, qui ont tué au moins cinq civils et forcé la fermeture d’écoles et de centres commerciaux. Pendant les élections elles-mêmes, des milices néonazies russes, soutenues par l’Ukraine et l’OTAN, ont lancé une incursion sur le territoire russe. Il s’agissait de la première attaque de chars sur le territoire russe depuis la défaite des nazis face à l’Armée rouge lors de la Seconde Guerre mondiale.

Alors que la situation de guerre continue de se détériorer rapidement pour l’Ukraine sur le front en raison d’une grave pénurie d’hommes et de munitions, celle-ci a intensifié ses attaques de missiles et d’artillerie sur Belgorod. La ville se trouve à seulement 40 km à l’est de la frontière ukrainienne.

Juste avant le réveillon du Nouvel An, les tirs d’artillerie des forces ukrainiennes avaient tué 25 personnes qui célébraient la fête et en avaient blessé plus de 100. À la mi-février, une autre attaque a fait sept morts et 20 blessés. La semaine dernière, la Russie a annoncé l’évacuation de 9.000 enfants de la région, et les médias russes indiquent que les habitants sont de plus en plus nombreux à fuir la région par leurs propres moyens.

En représailles, Moscou a récemment procédé à une série de bombardements à grande échelle contre l’Ukraine, endommageant des infrastructures essentielles telles que la centrale hydroélectrique de Dnipro, coupant ainsi l’électricité à des dizaines de milliers d’Ukrainiens.

Plus tard dans la journée de mercredi, la Russie a bombardé la ville ukrainienne de Kharkov (Kharkiv) pour la première fois depuis 2022, faisant apparemment un mort et 16 blessés.

Kharkov, ville russophone de plus d’un million d’habitants, est située à 75 km de Belgorod et devrait être la cible d’une nouvelle offensive russe cet été. Selon le média russe pro-occidental Verstka, l’armée russe prévoit de rassembler une force de 300.000 personnes pour encercler la ville qui a été la capitale de la République socialiste soviétique d’Ukraine jusqu’en 1934.

Les États-Unis ont rapidement réduit leur couverture de l’attaque terroriste de Moscou, limitant leurs reportages presque entièrement à la dénonciation de la soi-disant «paranoïa» de Poutine concernant l’implication des États-Unis et de l’Ukraine dans l’attaque. Cependant, les développements politiques et les conclusions de l’enquête menée par les autorités russes indiquent précisément une telle implication.

Les quatre hommes arrêtés étaient tous des immigrants originaires d’une région du Tadjikistan limitrophe de l’Afghanistan. L’État islamique au Khorassan (EI-K) est connu pour avoir été particulièrement actif dans cette région, et l’on sait également qu’il est en fait une création des États-Unis. Dans le même temps, le chef des services secrets russes FSB, Alexander Bortnikov, a affirmé que les services secrets ukrainiens (SBU) avaient formé des militants au Moyen-Orient et a souligné le nombre important de militants islamistes combattant aux côtés des forces armées ukrainiennes.

Ce dernier fait est connu depuis un certain temps et a été rapporté l’année dernière par le New York Times et ces derniers jours par les médias allemands. Les activités des services secrets ukrainiens dans la région sont également très probables. L’ambassadeur ukrainien au Tadjikistan, Yevdokymov Valerii, est l’ancien chef du renseignement extérieur de l’Ukraine (2019-2020) et a travaillé dans les bureaux des opérations spéciales en 2022 jusqu’à sa nomination à l’ambassade au Tadjikistan plus tard dans l’année.

Entre-temps, les attaques terroristes sur le sol russe et dans les parties de l’Ukraine occupées par la Russie sont une composante quasi officielle de la stratégie de guerre de l’Ukraine.

En septembre, après l’échec cuisant de la contre-offensive d’été, qui a coûté la vie à plus de 100.000 soldats ukrainiens en quelques mois seulement, le conseiller présidentiel de Zelensky, Mykhailo Podolyak, a annoncé dans une interview que «c’est le stade de la guerre […] où les hostilités sont progressivement transférées sur le territoire de la Fédération de Russie». Il a indiqué que l’Ukraine allait intensifier les frappes sur les zones occupées par la Russie, ainsi qu’à l’intérieur de la Russie elle-même, menées par des «agents» ou des «partisans».

