En images : De la rouste irlandaise au triomphe dans le Crunch, revivez le tournoi des Bleus en mode « Space Mountain »

RUGBY le XV de France, chahuté presque à tous les matchs, a finalement bouclé un Tournoi des VI Nations, riche en émotions fortes, à la seconde place derrière l’Irlande

Julien Laloye
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French players celebrates try  France's centre Gael Fickou during the Six Nations international rugby union match between France and England at the Groupama Stadium in Decines-Charpieu, near Lyon, on March 16, 2024.

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French players celebrates try France's centre Gael Fickou during the Six Nations international rugby union match between France and England at the Groupama Stadium in Decines-Charpieu, near Lyon, on March 16, 2024. //ALLILIMOURAD_ALLILI0180/Credit:MOURAD ALLILI/SIPA/2403171129 — MOURAD ALLILI/SIPA

Un dénouement hitchcockien qui sonne comme une revanche après ce quart de finale traumatisant contre l’Afrique du Sud. Le XV de France a bouclé son Tournoi des VI Nations 2024 par une victoire in extremis dans un Crunch irrespirable sur une pénalité à la dernière minute. Trois points qui changent tout, puisqu’ils permettent aux Bleus de boucler le tournoi à la deuxième place, une habitude depuis 2020 (quatre fois deuxième, une fois premier). Un bilan honorable grâce à des faits de jeu souvent favorables, malgré un contenu en demi-teinte.

  • Paul Willemse n’a pas aidé les Bleus lors du match d’ouverture face à l’Irlande le 2 février 2024, récoltant deux cartons jaunes coup sur coup en première mi-temps au Vélodrome.
    Paul Willemse n’a pas aidé les Bleus lors du match d’ouverture face à l’Irlande le 2 février 2024, récoltant deux cartons jaunes coup sur coup en première mi-temps au Vélodrome. — Nicolas Tucat / AFP

    Décidés à oublier l’échec du Mondial grâce à un calendrier favorable et la réception du XV du Trèfle au stade Vélodrome pour commencer le tournoi 2024, les Bleus ont dû vite déchanter. Rapidement menés au score, ils doivent en plus évoluer en infériorité numérique, plombés par Paul Willemse. Le deuxième ligne tricolore, déjà sorti dix minutes pour un plaquage haut, récidive quelques minutes après son entrée et écope d’un carton rouge (32e). La France est alors menée 17-3.

  • Bundee Aki, le centre surpuissant des Irlandais, a mis en évidence les faiblesses tricolores au centre du terrain, qui les poursuivront pendant tout le tournoi.
    Bundee Aki, le centre surpuissant des Irlandais, a mis en évidence les faiblesses tricolores au centre du terrain, qui les poursuivront pendant tout le tournoi. — Manuel Blondeau / SIPA

    Eux aussi défaits en quarts de finale de la Coupe du monde pour un petit point et orphelins de Sexton, parti à la retraite, les Irlandais n’ont pas perdu foi en leurs principes de jeu, avec presque 60 % de possession. Jamais l’Irlande n’avait marqué autant de points face aux Bleus (17-38). C’est aussi la deuxième plus large défaite de Bleus à la maison dans l’histoire du Tournoi… depuis 1914.

  • Intronisé demi de mêlée titulaire en l’absence d’Antoine Dupont, Maxime Lucu a été chahuté par la troisième ligne irlandaise toute la rencontre
    Intronisé demi de mêlée titulaire en l’absence d’Antoine Dupont, Maxime Lucu a été chahuté par la troisième ligne irlandaise toute la rencontre — Daniel Cole / SIPA

    Amenés à prendre le relais de Romain Ntamack, en reprise, et Antoine Dupont, parti se préparer pour les JO à sept, Matthieu Jalibert et Maxime Lucu étaient très attendus. Mais derrière un pack bousculé et une touche hors sujet (quatre lancers perdus), les deux coéquipiers de l’UBB ont été sevrés de ballon, avec moins de 50 prises de balles à deux contre 112 pour Gibson-Park et Crowley, leurs homologues irlandais.

  • Damian Penaud a brièvement redonné espoir aux XV de France juste avant la mi-temps.
    Damian Penaud a brièvement redonné espoir aux XV de France juste avant la mi-temps. — Clément Mahoudeau / AFP

    Seule satisfaction de ce premier match largement perdu, le nouvel essai de Damian Penaud, qui en profite alors pour devenir le meilleur marqueur d’essais tricolore de l’histoire du tournoi avec 15 réalisations. C’est une de plus que Serge Blanco et Philippe Sella.

