De loin, on pourrait parler de miracle, tant en cette année 2024 Le Creusot crève l’écran par sa vitalité industrielle. Et ce constat prend encore plus de relief quand, il y a quatre décennies, au lendemain du dépôt de bilan de Creusot Loire, beaucoup avaient prédit la disparition du Creusot et de son industrie. Sauf que dans ce département de Saône où se situe la première gare TGV entre Paris et Lyon, le dépôt de bilan de Creusot Loire n’a jamais signifié la fin des activités industrielles. Juste des mutations. Obligatoires pour certaines. Valorisantes pour d’autres. Le Creusot, ses dirigeants, ses cadres et ses salariés, ont fait le dos rond.
Alors que dans l’autre ville de la Communauté Urbaine, à Montceau les Mines, l’exploitation minière s’arrêtait, au Creusot on continuait à produire, malgré la crise. «C’est vrai qu’on n’a jamais tourné le dos à notre industrie. On y a toujours cru, parce que les activités industrielles sont dans notre ADN», souffle David Marti, maire (PS) du Creusot et Président de la Communauté Urbaine Le Creusot – Montceau.
Bientôt 40 ans après son implantation, l’usine SNECMA, devenue Safran, spécialisée dans la production de disques de turbine pour les avions, inaugurée par François Mitterrand le 8 décembre 1987, a symbolisé la reconquête du territoire. Avec sept à huit ans de charge sur son carnet de commandes, Safran peut voir venir et s’est mis au diapason de la nécessaire transition énergétique, en produisant les disques de turbine pour le moteur d’avion LEAP.
Safran est l’un des cinq groupes industriels, de dimension mondiale, implantés au Creusot. Le site accueille aussi Alstom où sont fabriqués des bogies, Thermodyn, groupe GE, qui fabrique des compresseurs placés sur les oléoducs pour acheminer le gaz, mais aussi des turbines pour la production d’électricité. S’ajoutent deux autres piliers de l’industrie locale : Industeel groupe ArcelorMittal, spécialiste des aciers spéciaux, et un de ses fournisseurs, Framatome.
Fer du lance du Nucléaire
Transition énergétique oblige, le nucléaire redevient prioritaire. Industeel et Framatome n’en finissent plus de voir leurs besoins augmenter. Framatome Le Creusot produit tous les forgés pour les réacteurs EPR sur un rythme d’un réacteur EPR tous les dix huit mois.
Le Creusot se retrouve donc l’épicentre de la relance de l’industrie en France, en général, et du nucléaire en particulier. Les investissements sont si conséquents, qu’il n’y a pratiquement plus de terrains disponibles au Creusot. Les nouvelles implantations vont se faire en face de la gare de Creusot TGV. Dont celle de Jimmy, qui va fabriquer des micro réacteurs nucléaires, notamment pour les industriels, avec 100 millions d’euros d’investissements, dont 32 millions de subventions de l’Etat. Le Joailler MCGP va aussi s’installer à côté de la gare TGV avec 350 emplois à la clef.
Cette zone TGV, baptisée Coriolis, que la Communauté Urbaine avait voulu préserver des grands ensembles logistiques, à l’exception du déménagement de Lidl depuis Montceau – pour éviter son départ -, devrait bénéficier de la bienveillance de l’Etat pour pouvoir s’étendre, en s’exonérant des contraintes sur la zéro artificialisation des sols. Pas question pour l’Etat en effet de freiner l’exceptionnelle embellie industrielle du bassin du Creusot qui exporte 80% de ses productions industrielles. «Nous avons demandé, par exemple, pour Jimmy ou les Joailler MCGP, que leurs implantations soient considérées comme d’intérêt national et donc pas concernées par l’artificialisation des sols. Même demande sera faite pour ce qui peut concerner l’extension des ateliers pour le nucléaire» souligne David Marti. Et d’ajouter : «Mais on a aussi besoin de logements, de services publics, de suffisamment d’arrêts TGV», martèle David Marti qui aujourd’hui passe beaucoup de temps dans les Ministères. Car il faut aller vite. D’autres investissements conséquents sont attendus sur le front du nucléaire civil.
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Territoires & Industrie, un tour de France des solutions pour réindustrialiser
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