Le 26 mars, quatre jours après l’attentat contre le Crocus City Hall, le chef des services secrets ukrainiens (SBU), Vasily Maliuk, a répondu à un journaliste qui l’interrogeait sur une série d’assassinats et d’attentats terroristes contre les autorités russes dans les territoires occupés: «La question est tout à fait pertinente. Nous ne le reconnaîtrons officiellement en aucune façon, mais en même temps, je suis prêt à vous en révéler les détails.» Cette déclaration a été rapportée par le média d’État russe Izvestiia comme une «reconnaissance de facto» de la responsabilité de Kiev dans l’attentat terroriste de vendredi.

Dans un autre développement qui n’a pratiquement pas été rapporté par les médias américains, le gouvernement turc a arrêté au moins 147 militants présumés de l’EI dans 30 villes à travers le pays lundi et mardi. Si l’on ajoute à cela un autre raid policier effectué dimanche, les autorités turques ont arrêté au moins 211 personnes depuis l’attentat contre le Crocus City Hall. Les médias russes et turcs ont rapporté que deux des auteurs présumés de l’attentat avaient séjourné en Turquie pendant plusieurs semaines entre la mi-février et le début du mois de mars.

Bien que la Turquie maintienne des liens avec Moscou, ses liens militaires de plus en plus étroits avec l’Ukraine et la vente de drones Bayraktar à Kiev ont rapidement fait monter les tensions avant le début de la guerre en février 2022.

L’attentat terroriste de Moscou a également été suivi d’un autre bouleversement majeur au sommet de la hiérarchie militaire et des services de renseignement ukrainiens. Mardi, Zelensky a annoncé le licenciement surprise d’Oleksiy Danilov, secrétaire du Conseil national de sécurité de l’Ukraine. Danilov sera remplacé par Oleksandr Lytvynenko, qui dirigeait auparavant l’agence d’espionnage étrangère de l’Ukraine. Danilov était l’un des rares hauts responsables des services de renseignement à occuper son poste depuis 2019, date de l’arrivée au pouvoir de Zelensky.

Les raisons du licenciement inattendu de Danilov n’ont pas été révélées. Zelensky a simplement déclaré que ce licenciement s’inscrivait dans le cadre de la «relance du système de gouvernance de notre État», qui comprend l’éviction d’une grande partie de la direction militaire du pays, y compris de son ancien commandant en chef et rival politique, Valery Zaluzhny.

Danilov était connu pour ses déclarations racistes, et son licenciement est intervenu après qu’il eut insulté le représentant spécial chinois pour les affaires eurasiennes, Li Hui, à la télévision ukrainienne, et ridiculisé la demande chinoise d’inclure la Russie dans toute négociation de paix.

«En ce qui concerne Li Hui, je tiens à rappeler à tout le monde que personne ne décidera de notre destin à part nous», a déclaré Danilov. «Je ne comprends pas qui peut faire commerce de nos territoires, de nos terres, de cette manière. Parce qu’un certain Hui, je suis désolé, ou, quel que soit son nom de famille, ou quelqu’un d’autre pense que c’est à lui d’en décider.»

Pendant qu’il parlait, Danilov a délibérément prononcé le nom de famille de Hui de manière à ce qu’il ressemble à une obscénité en ukrainien et en russe.

Malgré son alignement étroit sur l’impérialisme occidental, le gouvernement Zelensky a tenté de maintenir certains liens avec la Chine en raison de son importance stratégique et économique. Avant le déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine en 2022, la Chine était le principal partenaire commercial de l’Ukraine.

Quelle que soit l’origine de son congédiement, les commentaires de Danilov témoignent des opinions d’extrême droite qui dominent au plus haut niveau de l’État ukrainien et ne sont donc pas uniques en leur genre. Podolyak, conseiller de Zelensky, a tenu des propos similaires en septembre dernier, affirmant que des pays comme l’Inde et la Chine «n’analysent pas les conséquences de leurs actes» et «ont un faible potentiel intellectuel».

(Article paru en anglais le 28 mars 2024)

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