Test Asus Zenfone 11 Ultra : plus grand, plus puissant, donc plus séduisant ?

adTrois pas en avant, un pas en arrière ? Depuis 2021, Asus s’était positionné sur un segment jusqu’ici délaissé par de nombreux constructeurs : les smartphones compacts. Que ce soit le Zenfone 8, le Zenfone 9 ou le Zenfone 10, que nous avons particulièrement apprécié l’an dernier, tous ces produits affichaient une dalle de 5,9 pouces.

Cette proposition de valeur était vraiment appréciable dans un monde où la petitesse se jauge toujours au-dessus de 6 pouces. Certes le Galaxy S24 et le Pixel 8 ont tenté de ne pas céder au gigantisme (6,2 pouces), mais tout de même. Hormis l’iPhone 13 mini (5,4 pouces), qui commence à dater (2021), aucun smartphone récent ne peut actuellement se définir comme compact.

Avec son Zenfone 11 Ultra, Asus rentre donc dans le rang, tout en se compliquant de facto la tâche. En effet, dans cette catégorie, Samsung, Honor, Google, Xiaomi ou encore OnePlus se partagent déjà un gâteau dont il ne reste plus que quelques miettes. Le ZenFone 11 Ultra est-il à la hauteur de cette concurrence ? Après plus de deux semaines en sa compagnie, voici notre avis.

Un prix raisonné pour du haut de gamme

Disponible depuis le 14 mars dernier, le Zenfone 11 Ultra se décline en deux configurations et en plusieurs couleurs :

• une version disponible en bleu et noir avec 12 Go de RAM et 256 de stockage à 999 euros.
• une version plus musclée avec 16 Go de RAM et 512 de stockage à 1099 euros. Cette configuration est disponible en noir, bleu, gris ou sable.

Première indication, à configuration égale, les prix entre le Zenfone 10 et le Zenfone 11 Ultra augmentent d’environ 150 euros. Un point à pondérer puisque les deux mobiles n’ont pas la même taille d’écran.

Deuxième remarque, Asus se positionne comme à son habitude dans la tranche “basse” du haut de gamme. Tous les récents smartphones de taille XXL dépassent allègrement les 1000 euros. Seul le récent Xiaomi 14 est proposé au même prix pour les mêmes configurations.

Dernier point, qui vient embellir le précédent, Asus propose jusqu’au 14 avril prochain une offre de précommande avec 100 euros de réduction sur chaque configuration.

Design réussi, mais…

Bien que ce soit un beau bébé (163,8 x 76,8 x 8,9 mm pour 224 g), le Zenfone 11 Ultra a le mérite d’avoir un poids assez bien réparti. Attention, cela ne veut pas pour autant dire que l’utiliser à une main sera un jeu d’enfant pour tout monde. De face, son allure est plutôt réussie grâce à ses bords arrondis, à ses tranches en aluminium brossé à la finition mate réussie et à ses bordures d’écran ultra fines.

De dos, l’impression est plus abrupte. Le bloc photo rectangulaire est plutôt proéminent et dépasse allègrement de quelques millimètres. Lorsqu’il est posé, le smartphone ne bouge pas, mais il est quelque peu surélevé. En verre minéral, l’habillage du dos est agréable au toucher et ne prend que peu de traces de doigts.

Visuellement, quelques lignes brillantes viennent former le monogramme d’Asus. À l’instar de ce que l’on peut voir sur les ordinateurs portables du constructeur. C’est discret, mais cela a le mérite d’exister. En ce qui concerne la connectique, c’est un réel plaisir de voir qu’Asus a conservé la prise jack. Sur ce segment de prix, or smartphone gaming, le constructeur taïwanais est un peu le dernier des Mohicans.

En revanche, la position du port USB-C, sur le côté gauche de la tranche inférieure, est un peu bizarre. Elle empêchera les gamers d’utiliser une manette de jeu de type Backbone ou Kishi. Asus ne voulait-il pas ici empiéter sur sa gamme ROG Phone ? En tout cas, cela peut s’avérer frustrant, alors autant le prendre en compte.

Solide (Gorilla Glass Victus 2) et étanche (IP 68), le Zenfone 11 Ultra poursuit le crédo actuel des smartphones premium, la sobriété avant tout. Dommage, Asus nous avait déjà habitués à plus de folie.

