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Julie Sicard, la sorcière bien-aimée de la Comédie-Française

La comédienne, qui a imposé son jeu expressionniste au Français, va jouer Lady Macbeth sous la direction de Silvia Costa, à partir du 26 mars.

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Publié le 25 mars 2024 à 20h00, modifié le 25 mars 2024 à 23h48

Temps de Lecture 6 min.

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Julie Sicard, sur les toits de la Comédie-Française, à Paris, le 20 mars 2024.

Sa loge de la Comédie-Française ressemble à une roulotte de Gitane, avec ses coussins à fleurs, son vélo doré casé dans un coin et son joyeux foutoir. Quand on croise Julie Sicard, elle est le plus souvent en salopette, sabots rouge pétant ou vert pomme aux pieds. Difficile d’être plus éloignée qu’elle des clichés que l’on attache encore aux comédiennes de la vénérable maison – lesquels clichés ont vécu depuis belle lurette, par ailleurs.

Julie Sicard est la plus libre, la plus singulière des grandes actrices du Français, mais pas la plus connue. En cette saison 2023-2024, elle est pourtant à l’affiche de pas moins de six spectacles, et s’apprête à se glisser dans la peau de Lady Macbeth, sous la direction de la metteuse en scène Silvia Costa.

A 48 ans, elle a – presque – tout joué, dans cette maison où elle est entrée très jeune, à 21 ans : les classiques et les contemporains, le drame et la comédie – les deux ensemble, bien souvent. Elle a été Angèle dans Le Système Ribadier, de Feydeau, Suzanne dans Juste la fin du monde, de Jean-Luc Lagarce, Ilse dans L’Eveil du printemps, de Frank Wedekind. Elle a fait le lapin, le chien et le souriceau dans les Fables de La Fontaine vues par Bob Wilson, et dans Le Malade imaginaire, qu’elle joue depuis vingt-quatre ans, elle est passée d’Angélique à Toinette.

Dynamiter les codes

C’est d’ailleurs la réputation qu’elle a dans la maison : « Julie peut tout jouer », répètent à l’envi ses camarades, comme le confirme l’administrateur lui-même, Eric Ruf. Est-ce parce qu’elle a le théâtre dans les pattes, dans le sang et dans le cœur depuis toujours, ou presque ? Avec la compagnie Les Agités, qu’elle a intégrée à l’âge de 13 ans, à Poitiers, elle est partie sur les routes dès l’adolescence, d’Avignon à l’Union soviétique d’alors. Cette saison, elle incarne aussi le Sganarelle du Mariage forcé, de Molière, dans la version ravageuse de Louis Arène, qui est toujours en tournée. Julie Sicard semblerait donc être l’une des premières à avoir fait exploser ces fameux « emplois » qui empoissent encore le théâtre français, et assignent les comédiens et comédiennes à des rôles typés en raison de leur physique.

Ce n’est pas si simple, évidemment. « Au Conservatoire, où je suis entrée à 19 ans, j’ai eu comme professeur le grand metteur en scène Jacques Lassalle, qui a été très important pour moi, raconte-t-elle. Avec lui, la direction d’acteur, c’était de la dentelle. Lassalle faisait travailler à toutes les jeunes filles la Phèdre de Racine. Mais, à la fin de l’année, il m’a informée que ce n’était pas la peine que je présente ce rôle, car ce n’était pas mon emploi. » Julie Sicard ne s’est pas démontée, et lui a rétorqué que, un jour, elle jouerait Phèdre à la Comédie-Française.

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