Billet
Comment sortir de la spirale infernale des cagnottes d’anniversaire ?
Renée Greusard
Notre journaliste raconte la frénésie qui s’est emparée de son groupe d’amis, jusqu’à organiser une cagnotte pour l’anniversaire d’un chien.
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Comment sortir de la spirale infernale des cagnottes d’anniversaire ? Cela faisait plus de quatre ans qu’à chaque anniversaire, dans mon grand groupe d’amis (une vingtaine de personnes), un message était envoyé. Au début, nous étions délicats : « C’est l’anniversaire de notre enfant sauvage, demain. J’ai créé la petite cagnotte si vous voulez participer, sans injonction aucune ! » A la fin, moins : « Pour le cadeau, voici la cagnotte. » On parlait même en saison : « C’est parti pour la saison des Capricorne ! » Entre-temps, il y aura eu un dérapage. « Pour fêter l’anniversaire de la chienne de L., il a été suggéré que nous lui offrions un détartrage. » Bien sûr, c’était aussi une blague qui s’inscrivait dans un week-end entier dédié à la charmante bête (tous les prétextes sont bons pour faire la fête). Mais tout de même : nous avons fait une cagnotte pour l’anniversaire d’un chien.
J’ai fini par avoir la sensation que nous nous étions embarqués malgré nous dans une tontine. Petite, j’ai vu mes tantes sénégalaises et leurs amies participer et profiter de ce système simple. Un groupe de personnes (souvent des femmes) met régulièrement de l’argent dans une enveloppe et, chacune son tour, remporte le pactole. On me racontait ainsi : « Grâce à la tontine, Tata Rama a pu partir à La Mecque pour la première fois ! »
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Avec notre propre tontine sauvage, nous avons financé un voyage au Canada, des platines de DJ, du matériel de vélo et donc le détartrage d’une chienne qui n’avait pourtant rien mis dans la tontine (la garce !). Il se peut qu’avec mon ami Valentin, nous ayons même inventé le concept du « braquage de cagnotte » (cela consistait à manigancer pour avoir le cadeau de nos rêves).
Toujours est-il que dans un groupe où le souci des autres est très important, l’engrenage est terrible. Enrayer la machine signifie accepter de sacrifier une personne sur l’autel des cagnottes d’anniversaire. C’est mon ami Jérémie qu’on connaît pour son courage et sa droiture qui a percé l’abcès. « Hello les amis, je profite de la période de creux des anniversaires pour lancer un sujet. Est-ce qu’on ne ralentirait pas un peu sur notre système de cagnotte perpétuelle ? » Tout le monde, soulagé, a abondé dans son sens et nous avons convenu que nous allions trouver des moyens moins aliénants de nous dire notre amour. Ah, et si vous vous demandez qui a été sacrifié, sachez que ce sont les Bélier (dont je fais partie). Ainsi prit fin la tontine. Alors même que j’allais enfin me payer mon voyage à La Mecque !
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