Un superbe écran lumineux et réactif

Sur ce domaine, il est n’est point nécessaire de faire preuve d’originalité, mais plutôt d’efficacité. Ce qu’Asus réussit a faire haut la main avec sa dalle AMOLED de 6,78 pouces Full HD+  (2400 x 1080 pixels), soit une résolution de 388 pixels par pouces sur une surface d’écran occupant environ 89% de la façade avant. 

Vous l’aurez compris, l’immersion est plutôt bonne, tandis qu’au niveau du taux de rafraîchissement, le constructeur taïwanais ne fait pas de faux pas. Grâce à la technologie LTPO, il oscille entre 1 et 120 Hz et il peut même monter jusqu’à 144 Hz.

Pour cela, il faudra débloquer manuellement l’option via le centre de jeux (Game Génie) et bien évidemment jouer à des titres compatibles. C’est notamment le cas de Shadowgun: Legends, Dead Cell ou encore Minecraft, pour ne citer qu’eux. Et pour parfaire l’expérience, l’écran se montre particulièrement réactif et les reflets ne s’invitent pas en masse sur l’écran.

Côté luminosité, nous avons été agréablement surpris. Avec un pic HDR annoncé de 2500 nits, la dalle du Zenfone 11 Ultra est éblouissante. Nous avons pu le vérifier sous quelques rayons de soleil, en extérieur nous n’avons jamais été incommodés. Même pour lire les interventions sur le chat d’un live Twitch.

Enfin, en matière de colorimétrie, nous avons trouvé l’ensemble un peu froid par défaut. Rien de préjudiciable, puisqu’il est facile d’ajuster à sa guise la température des couleurs selon plusieurs options.

L’âme d’un ROG Phone

Désormais, chaque année, la grande majorité des smartphones premium se pare de la même puce. Celle qui est la plus puissante à l’instant T. Seuls Google, depuis 2021, et Samsung, qui nous ressort parfois son SoC Exynos, font vraiment bande à part sur Android.

Pour 2024, cette puce, c’est la Snapdragon 8 Gen 3 qui équipe déjà le Galaxy S24 Ultra, le Honor Magic6 Pro, le Xiaomi 14 ou encore le OnePlus 12… Et tout porte à croire qu’elle risque encore de s’incruster dans quelques flagship cette année. Par conséquent, le but n’est pas réellement de savoir si ce processeur est puissant. Il l’est et il permet de jouer et de lancer les applications les plus gourmandes du Play Store.

L’intérêt est plutôt d’analyser la manière dont les ingénieurs de chaque marque s’emparent de cette puce. Là où certains constructeurs brident parfois la puissance, de peur de mal gérer la montée en température, Asus décide de lâcher les chiens. Selon nos benchmarks, le Zenfone 11 Ultra est l’un des smartphones Android sous Snapdragon 8 Gen 3 le plus impressionnant en termes de puissance brute.

Pour autant, et c’est bien ici que la différence se fait actuellement, le Zenfone 11 Ultra est stable comme une image et sa chauffe est globalement bien maîtrisée. Quel que soit le jeu, vous pourrez donc y jouer en 60 FPS, avec les graphismes au maximum et ce, sans aucune gêne même pendant de longues sessions. Le travail remarquable des ingénieurs de la firme est ici à saluer.

Bien évidemment, l’IA est là !

Que serait un smartphone haut de gamme de 2024 sans IA ? Pour ne pas se laisser distancer sur ce sujet, Asus a inauguré plusieurs fonctionnalités d’IA. Des outils que l’on a déjà pu apercevoir sur les Google Pixel 8 et au sein de l’écosystème Galaxy AI de Samsung. Sauf qu’ici l’expérience est plus mitigée, de nombreuses fonctions étant encore en bêta.

Le résumé des notes vocales est capricieux (« AI Transcript ») , il ne fonctionne pas toujours. La traduction instantanée lors d’un appel s’avère brouillonne dans son interface et parfois perfectible (« AI Call Translator »). En tout cas en anglais, la version que nous avons testée, d’autres langues devraient arriver bientôt (Allemand, Italien, Japonais, Espagnol, Portugais), en plus du Chinois déjà disponible).

Il est également possible de générer des fonds d’écran (« AI Wallpaper ») selon trois paramètres. Après 10 minutes passées dessus, cela devient vite lassant. En effet, on se rend vite compte qu’on préfère avoir en fond d’écran une ses propres photos ou une image trouvée sur le web.

