Euro 2024 : les dessous d’une qualification historique pour la Géorgie de Kvaratskhelia et Sagnol

Par Aurélien Macedo
6 min.
Fiasco total de la Grèce @Maxppp

Après un échec en barrages de l’Euro 2020, la Géorgie a pris son destin en main pour cette fois se qualifier pour l’Euro 2024. Une sacrée réussite pour Willy Sagnol et la génération dorée de la sélection du Caucase qui viennent d’écrire la plus belle page en matière de football de l’histoire de la Géorgie.

«La réussite de mon travail réside dans le fait d’avoir offert la possibilité à la Géorgie de jouer une qualification à un Euro, sur un play-off. Après, forcément, quand vous en arrivez là, vous voulez vous qualifier parce que ça fait presque trois ans que vous jouez des matches avec cet objectif-là», voici ce que nous déclarait en septembre dernier Willy Sagnol au cours d’un entretien sur notre site. Propulsé sélectionneur de la Géorgie en février 2021, juste après l’échec de la sélection contre la Macédoine du Nord (1-0) en barrages de l’Euro 2020 (qui a eu lieu à l’été 2021 ndlr), Willy Sagnol a parfaitement assuré la continuité de Vladimír Weiss et a su exploiter la montée en puissance d’une génération dorée.

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Bien entendu on pense à la star de l’équipe Khvicha Kvaratskhelia, star du Napoli et de la Serie A qui a eu un rôle crucial dans la campagne géorgienne avec 5 buts et 3 offrandes en 6 matches de Ligue des Nations pour qualifier cette équipe en barrages ou 4 buts et 1 offrande lors des 8 matches des éliminatoires. Pourtant, il est loin d’être seul et c’est d’ailleurs sans lui que l’équipe géorgienne a su se défaire du Luxembourg en demi-finale de barrages (2-0). S’appuyant sur Giorgi Mammardashvili (Valence), Giorgi Chakvetadze (Watford), Zuriko Davitashvili (Bordeaux), Giorgi Gocholeishvili (Shakhtar Donetsk) ou encore Georges Mikautadze (FC Metz), la Géorgie arrivait en confiance face à la Grèce. Néanmoins, la formation hellène sortait d’un cinglant 5-0 contre le Kazakhstan et pouvait se targuer d’une plus grande expérience internationale. «Nous devons améliorer la qualité de notre jeu, car la Grèce viendra à Tbilissi avec un haut niveau motivation et confiance», rappelait Willy Sagnol après le succès contre le Luxembourg.

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Une nuit folle à Tbilissi

Devant un Boris Paichadze National Stadium de Tbilissi plein pour l’évènement et qui avait mis une ambiance folle, la Géorgie qui n’avait connu que la défaite à chaque affrontement contre la Grèce à domicile, voulait vaincre le signe indien. Après une première période fermée, mais plutôt à l’avantage des locaux, la Grèce montait doucement en puissance. Lors des prolongations, le match s’est davantage ouvert et Kostas Mavropanos aura même touché la transversale. Le scénario semblait filer pour les Géorgiens qui perdaient par ailleurs Khvicha Kvarastskhelia touché à l’aine. Accrochant les tirs au but, la sélection du Caucase allait créer l’exploit. Malgré le raté de Georges Mikautadze, l’arrêt de Giorgi Mammardashvili devant Anastasios Bakasetas et le tir manqué de Georgios Giakoumakis a condamné la Grèce à l’élimination et Nika Kvekveskiri qui a transformé le dernier tir au but géorgien s’est transformé en héros national. Une transformation synonyme de qualification et qui a provoqué un envahissement de terrain afin que le peuple géorgien puisse communier cette qualification historique.

