Crash d'un avion parti de Marseille au large des Comores : peine maximale requise contre la Yemenia Airways

Conjoint de la grand-mère de la jeune femme, l'octogénaire a plaidé la bonne foi à la barre du tribunal.

Conjoint de la grand-mère de la jeune femme, l'octogénaire a plaidé la bonne foi à la barre du tribunal.

Photo Stéphane Duclet (illustration)

Le procès de la compagnie aérienne Yemenia Airways, condamnée en première instance pour la mort de 152 personnes dans le crash d’un avion en 2009, en provenance de Marseille, se termine devant la cour d’appel de Paris.

La peine maximale, 225 000 euros, a été requise en appel contre la compagnie Yemenia Airways, condamnée en première instance pour homicides et blessures involontaires après la mort de 152 personnes dans le crash de l’un de ses avions au large des Comores en 2009. Une grande partie des passagers s’était envolée de l’aéroport de Marignane près de Marseille. "Quelle que soit la peine que votre cour prononcera, elle paraîtra dérisoire au regard de leur souffrance", a déclaré l’avocate générale Claire Malaterre à l’audience de la cour d’appel de Paris. "Je ne vois aucune circonstance atténuante dont pourrait bénéficier la compagnie", a-t-elle poursuivi.

Lors d’un premier procès du 9 mai au 2 juin 2022, la compagnie yéménite avait été condamnée à l’amende maximale de 225 000 euros. Elle avait fait appel.

Dans son réquisitoire de près de quatre heures, le ministère public n’a eu de cesse de pointer les "défaillances" d’une compagnie qui "n’a jamais rien fait pour faciliter le travail de la justice" ou "aider les familles à comprendre ce qu’il s’est passé".

Dans la nuit du 29 au 30 juin 2009, alors qu’il s’apprêtait à atterrir à l’aéroport de Moroni, capitale des Comores, le vol Yemenia 626 s’était abîmé dans l’océan Indien, tuant 141 passagers, dont 65 Français, et 11 membres d’équipage. Une seule survivante, Bahia, 12 ans, avait passé 11 heures accrochée à des débris de l’Airbus, sauvée par un pêcheur.

Des mois avant le crash, l’importante communauté comorienne de Marseille n’avait cessé de dénoncer ces "avions poubelles". "On interpelle les autorités françaises sur ces vols de la mort, mais c’est comme si on était considérés comme des négros", hurlera un élu d’origine comorienne en apprenant la tragédie…

"Grands mariages"

Devant la cour d’appel de Paris, l’accusation a rappelé les "multiples carences" de la Yemenia dans la formation de ses pilotes ou l’entretien de ses avions. En première instance, le tribunal correctionnel avait déjà souligné "les imprudences en lien certain avec l’accident" de la compagnie. Il avait notamment pointé du doigt le maintien des vols de nuit en période estivale, où la météo était susceptible d’imposer une manœuvre d’atterrissage délicate alors que certains feux de l’aéroport de Moroni ne fonctionnaient pas.

L’avocate générale a aussi insisté sur la formation "lacunaire et parcellaire" des pilotes, qui pouvait s’avérer "insuffisante et dangereuse" et dont la compagnie avait pleinement conscience. Les investigations menées sur les boîtes noires, retrouvées fin août 2009 par 1 280 mètres de fond, avaient permis de conclure que l’accident était dû à une série d’erreurs de pilotage.

Lors de son ultime voyage, l’Airbus A310 transportait de nombreux Comoriens et Français d’origine comorienne qui se rendaient dans l’archipel pour célébrer des "grands mariages", des cérémonies rassemblant des villages entiers. Partis de Paris ou Marseille, les passagers avaient changé d’avion à Sanaa (Yémen). Les expertises judiciaires avaient conclu que l’état technique de cet appareil n’était pas en cause. La décision de la cour d’appel sera rendue le 10 septembre 2024.