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"Fast", un spectacle pour sensibiliser les adolescents aux enjeux de la fast fashion

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Par Kiosk

Ce samedi 23 mars dans Kiosk, on parle fringues, look et surconsommation, piliers incontournables de la fast fashion. Cindya Izzarelli reçoit Olivier Lenel et Didier Poiteaux de la Compagnie Inti, venus lui présenter leur nouveau spectacle Fast, dans lequel ils nous proposent une réflexion documentée et ludique sur une des industries les plus polluantes de la planète.

Que celui qui n'a jamais acheté un t-shirt à dix euros se lève ! Que celle qui n'a jamais craqué pour la petite veste "tendance" à 29,9 euros me jette la première pierre ! Bienvenue dans l'univers de la Fast Fashion.

La fast fashion, c'est ce mode de production de l'industrie textile qui vise à produire toujours plus à des prix toujours plus bas. Selon les données d’Eurostat, les ménages de l’UE ont dépensé environ 282 milliards d’euros en vêtements et 68 autres pour les chaussures en 2022. Et tout aussi interpellant, entre 264.000 tonnes et 594.000 tonnes de textiles sont détruites chaque année en Europe rapporte Le Soir. Une surconsommation qui entraine de véritables désastres écologiques. La fast fashion représente 10% des émissions mondiales de CO2 avec 1,2 milliard de tonnes rejetées chaque année, 20% de la pollution d'eau douce dans le monde sans parler des conditions de travail déplorables pour les ouvrières textiles à l'autre bout du monde. Quand on sait qu'un Belge achète en moyenne 13,5 kilos de vêtements par an et que les marques de fast fashion (Zara, H&M, Shein, Primark, etc.) peuvent lancer jusqu'à 40 collections par an, il était temps de se poser des questions. C'est ce qu'on entrepris Olivier Lenel et Didier Poiteaux.

"Fast" de Didier Poiteaux et Olivier Lenel de la Compagnie Indi

Ils se côtoient depuis longtemps sur les planches. Il y a une dizaine d'années, ils décident de créer Indi leur propre compagnie à destination d'un jeune public. Didier Poiteaux avait découvert cette forme de théâtre mêlant interactions avec le public, récits de vie et parcours personnel, à la faveur d'un stage chez Nicolas Bonneau :

Ça a tout de suite fait écho chez moi pour être un vecteur de certaines questions de société ou de certaines questions politiques et pour les adolescents, parce que c'est un âge qui en fait qui me botte assez bien. Et on a eu lors de ces spectacles de tellement beaux moments de réflexion, de débat philo, d'ateliers avec eux, qu'après le premier on a on n'a pas pu s'empêcher de continuer.

Un long travail de recherche sur la fast fashion

Un premier spectacle Susy & Franck en 2016 qui parlait d'amour et de la peine de mort, un autre Un silence ordinaire en 2019 sur l'alcoolisme et la notion de tabou. L'idée de traiter le sujet de la fast fashion leur est venue il y a deux, trois ans. Il y a d'abord un temps pour le travail journalistique, la collecte d'informations, l'exploration de tous les aspects de la thématique, les contacts avec les associations et les voyages au Kenya et au Pakistan pour "ramener du concret, ramener du réel parce que c'est basé là dessus, c'est un théâtre du réel et le partager enfin, notamment toutes ces choses qu'on nous cache finalement".

Il y a ensuite le volet création comme l'explique Olivier Lenel : "Chaque projet a son histoire, c'est différent à chaque fois, on a chacun nos lubies. Didier a besoin  d'une bonne histoire. Il a besoin de quelque chose qui puisse nous toucher à un endroit en tant qu'humain. Et moi, j'ai une grande envie de bien faire comprendre. J'aime que ce soit didactique mais surtout ludique. Et là dessus, on se complète assez bien".

Didier Poiteaux renchérit :

Notre volonté est de ne pas être moralisateur, de ne pas dire ce qu'on doit penser, mais de mettre de la pensée en mouvement et d'essayer d'avoir tous les aspects d'une de la thématique et de les poser. Et après à chacun de faire son chemin avec ça 

"Fast" de Didier Poiteaux et Oliver Lenel au Théâtre Indi
"Fast" de Didier Poiteaux et Oliver Lenel au Théâtre Indi © Tous droits réservés

Dis moi comment tu t'habilles, je te dirai qui tu es !

Depuis qu'il s'est intéressé à cette thématique, Didier Poiteaux avoue faire plus attention à la manière dont il s'habille. Curieux paradoxe ! Et cependant pas tellement tant le vêtement symbolise notre manière de nous présenter au monde. Presqu'une manière de nous définir, de montrer notre appartenance à tel ou tel groupe social. Par conséquent, changer son mode de consommation, c'est changer la manière de se montrer au monde et donc, de changer la perception que nous avons de nous mêmes.

Cette question du paraître, du bon look, des bons codes pour être intégré sont au cœur des problématiques adolescentes. Les jeunes sont la première cible de la fast fashion et de ce modèle économique qui repose sur l'accumulation et la nouveauté. D'où l'intérêt de ce spectacle qui met en lumière la réalité des dégâts causés par cette industrie pour susciter une prise de conscience. Mission complexe car si on les invite à prendre une responsabilité vis à vis de leurs actes d'achat, ils ne cessent d'être confrontés à la publicité, à la mode car tout le système est fait pour eux et est fait pour leur plaire en fait !

► Envie d'en savoir plus sur la genèse et le développement de ce coup de cœur théâtral ? Alors rendez-vous dans Kiosk ce samedi 23 mars à 14 h sur La Première.

"Fast" est à découvrir 28 au 30 mars au Centre Culturel de Bruegel à Bruxelles ainsi que du 9 au 11 avril au Centre Culturel de Verviers.  

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