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Instagram et le syndrome des enfants à tête d’émoji

Les internautes qui publient des photos de leurs enfants en masquant leur visage, pensant les protéger, continuent d’exposer leur progéniture, estime Pauline Croquet dans sa chronique « Sous influences ».

Publié le 28 mars 2024 à 20h00, modifié le 29 mars 2024 à 08h19 Temps de Lecture 3 min. Read in English

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Sur les réseaux sociaux, entre les parents qui exposent fièrement leurs enfants et les rigoristes qui ne postent strictement rien sur leur progéniture, il existe une troisième catégorie : les parents de bébés à tête d’émoji. Sur Instagram, tout particulièrement, on suit la croissance, les vacances, les joies et les peines de ces bambins, mais on ne connaît pas leur visage. Pour cause : leurs parents caviardent les photos en « collant » des émojis à tête de panda, des smileys jaunes, des vignettes ou des bandeaux de floutage sur la tête de leurs héritiers.

Si la majorité des publications en ligne affichent des visages juvéniles et souriants à l’air libre, il suffit de taper « #famille », « #enfamille » ou tout hashtag cousin pour apercevoir ces créatures numériques drôlement masquées. Même le patron de la multinationale Meta (Facebook et Instagram), Mark Zuckerberg, est le père de filles à tête de smiley.

Une précaution a minima

Ces « bébémojis », comme les baptisait le magazine en ligne Slate dès 2018, ont émergé à la fois avec l’épanouissement du vlogging (création de contenus vidéo diffusés en ligne), des comptes consacrés à la parentalité, mais aussi les débats concernant la surexposition des enfants sur les réseaux sociaux et le respect de leur vie privée.

Aujourd’hui encore, des influenceurs tels que Poupette Kenza sont régulièrement épinglés pour exposer sans limites leurs rejetons dans leurs contenus. Et ce malgré l’adoption définitive, le 6 février, d’une loi en France pour protéger le droit à l’image des enfants sur Internet et des excès du « sharenting » (contraction en anglais de « partage » et « parentalité »). Au-delà du secteur de l’influence, 53 % des parents ont déjà partagé des photos et des vidéos de leurs enfants sur les réseaux sociaux, selon une étude de février 2023 de l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique. Parmi eux, 91 % l’ont fait avant les 5 ans de l’enfant.

La pratique n’est pas sans risques. Les photos d’enfants, même anodines, peuvent être détournées à des fins pédocriminelles ou engendrer du cyberharcèlement. Sans compter les implications qu’elles peuvent avoir concernant le respect de la vie privée du mineur et sa réputation à venir. Résultat : de nombreux médias, comme le HuffPost, ont préconisé de masquer au moins le visage des enfants avant de poster ou de restreindre sa publication à un cercle privé.

Un anonymat très relatif

Cela ne règle pas tous les problèmes pour autant. Car, loin du respect du droit à l’image, le floutage est une façon « depuis les années 1950 » de contourner le consentement des personnes, écrit sur son blog André Gunthert, maître de conférences en histoire visuelle à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. « La pratique du floutage (…) est un usage typique de la presse à scandale, qui a pour but de préserver la publication d’une image, alors que celle-ci expose à un risque juridique ou révèle l’identité d’un acteur de manière non souhaitée. (…) Il s’agit donc d’un artifice visant à minimiser le risque juridique – apparemment avec succès. »

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