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Les "Sakartvelos gaumardzhos !" (vive la Géorgie en français) ont résonné au sein du Boris Paichadze National Stadium. Des feux d’artifice et des célébrations ont rythmé la nuit au pays. Selon le ministère de l’intérieur géorgien, près de 100 000 personnes ont fait la fête dans les rues de la capitale Tbilissi. Un moment historique que tout un pays attendait et qui fera date pour la Géorgie. «Personnellement, en tant que fan, j’attends ce jour depuis 30 ans. Et les gars nous ont donné le plus grand bonheur. Ces gars-là sont des héros, et les héros doivent être appréciés. Ce sont les personnes les plus honorables, c’est pourquoi nous avons pris une petite décision : nos garçons recevront tous l’Ordre d’honneur» a d’ailleurs déclaré le Premier Ministre Irakli Kobakhidze sur ses réseaux sociaux. Dans le vestiaire, les joueurs ont également laissé échapper quelques pas de danse à l’image de Giorgi Chakvetadze et Khvicha Kvaratskhelia.

Des hommages multiples

Heureux après un travail de longue haleine mené depuis des années, les principaux acteurs se laissaient porter par l’émotion après la rencontre. «Merci à tous, tout le monde a fait ce qu’il fallait. Je me sens très heureux, mais pas seulement pour moi. Je suis certain que c’est le cas de tout le monde (en Géorgie ndlr) et maintenant l’Euro va arriver», a déclaré Giorgi Mammardashvili à UEFA TV. De son côté, la star Khvicha Kvaratskhelia a rappelé que la force de la Géorgie était dans son unité : «nous sommes une équipe unie ou chacun joue pour l’équipe. Nous avons tous fait beaucoup d’efforts et nous avons une équipe très solide. Cela s’est également manifesté sur le terrain. Peut-être que les médias ne le disent pas aussi ouvertement, nous méritons cette victoire ensemble et je voudrais remercier les entraîneurs, le staff, toute l’équipe et tous ceux qui soutiennent le football. Allons Géorgie, nous avons marqué l’histoire !»

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Autre artisan majeur de cette qualification, le coach Willy Sagnol peut s’avancer satisfait de son pari réussi. Il a réussi à écrire l’histoire avec la Géorgie et cela va rester. «Dans le passé, certains journalistes ont écrit que je devrais peut-être démissionner de mon poste. Voici ce que j’essaie parfois d’expliquer, si on veut réaliser quelque chose, cela prend du temps. Dans le football, il est impossible de tout changer en un ou six mois. Ça prend du temps. Toujours. Je paierais pour ressentir ce que je ressens aujourd’hui, donc je suis heureux et je n’ai jamais pensé à partir. Même si tu me l’avais demandé avant le match. Je me sens bien depuis trois ans maintenant, je suis entouré de gens formidables et je pense que c’est le plus important», a-t-il confié en conférence de presse après la rencontre.

Du côté des observateurs, l’heure est également aux applaudissements envers la 77e nation FIFA (37e/55 parmi les nations européennes). «La qualification de l’équipe nationale géorgienne à l’Euro a montré que Kvaratskhelia est un excellent joueur» a lâché l’ancien coach de la Juventus et du Real Madrid Fabio Capello dans Sport-Express. Ancien international géorgien (9 capes) passé au Lokomotiv Moscou, Zaza Janashia a lui aussi salué ses successeurs dans le média russe : «c’est très bien ! Maintenant, il faut jouer, se développer, se préparer. À partir d’aujourd’hui, tout le pays fera la fête. C’est un jour historique, nous avons attendu et attendu pendant tant d’années. Bien joué les gars! Nous nous sommes battus.» Maire de la capitale Tbilissi et ancien joueur de l’AC Milan, Kakhaber Kaladze a aussi remercié l’équipe pour son exploit : «ce n’est pas seulement une victoire, c’est une histoire qui a été écrite. Nous luttons pour cela depuis plusieurs décennies. Je suis fier de ces gars-là.» Marquant l’histoire, la Géorgie continuera d’écrire son épopée à l’Euro 2024 dans le groupe F avec le Portugal, la Turquie et la Tchéquie. Quoiqu’il se passera durant cette compétition, l’essentiel est déjà atteint, la Géorgie a rendu un peuple fier de son équipe et a marqué son histoire.

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