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Wout van Aert opéré avec succès : sa participation au Giro reste incertaine

Le Belge doit d’ores et déjà tirer un trait sur la suite des classiques, et pourrait bien devoir renoncer à d’autres épreuves encore.

Wout van Aert a été opéré « avec succès » après sa lourde chute survenue mercredi durant À Travers la Flandre, a annoncé son équipe Visma-Lease a Bike, jeudi. Il manquera les classiques printanières et sa participation au Giro est « incertaine », selon l’équipe néerlandaise.

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Les examens ont révélé que Van Aert souffre d’une fracture du sternum, d’une fracture de la clavicule et de plusieurs côtes cassées, a précisé Visma-Lease a Bike.

«On ne sait pas encore quand Wout pourra remonter sur le vélo», a expliqué l’équipe. «Les prochaines semaines seront consacrées à sa revalidation. Il manquera donc les classiques printanières. Sa participation au Tour d’Italie est encore incertaine. Nous prendrons une décision dans les semaines à venir en fonction de son rétablissement.»

«Au nom de Wout, nous remercions tout le monde pour le soutien. Il espère désormais poursuivre sa convalescence en toute tranquillité», a conclu son équipe.

Van Aert est tombé à 67 km de l’arrivée avec une dizaine de coureurs dans un groupe de poursuivants. Jasper Stuyven (Lidl-Trek), le Danois Mads Pedersen (Lidl-Trek) et l’Érythréen Biniam Girmay (Intermarché-Wanty) ont aussi été impliqués dans la chute. Seul Pedersen a pu reprendre la route. Stuyven a entretemps été opéré de la clavicule.

Côtes, sternum et clavicule brisés pour Wout van Aert : « Il doit se servir de l’objectif JO pour sa rééducation »

Le champion campinois aura besoin de longues semaines pour retrouver la santé mais ses objectifs de l’été et la suite de sa carrière ne sont pas compromis. « Ces champions ont une résilience exceptionnelle » résume le Dr Bellemans.

Après le fracas, celui des corps martyrisés et des vélos enchevêtrés, une forme d’hébétude. Quelques instants de silence, bientôt déchirés par les gémissements de douleur d’hommes projetés à 80 km/heure sur un bitume râpeux. Sonnés, sous le choc, comme les premiers secouristes, membres des équipes ou motards arrivés sur les lieux juste après le crash. Dans la tourmente, les pleurs de Wout van Aert ont percé les cœurs et les écrans, difficile de rester insensible à cette souffrance, celle d’un athlète qui voit le travail de plusieurs mois réduit à néant en une fraction de seconde.

Pour le Campinois, qui approchait de sa semaine sainte (Tour des Flandres et Paris-Roubaix), tout s’est écroulé, le printemps des classiques s’est drapé de noir. Combien de temps risque-t-il d’être sur le flanc ? Le Giro voire les JO sont-ils en danger ? Cette très sévère chute peut-elle avoir des conséquences à long terme sur l’organisme d’un coureur qui approche de la trentaine ? On fait le point avec le Dr Johan Bellemans, médecin en chef du COIB.

1 Quel est le bilan médical ?

Outre la clavicule droite, sept côtes et le sternum sont également brisés, ce qui illustre à suffisance la violence du choc. Wout van Aert a été opéré par le Dr Claes à l’hôpital universitaire d’Herentals, il entre dans une période de convalescence de plusieurs semaines. « En fonction des blessures, je dirais qu’il aura besoin de 7 à 10 semaines avant de reprendre progressivement l’entraînement » résume le professeur Johan Bellemans, qui connaît bien WVA pour le côtoyer dans le mouvement olympique.

« Mais avant tout, je veux insister sur un point, essentiel pour la suite de carrière et la vie d’homme de Wout : aucune de ces blessures n’est irréversible, elles sont toutes « récupérables » à 100 % Cela n’hypothéquera en rien la suite de son parcours, une fois que le temps de la rééducation aura fait son œuvre. »

2 Pourquoi une si longue période d’indisponibilité ?

Une fracture de clavicule est presque « mineure » pour ces sportifs pas comme les autres, qui remontent sur les rouleaux d’entraînement quelques jours à peine après l’opération. Voire même reprennent la compétition, tel Amaury Capiot, aligné ce mercredi par son équipe Arkéa alors qu’il s’était brisé la clavicule onze jours plus tôt !

Par contre, une lésion au sternum est plus rare (typique des accidents de voiture), liée à la sévérité du crash. Le point positif pour Wout van Aert est qu’aucun organe ne soit touché (poumons indemnes).

Le plus douloureux, ce sont les côtes, qui sont inopérables et compliquent aussi singulièrement la qualité du sommeil et du rétablissement physique. « Ce sont elles qui imposeront le plus de prudence, de vigilance et de patience » explique le Dr Bellemans. « Elles doivent être consolidées et redevenir stables avant que le sportif puisse solliciter la respiration forte et les muscles intercostaux. Il faut aussi éviter tout contact direct, certes peu fréquent mais le cyclisme est par nature un sport traumatique. »

Même dans un schéma optimiste, le leader de l’équipe Visma ne sera pas en mesure d’être au départ du Giro, qui s’élancera le samedi 4 mai de Turin. Un autre de ses grands objectifs 2024 s’est évaporé dans le ciel de Renaix.

3 Les JO sont-ils en danger ?

Wout van Aert en forme au départ des épreuves des Jeux, c’était la quasi-assurance d’une médaille pour la Belgique, comme à Tokyo en 2021 (l’argent en ligne, derrière Richard Carapaz). Sa présence à Paris est-elle fragilisée ? « Je ne vois pas pourquoi » balaie le Dr Bellemans. « Il dispose en effet de suffisamment de temps pour se refaire une santé et être performant lors des échéances olympiques (27/07 pour le CLM, 3 août pour l’épreuve en ligne). « Les blessures dont il souffre sont totalement récupérables d’ici là, il pourrait même tirer profit des malheurs qu’il traverse actuellement pour être frais et encore plus compétitif à ce moment-là, si aucune complication n’entrave sa rééducation bien sûr. Psychologiquement, je dirais même qu’il doit se servir de l’objectif JO pour donner du sens à ce qu’il va traverser dans les prochaines semaines. C’est un but concret qui peut lui faire du bien. »

Aux JO de Tokyo, un an après son grave accident du Tour de Lombardie (chute dans la descente du Mur de Sormano et fracture du bassin), Remco Evenepoel ne s’était pourtant pas présenté dans les meilleures dispositions. « Les blessures et les contextes ne sont pas du tout comparables » estime Johan Bellemans. « On ne peut pas mettre en parallèle un jeune athlète qui se découvrait à peine, comme Remco, et un coureur de presque 30 ans, qui connaît bien son corps même dans la douleur, comme Wout. »

4 Un 2e grave accident en 5 ans, inquiétant ?

Renaix, près de cinq ans après le drame de Pau : on se souvient que Wout van Aert avait déjà été victime d’un grave accident en compétition lors du chrono individuel du Tour de France 2019. En accrochant une barrière Nadar le long du parcours, il s’était déchiré la cuisse de la jambe droite sur 14 centimètres, profonde blessure qui aurait pu compromettre la suite de sa carrière. « Mais il n’en a rien été, il est même revenu plus fort encore » résume le Dr Bellemans. « Ces champions ne sont pas faits du même bois que le commun des mortels, ils font habituellement des coups durs une force supplémentaire. Leur capacité de résilience est impressionnante ! »

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