Sarah Biasini sur l’expo Romy Schneider : "Je la retrouve dans tout ce que j’ai pu accumuler comme sensations d’elle"

Cette exposition, "c’est très émouvant pour moi. Je ne peux pas être une spectatrice lambda, confie Sarah Biasini, qui a notamment publié en 2021 La beauté du ciel, chez Stock. […] Ce qu’on peut voir, c’est cette volonté, cette conviction profonde qu’elle avait de son talent et de sa capacité à mieux faire, à sortir des Sissi par exemple."

L’exposition donne à voir des photos, des extraits de films, des affiches, des vêtements, des accessoires, des documents de tournage, mais aussi des pièces plus personnelles, des carnets ou encore des lettres que Romy Schneider a échangées, notamment avec Claude Sautet, qui disent beaucoup de ses inquiétudes mais aussi de sa grande liberté. Sarah Biasini avait 4 ans lorsque sa mère est décédée, et ces lettres sont une manière de l’approcher.

On parle tous les jours de sa mère à Sarah Biasini et ça ne doit pas être facile pour elle. "C’est compliqué dans le sens où ça vous rappelle l’absence. Ça vient titiller un peu le manque. Je me dois de répondre et d’être là, présente, en interview, parce que je trouve ça très bien pour elle. Mais je ne suis pas sa biographe, je suis sa fille."

En matière de cinéma, Romy Schneider pouvait aller très loin dans ses choix. Dans une très belle lettre adressée à Francis Girod, avec qui elle tourne Le Trio infernal, elle confie qu’elle sait que ce film très cruel va perdre de l’argent. Mais elle avait envie de prendre des risques.

"Elle avait envie de proposer ce genre de personnage, elle était bien contente qu’on lui offre un personnage comme ça, explique Sarah Biasini. […] Elle devait jubiler de dire : voilà, vous avez aimé Sissi, et bien maintenant…"

Pour Sarah Biasini, la période avec Claude Sautet, qui a donné lieu à 5 films, dont César et Rosalie avec Yves Montand et Sami Frey, correspond bien à la personne que Romy Schneider était.

"Parce qu’elle est au maximum de sa beauté, elle est en pleine force de l’âge pour une femme. Parce qu’ils se rencontrent pile au bon moment. Parce qu’ils se ressemblent énormément, Claude Sautet et elle, ils ont envie des mêmes choses. Tout s’est aligné à ce moment-là. Je pense que c’était des personnalités qui étaient faites pour se rencontrer et pour travailler ensemble."

Selon elle, on retrouve dans ce film tout ce que sait faire Claude Sautet : la finesse des sentiments humains, des rapports homme-femme. "C’est très bien écrit, les dialogues sont merveilleux. Les interprètes sont très forts aussi. C’est très fin, c’est de la dentelle."

"César et Rosalie, c’est une madeleine de Proust, parce que c’est le premier film d’adulte de ma mère que j’ai pu voir, enfant, vers 8 ans. […] C’est celui que j’ai le plus vu et que je connais par coeur. Rien que d’entendre la musique du générique du début, j’ai l’impression d’avoir 8 ans à nouveau."