RER C : maintenance renforcée, augmentation des effectifs… des mesures d’urgence annoncées

Île-de-France Mobilités et la SNCF ont détaillé ce mardi à Brétigny-sur-Orge (Essonne) une série de mesures devant améliorer la robustesse de la ligne C d’ici l’été.

Severine Lepère, à gauche, directrice de SNCF Réseau Ile-de-France et Valérie Pécresse, présidente d'Ile-de-France Mobilités, ce mardi matin, en route vers Bretigny-sur-Orge, dans le RER C, pour annoncer quelques mesures d'urgence. / Photo Bertrand GUAY / AFP
Severine Lepère, à gauche, directrice de SNCF Réseau Ile-de-France et Valérie Pécresse, présidente d'Ile-de-France Mobilités, ce mardi matin, en route vers Bretigny-sur-Orge, dans le RER C, pour annoncer quelques mesures d'urgence. / Photo Bertrand GUAY / AFP

    Elles sont attendues avec impatience par les usagers lassés des difficultés quotidiennes. Ce mardi midi, Valérie Pécresse (LR), présidente d’île de France Mobilités, l’autorité qui organise les transports en Île-de-France, et les responsables de la SNCF ont détaillé une série de mesures « d’urgence » pour améliorer le service sur le RER C.

    Lundi soir encore, la ligne tentaculaire de 187 km a été victime d’un énième incident majeur. Bien que les usagers continuent à subir des incidents à répétition, la ponctualité globale est un peu remontée en février pour franchir la barre des 84 %, après un mois de janvier catastrophique, à 80 %. « Elle est encore très loin de notre objectif, qui est à 90 %. Nous mettons les bouchées doubles pour y arriver », a expliqué le directeur de la ligne C, Nicolas Ligner.

    À Brétigny-sur-Orge (91), devant plusieurs élus de l’Essonne, le directeur de Transilien, Alain Ribat, a confirmé le recrutement en cours de 100 nouveaux conducteurs pour limiter les suppressions de trains, qui avaient battu des records fin 2023. Ces derniers doivent prendre leur poste au cours du printemps. « Ce déplacement était programmé de longue date, a déclaré Valérie Pécresse. L’idée est de mettre le maximum de pression sur la SNCF. Il faut que la ligne retrouve sa fiabilité et sa robustesse. Ce sont des engagements très forts qui ont été annoncés par SNCF Transilien et SNCF Réseau, avec l’arrivée de 10 % de conducteurs de plus. Car si la ligne a souffert, c’est qu’il manquait une cinquantaine de conducteurs sur 450, ce qui est énorme. Après les vacances de Pâques, ils seront tous là ».

    Les effectifs de la maintenance des rames et de l’infrastructure seront, eux aussi, renforcés, avec 20 CDI supplémentaires et 20 intérimaires Les technicentres des autres lignes SNCF, comme celui de Noisy-le-Sec (RER E), accueilleront des trains de la ligne C pour les entretenir et prévenir les pannes. Grâce à ces ressources supplémentaires, Valérie Pécresse a promis la fin des « trains courts », de 4 ou 6 voitures au lieu de 8, où doivent s’entasser les passagers. « A partir des vacances de Pâques, c’est fini, on aura des trains longs », a-t-elle promis.

    Des « méga-aimants » pour réduire les incidents électriques

    Séverine Lepère, la directrice générale Île-de-France de SNCF Réseau, l’entité qui gère l’infrastructure, a de son côté présenté deux innovations. Désormais les trains du RER C pourront continuer à rouler au pas en cas d’intrusion sur les voies. Jusqu’ici, ils devaient rester immobilisés, ce qui explique les longues minutes bloqués entre deux gares. Quand les arrêts s’éternisent, des voyageurs s’impatientent et descendent des trains, retardant d’autant la reprise du trafic. Sur le RER C, les personnes dans les voies sont responsables de près de 20 % des retards.

    Ce changement réglementaire, déjà instauré sur le RER B et le RER D, a été expérimenté dès lundi soir. « Appliquée depuis le 1er juin dans le tunnel entre Châtelet et Gare du Nord, cette mesure porte déjà ses fruits : elle a permis de diminuer de 40 % les impacts liés aux personnes sur les voies au second semestre 2023 », assure SNCF Réseau.

    Autre nouveauté : pour réduire les risques d’incidents électriques, un système d’aimants géants sera disposé dans Paris intra muros afin de capter les particules de métal tombées des trains. Celles-ci génèrent en effet des courts-circuits, et des pannes de signalisation à répétition. Pas moins d’une trentaine ont eu lieu l’année dernière sur le RER C.

    SNCF Réseau, grâce à des renforts d’effectif, doit mener des chantiers importants avant l’été, et procéder au changement de plusieurs aiguillages. Le 18 mars, c’est à cause d’un bouton de commande d’aiguillage défectueux près de la gare d’Austerlitz, sur un équipement âgé de 55 ans, que des milliers de voyageurs avaient été bloqués pendant plus de deux heures en soirée.

    Une offre augmentée de 70 % pendant les JO

    Ces mesures doivent apporter leurs effets avant l’été et pendant la période des Jeux olympiques. Le RER C, très sollicité pendant les deux quinzaines olympiques, verra son offre augmenter de 70 %. La ligne dessert plusieurs sites d’épreuves, dans Paris et dans les Yvelines. Habituellement, il ne circule pas pendant la période estivale dans Paris intra-muros en raison de lourds travaux de rénovation du tunnel.

    Au-delà de ces mesures de court terme, Île-de-France Mobilités s’apprête à lancer une refonte en profondeur de cette ligne très complexe, où transitent 500 000 personnes par jour. Le nouveau « schéma directeur » sera soumis au vote du conseil d’administration mercredi 3 avril. Ce document préparé depuis deux ans et demi prévoit de « débrancher » certaines des sept branches du RER C, afin de limiter la propagation des perturbations sur la totalité du réseau. Il sera mis en place à l’horizon 2035.

    Cette future organisation en navettes doit apporter « de la robustesse » au RER C. Mais elle fait grincer des dents quelques élus de l’Essonne, qui craignent de perdre leurs liaisons avec Paris et de voir augmenter les temps de parcours. Une réunion avec des élus de ce département avait lieu lundi soir en présence de Stéphane Beaudet (LR), maire d’Évry-Courcouronnes et vice-président de la région en charge des transports. Le RER C devrait continuer de circuler du sud jusqu’au terminus Austerlitz, en passant par Bibliothèque François-Mitterrand (Paris, XIIIe). « Nous avons présenté à nouveau les temps de parcours et de correspondance aux élus. Le terme débranché est mal choisi, car les trains continuent d’arriver dans Paris, avec des connexions avec les métros 14, la 6 ou la 5 », confie un participant.

    IDFM prévoit enfin de lancer l’appel d’offres pour renouveler l’ensemble des trains de la ligne, âgés de 31 ans en moyenne aujourd’hui. La commande doit porter sur 150 nouvelles rames.