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Marathon de Paris : aller au bout après la maladie

ESPOIR. Guérie d’une maladie rare et particulièrement invalidante qui l’avait privée du rendez-vous l’an dernier, Audrey Lopez sera au départ le 7 avril.

Humbert Angleys
Audrey Lopez à l'arrivée du semi-marathon de Paris en mars 2022.
Audrey Lopez à l'arrivée du semi-marathon de Paris en mars 2022. © DR

« Je me disais : “Bats-toi, petit corps !” » À quinze jours de son objectif, Audrey, 26 ans, sourire lumineux, raconte avec une sérénité presque déroutante l’épreuve qu’elle a traversée. L’an dernier, elle avait gagné son dossard via une opération de sponsor pour le Marathon de Paris. « J’y vois un signe, et je me dis go ! Allez, t’as gagné, t’y vas ! » Après un premier semi-marathon – « J’étais contente de faire moins de deux heures » –, la distance mythique la tentait. Un coup de massue l’en empêchera : après des premiers signes de fatigue à Noël, elle entre à l’hôpital le jour même où elle devait entamer sa « prépa marathon », le 9 janvier 2023.

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Un diagnostic est posé sur l’état inquiétant d’immense fatigue qui la frappe. « J'ai eu énormément de chance qu’un médecin me pose les bonnes questions, qu’elle m’ausculte comme il faut et pose le nom du syndrome de Guillain-Barré. » Une batterie d’examens confirme cette maladie auto-immune qui atteint le système nerveux, provoquant une grande faiblesse musculaire, jusqu’à la paralysie. Tout s’arrête alors pour la Normande qui venait de se lancer dans une reconversion, en préparant un CAP de pâtisserie en alternance, au sein de la prestigieuse école Ferrandi.

Comme « prisonnière de [s]on corps », elle plonge dans un inconnu angoissant, peut-être plus encore pour son entourage que pour elle, qui vit au jour le jour, dans un état second. Sa prise en charge rapide à l’hôpital Saint-Joseph, à Paris, a été décisive. Audrey remonte la pente et entame sa rééducation aux Invalides.

« Je me disais que je n’avais pas le droit de me plaindre »

Grande amatrice de randonnées dans les Alpes, notamment avec son père, « légèrement hyperactive », sourit-elle, Audrey s’était prise de passion pour la course à pied. La maladie puis la rééducation lui imposent un autre genre de temps de passage. « Le jour où j’ai recommencé à marcher, mon père a chronométré, j’ai mis 19 secondes pour faire deux mètres. » Après quatre semaines d’hospitalisation, déterminée et dotée d’une bonne constitution, elle récupère progressivement. « Ils parlaient de quatre à six mois pour tout récupérer, et d’un an pour évaluer les séquelles. J’ai quasiment tout récupéré au bout de trois mois et demi, quatre mois. J’ai eu des moments de colère : pourquoi moi ? Et puis je me disais que je n’avais pas le droit de me plaindre, parce que j’allais tout récupérer et que tout allait redevenir comme avant. »

« Huit mois avant, je ne pouvais même pas marcher »

Sa rééducation terminée, elle reprend doucement la course, jusqu’au « semi » de Boulogne à l’automne dernier : « Je n’avais aucune idée de ce que ça allait donner, parce que huit mois avant, je ne pouvais même pas marcher… et j’ai fait exactement le même temps qu’au semi de Paris, à la seconde près ! »

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L’histoire d’Audrey, qui a répondu à un appel à témoignages de l’organisation du Marathon de Paris – dont le JDD est partenaire –, en rejoint tant d’autres. Chaque année, à l’arrivée avenue Foch, quelques instants après la souffrance des derniers kilomètres, éclate la joie communicative de ceux qui ont couru 42,195 kilomètres pour une bonne cause, une revanche sur la vie ou la simple fierté d’un défi relevé.

Audrey envisage de monter une association pour accompagner autour de la course à pied ceux qui traversent des épreuves similaires. Mais d’abord, cap sur le 7 avril, confiante et raisonnable : « La prépa est faite. C’est la découverte d’une distance, le premier objectif est de le finir, le deuxième, je dirais de le finir dans un bon état. Mais je suis aussi un peu compétitrice : si tout se passe bien, peut-être faire moins de quatre heures ? »

Le fameux « mur » physiologique qui se dresse après 30 kilomètres n’inquiète pas outre mesure la jeune femme. Le soutien de ses proches la portera ! Elle ne craint finalement qu’une douleur musculaire qui l’empêcherait de savourer pleinement la course et son ambiance. Audrey s’imagine déjà apporter ses médailles de « finisher » [coureur qui est allé au bout, NDLR] aux soignants qui l’ont accompagnée, aux Invalides en particulier. Peut-être y ajoutera-t-elle quelques pâtisseries – elle a réussi son CAP malgré sa maladie – pour célébrer, aussi gourmande que sportive, son appétit de vie !

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