Le blocus des étudiants de Bordeaux Montaigne délogé en 24 heures : "Ils veulent nous faire taire"

Des étudiants de Bordeaux Montaigne voulaient bloquer l'université jusqu'à jeudi 28 mars pour réclamer mettre fin aux violences sexistes et sexuelles. Ils ont été délogés mercredi.

Depuis plusieurs mois, l'Université Bordeaux-Montaigne est secouée par des affaires de violences sexistes et sexuelles.
Depuis plusieurs mois, l’Université Bordeaux-Montaigne est secouée par des affaires de violences sexistes et sexuelles. (©archives Raphaël Lardeur / actu Bordeaux)
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Mardi 26 mars 2024, plusieurs dizaines d’étudiants ont bloqué une partie du campus de l’université Bordeaux Montaigne à Pessac. Ils sont mobilisés pour dénoncer « la gestion catastrophique des violences sexistes et sexuelles au sein de l’Université » dont celle de l’affaire du professeur accusé d’agressions et de viol.

Le blocage a été voté jusqu’à jeudi lors d’une assemblée générale rassemblant environ 200 personnes. Mais ce mercredi au matin, vers 5h30, les étudiants se sont fait déloger par les forces de l’ordre.

« On n’est pas violents »

Le collectif des « étudiants en lutte contre la direction sexiste de la fac » dénonce « de la violence sur au moins un.e étudiant.e pacifiste ».

« Ils sont rentrés par surprise dans le blocage et il y eu un mouvement de foule. Sur le parvis une trentaine de flics nous attendaient avec boucliers », témoigne l’étudiante en question auprès d’actu Bordeaux.

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« J’ai été poussée et ma tête a fortement touché le sol. Je n’arrivais pas à me relever, et un membre des forces de l’ordre m’a engueulée, m’a levée brusquement et poussée sur un banc assez violemment », affirme-t-elle.

On n'est pas violents, pas méchants, on est contre les dégradations. L'an dernier lors du blocage contre la réforme des retraites, ils n'étaient pas intervenus aussi tôt. Là, au bout de 24 heures ils nous ont expulsés, on a l'impression qu'ils veulent nous faire taire sur le sujet.

Une étudiante de Bordeaux Montaigne
Des étudiants de Bordeaux Montaigne ont bloqué l'université pour dénoncer la gestion des violences sexistes et sexuelles le 26 mars 2024.
Les étudiants affirment ne pas avoir dégradé les lieux, mais simplement utilisé le mobilier pour le blocage de Bordeaux Montaigne. (©Photo transmise à actu Bordeaux)

Le collectif à l’origine de l’action estime aussi que l’université veut « faire taire les victimes ». Pour sa part, la Fédération syndicale étudiante (FSE) Bordeaux affirme que « la répression augmente ».

Le syndicat nationaliste La Cocarde Bordeaux salue « la réactivité de l’administration » mais déplore une action contre une « offensive gauchiste » qui a lieu « seulement quand [le] président [de l’université] est mis en cause ».

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Un contexte d’élections

De son côté, l’université Bordeaux-Montaigne met en avant les élections étudiantes pour expliquer cette intervention rapide. « Les élections ont lieu aujourd’hui et demain, les étudiants doivent y avoir accès dans un souci de démocratie interne« , a répondu l’université à actu Bordeaux.

Pour rappel, cette manifestation intervient dans un contexte d’élections aux conseils centraux. Elles doivent renouveler certaines instances dont le conseil d’administration (CA) et la commission de la formation et de la vie universitaire (CFVU).

« Un système invisibilisant les victimes »

« Plusieurs professeurs sont protégés par des institutions patriarcales et un système invisibilisant les victimes » ont dénoncé dans un communiqué les « étudiant.es en lutte contre la direction sexiste de la fac ».

Ils exigent une meilleure gestion des affaires de violences sexistes et sexuelles qui secouent l’université depuis plusieurs mois. Et réclament la mise en place d’une « cellule efficace, rapide, formée et indépendante ».

L’étudiante citée plus tôt explique ainsi sa participation au blocus : « Au sein de la fac, il y a beaucoup d’histoires de VSS, dont un professeur qui a agressé des étudiants et enseignante. L’université protège les accusés alors que les victimes sont détruites. On veut changer les choses ».

Elle fait référence au professeur de philosophie accusé de violences sexuelles et de sexismes par une dizaine de personnes. Sa consœur Barbara Stiegler avait également déposé plainte pour un viol qui se serait déroulé en 2020. L’agresseur présumé avait été suspendu un an, avant d’être réintégré en novembre 2023.

Il est de nouveau interdit d’enseigner pour un an depuis le jeudi 1er février dernier. Il reste rémunéré pour son travail de recherche. Une décision déplorée par les associations féminises et par le collectif à l’origine du blocage qui regrette « des suspensions dérisoires équivalant à des congés payés ».

L’affaire n’a pas fini de faire des remous à l’université Bordeaux Montaigne, à commencer par une nouvelle assemblée générale organisée par le même collectif d’étudiants, vendredi 29 mars 2024 à midi.

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