Au final, seulement deux fonctions ont réellement trouvé grâce à nos yeux pour le moment. La recherche sémantique au sein de la galerie photo. Ce n’est pas révolutionnaire, mais cela est pratique et efficace. Et l’annulation du bruit par l’IA qui est censé améliorer la qualité de nos appels en réduisant le bruit ambiant. Pour le coup, nous l’avons testé et approuvé à Châtelet les Halles à Paris, un samedi vers 15 h. Entre un appel réalisé avec un iPhone 15 Pro et un autre avec le Zenfone 11 Ultra, la différence de brouhaha fut flagrante, autant pour nous que pour notre interlocuteur.

Bien qu’on termine sur cette bonne note, on sent tout de même que la proposition d’IA d’Asus est pour le moment poussive. Contrairement à Samsung, on sent ici que le constructeur a voulu faire de l’IA, pour faire de l’IA… L’ergonomie n’est pas simplifiée par un bouton magique et la majorité des fonctionnalités sont encore très perfectibles.

Nous n’en voulons pas pour autant au constructeur, son IA est encore en rodage, elle risque rapidement s’améliorer. Pour autant, il ne faudra pas qu’Asus oublie que l’adoption de l’IA passe autant par la qualité d’une fonctionnalité que par son ergonomie d’utilisation…

Logiciel, un grand OUI et un grand NON

En matière de surcouche, Asus a toujours su se faire discret. Tournant sous Android 14, ce Zenfone 11 Ultra ne déroge pas à la règle. Ici, l’utilisateur a le choix entre la version stock d’Android ou une interface optimisée par Asus. Cette dernière ne vient finalement changer que peu de chose comme l’aspect du panneau de contrôle. Pour tout le reste, c’est limpide, sans frou-frou et sans bloatwares. Ceux qui aiment la sobriété seront aux anges. Tout en regorgeant de bonnes idées, le Zenfone 11 Ultra arrive à les étaler dans une interface minimaliste.

Par exemple, en tapotant le dos du téléphone, il est possible de déclencher certaines actions comme une capture écran. C’est très pratique. Sans atteindre le niveau de personnalisation extrême que l’on retrouve dans les ROG Phone, le mode jeu ravira également les joueurs méticuleux. Enfin, la fonction « outil de bord » est appréciable pour se personnaliser un lancement rapide d’application selon nos envies du moment.

Encore une fois, l’interface globale de ce smartphone est une franche réussite. Quel dommage que ce sentiment soit plombé par… seulement deux ans de mise à jour d’Android. Alors que tous les constructeurs font des efforts sur ce point et que Samsung et Google vont même jusqu’à proposer sept années de mise à niveau, l’erreur est ici presque impardonnable. Alors certes, les mises à jour de sécurité s’étalent sur quatre ans, mais la pilule est difficile à avaler.

Photo : de la cohérence et du sérieux

Il aurait été dommage de gagner en taille sans en profiter pour perfectionner sa proposition photographique. Par rapport à son prédécesseur compact, le Zenfone 11 Ultra se pare donc, pour notre plus grand plaisir, d’un nouveau capteur, un téléobjectif.

La configuration photo complète du Zenfone 11 Ultra se compose ainsi :

• un capteur grand angle de 50 Mpx avec une ouverture à F/1.9 ;
• un capteur ultra grand-angle de 13 Mpx avec une ouverture à F/2.2 et un angle de vue à 120°;
• un téléobjectif de 32 Mpx avec une ouverture à F/2.4 et un zoom optique x3 ;
• un capteur avant de 32 Mpx avec une ouverture à F/2.5.

Le capteur principal est une excellente surprise tant il est à l’aise dans toutes les situations. Le piqué est sublime et l’exposition entre les zones d’ombres et de lumières parfaitement gérées. Même à la volée, sur une scène avec du mouvement, les photos sont belles, nettes et précises grâce au stabilisateur gimbal 6 axes.

De son côté, la colorimétrie est plutôt flatteuse, sans non plus tomber dans l’excès, sauf peut-être sur le rouge lorsque la luminosité est bien présente.

Très utile en ville, le zoom numérique x2 propose une belle plage dynamique et la colorimétrie globale est fidèle à la réalité de ce qui dresse devant nous. De son côté, l’ultra grand-angle a le mérite de ne pas sous-exposer le centre de l’image, ni de déformer les bords.

