Belfort Violent envers sa fille mineure, il écope d’une peine de 15 mois d’emprisonnement avec sursis

Arrivée d’Algérie en 2021, la jeune fille a subi des violences régulières, confirmées par les conclusions d’un médecin légiste. Le père ne reconnaissait qu’un unique coup. Il a été reconnu coupable par le tribunal ce mercredi et condamné à 15 mois d’emprisonnement avec sursis.
Cécile Ninot - 28 mars 2024 à 15:07 | mis à jour le 28 mars 2024 à 15:39 - Temps de lecture :
« Il n’avait qu’une crainte, plaide l’avocate du prévenu Me Sylvie Schneider. Que le copain de sa fille ne se marie avec elle que pour avoir des papiers français. »  Photo Christine Dumas
« Il n’avait qu’une crainte, plaide l’avocate du prévenu Me Sylvie Schneider. Que le copain de sa fille ne se marie avec elle que pour avoir des papiers français. »  Photo Christine Dumas

« Il me frappe. Je n’ai pas le droit de sortir. Je ne peux rien faire. » C’est avec ces mots qu’une jeune fille décrit sa relation avec son père. Ce jeudi, celui-ci répond devant le tribunal de violences habituelles sur une personne vulnérable n’ayant pas entraîné d’incapacité supérieure à huit jours. Arrivé d’Algérie il y a neuf ans, le Belfortain de 45 ans fait venir sa fille en 2021. Elle est alors âgée de 17 ans. « Elle voulait faire des études et vivre bien », raconte le prévenu.

Placée en foyer

La situation se serait rapidement dégradée. « J’ai un copain en Algérie qu’il n’aime pas, a expliqué aux enquêteurs l’élève au lycée Diderot , placée en foyer depuis la survenue des faits. Il m’enferme à clé dans ma chambre et me frappe deux ou trois fois par semaine. » Le livreur, dont le casier judiciaire est vierge, admet ne pas approuver cette relation. « C’est un voyou. Je lui ai dit que je ne voulais pas qu’elle se marie avec lui. » En revanche, il nie les violences répétées. « Je ne l’ai frappée qu’une fois. Elle ment. »

Des ecchymoses sur les quatre membres

Des ecchymoses « anciennes à semi-récentes » sont pourtant constatées par un médecin légiste sur les quatre membres de la mineure. « Ça signifie que votre fille a des blessures qui ne relèvent pas d’une fois unique », souligne le président d’audience Jean-Philip Ghnassia. Lorsque la substitute du procureur, Anna Labeda, brandit la photo de plusieurs câbles « installés sur la table du salon et attachés ensemble en forme de boucle », le père continuer de nier. « Son copain lui a monté la tête. Si j’étais violent, ma fille ne voudrait pas revenir chez moi. »

Il est vrai que la lycéenne qui, dans une autre version, avait confié aux éducateurs de son foyer n’avoir été frappée qu’une fois, souhaite se réinstaller chez son père. « Souvent, les femmes battues restent, rétorque le magistrat. Elle n’a qu’un lien de rattachement en France, c’est vous. »

« On sent l’emprise d’un homme sur une femme »

« Je pense qu’il y a une vision biaisée de la réalité, note Me Amélie Beaumont, avocate de la victime. Il y a un conflit de loyauté. » « On sent l’emprise d’un homme sur une femme », abonde l’avocate générale, qui demande une peine de 12 mois avec sursis dans ses réquisitions. Reconnu coupable, le prévenu écope de 15 mois avec sursis et de l’obligation de suivre un stage de sensibilisation aux violences sexistes. « Si les faits venaient à se répéter, prévient la substitute, vous pourriez être interdit de territoire. »