Encore une fois, c’est une agréable surprise de voir qu’Asus maîtrise ce capteur si difficile à dompter. Parfois, le résultat du capteur manque d’un poil de vigueur. C’est notamment le cas dans les zones d’ombres, qu’on aurait préférées un peu plus exposées, mais c’est très léger.

En plus d’être un vrai plaisir à utiliser, le retour de ce téléobjectif est une réussite. Si l’envie vous prend, il est possible de tenter un zoom numérique x10. Le stabilisateur est efficace et le résultat est parfois étonnamment exploitable. Pour tirer des portraits, le Zenfone 11 Ultra n’utilise pas le téléobjectif, ce qui est assez étonnant, mais le capteur grand angle.

Les résultats sont séduisants grâce à un effet bokeh toujours cohérent et un détourage plutôt précis. Les selfies sont également excellents. Ils ne tombent pas dans l’écueil d’une sous-exposition comme c’est souvent le cas.

Enfin, la nuit, le Zenfone 11 Ultra a toujours su se montrer convaincant. Le mode éponyme arrive à rehausser une scène sans trop la travestir et la maîtrise des sources lumineuses est vraiment appréciable.

Bien que du bruit numérique apparaisse sur les zones les plus sombres des clichés, les deux tiers de l’image gardent un niveau de détail globalement satisfaisant.

Autonomie : un coureur de fond

La question du format a également ici son avantage. Alors que le Zenfone 10, question de taille oblige, embarquait une batterie de 4300 mAh, celle du 11 Ultra est bien plus conséquente, 5500 mAh.

Bien aidé par sa surcouche logicielle légère, le dernier rejeton d’Asus tient vraiment la cadence. Même lors d’une utilisation intensive avec pas mal de jeux 3D, il ne s’épuise pas malgré nos 5h30 d’écran. En fin de journée, il nous restait en moyenne 30% de batterie. De quoi tenir sans problème jusqu’au midi suivant. Lorsque nous étions moins gourmands, en jeu et en streaming vidéo, le Zenfone 11 Ultra pouvait pratiquement tenir deux jours.

Cependant, quel dommage qu’Asus suive la tendance de ses confrères. À savoir, ne plus livrer de chargeur dans la boîte, ce qui était encore le cas l’an dernier. Compatible avec une charge rapide de 65W, le Zenfone 11 Ultra met environ 45 minutes à récupérer la moitié de ses forces. Et près d’une heure et demie pour la totalité. Si c’est bien un coureur de fond, le Zenfone 11 Ultra a tout de même besoin d’un peu de repos entre ses courses.

Notre avis sur le Zenfone 11 Ultra

Bien sous tout rapport, le Zenfone 11 Ultra est un smartphone séduisant. Avec son écran lumineux à 144 Hz et sa maîtrise parfaite de la puce Snapdragon 8 Gen 3, il est idéal pour se divertir. Son interface est sobre et bien pensée, sa partie audio clairement au-dessus du lot et son autonomie est gigantesque. Même en photo, Asus peut désormais ne plus avoir de complexe. On passe du bon au très bon, de quoi largement satisfaire la majorité des utilisateurs.

Alors certes son design est un peu passe-partout, sa charge un peu lente et sa partie IA a encore du pain sur la planche . Cependant pour son prix, dans la fourchette « basse » du premium, ce sont des défauts largement acceptables. Par contre, ce qui l’est beaucoup moins, c’est son support logiciel de seulement 2 ans. Un choix incompréhensible.

Finalement le plus gros défaut de ce Zenfone 11 Ultra ne vient pas de lui, mais du marché. Après trois ans à barboter seul sur le segment des smartphones compact, le constructeur revient faire trempette dans des eaux où la concurrence est plus féroce. En homogénéisant sa proposition, la firme taïwanaise se confronte de facto à plus expérimentés que lui.

Est-ce qu’Asus ne s’est pas compliqué la vie en abandonnant (temporairement ?) le secteur des smartphones compacts ? Si la question semble logique, ne soyons pas pour pour autant naïfs.

Bien qu’ils aient un succès d’estime, et le mérite de proposer quelque chose de différent, les smartphones compacts séduisent-ils vraiment les foules ? Voici une autre question à laquelle Asus a apporté sa propre réponse avec ce Zenfone 11 Ultra.

📍 Pour ne manquer aucune actualité de Presse-citron, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.