  • A Murrayfield, les Bleus vont surtout s’employer à bien défendre, à l’image de Cameron Woki, qui monte ici au contre sur le demi de mêlée écossais
    A Murrayfield, les Bleus vont surtout s’employer à bien défendre, à l’image de Cameron Woki, qui monte ici au contre sur le demi de mêlée écossais — Will Palmer / SIPA

    En Ecosse, les Bleus ne se rassurent pas vraiment sur le plan du jeu. Au cours d’un match, personne ne se risque à de grandes envolées au large. Quatre-vingt-quatre coups de pied sont échangés, dont 40 côté français, le deuxième plus haut total de l’ère Galthié. Une bataille au pied longtemps gagnée par les Ecossais et leur génial ouvreur Finn Russel.

  • Louis Bielle-Barrey inscrit son sixième essai en neuf sélections face aux Ecossais, le 10 février 2024 à Murrayfield.
    Louis Bielle-Barrey inscrit son sixième essai en neuf sélections face aux Ecossais, le 10 février 2024 à Murrayfield. — Will Palmer / SIPA

    Menés 16-10 et dominés tactiquement, les Bleus surgissent du néant à dix minutes de la fin. Sur un décalage du nouvel entrant Le Garrec, Louis Bielle-Barrey tape à suivre pour lui-même au-dessus de la défense du Chardon et parvient à aplatir. Les Bleus repassent alors devant d’un petit point.

  • Le XV écossais pense avoir renversé le score lors de la dernière seconde, avant cinq minutes interminables de revisionnage de l’action par l’arbitre vidéo.
    Le XV écossais pense avoir renversé le score lors de la dernière seconde, avant cinq minutes interminables de revisionnage de l’action par l’arbitre vidéo. — David Gibson / SIPA

    Sur la dernière action, alors qu’ils n’ont plus que trente secondes à tenir avant de dégager en touche, les Bleus perdent leur ballon sur un ruck mal maîtrisé à dix mètres de leur ligne. Après plusieurs charges de pick and go, les Ecossais pensent avoir aplati derrière la ligne, mais l’arbitre Nic Barry n’est pas de cet avis. Il demande de l’aide à l’arbitre vidéo.

  • Charles Ollivon et les Bleus repartent d’Edimbourg avec le trophée Alliance, qui récompense chaque année le vainqueur du match entre Français et Ecossais.
    Charles Ollivon et les Bleus repartent d’Edimbourg avec le trophée Alliance, qui récompense chaque année le vainqueur du match entre Français et Ecossais. — Stuart Wallace / SIPA

    Après d’interminables minutes d’attente, et dans le doute d’une image plus nette qui infirmerait sa décision initiale, l’arbitre Nic Berry décide de ne pas accorder l’essai aux Ecossais. Les Bleus s’imposent d’un souffle (16-20) et signent leur troisième victoire à Murrayfield avec Galthié, mais avec beaucoup moins de marge que lors de la démonstration de 2022.


  • Matthieu Jalibert, désormais titulaire à l’ouverture en attendant le retour de Romain Ntamack, tente d’animer le jeu contre l’Italie, le 25 février 2024 à Lille.
    Matthieu Jalibert, désormais titulaire à l’ouverture en attendant le retour de Romain Ntamack, tente d’animer le jeu contre l’Italie, le 25 février 2024 à Lille. — Denis Charlet / AFP

    A Lille, les Français semblent d’abord dérouler contre une équipe italienne qui ne l’a jamais emporté dans l’Hexagone depuis son intégration dans le tournoi. 10-0 à la demi-heure de jeu, mais un manque de réalisme offensif malgré 70 % de possession, à l’image de plusieurs mauvais choix de Matthieu Jalibert dans les 22 mètres adverses.

  • Jonathan Danty, ici auteur d’un plaquage régulier sur Garbisi, va laisser ses coéquipiers à 14 contre 15 après un autre plaquage mal maîtrisé sur son vis-à-vis Juan-Ignacio Brex.
    Jonathan Danty, ici auteur d’un plaquage régulier sur Garbisi, va laisser ses coéquipiers à 14 contre 15 après un autre plaquage mal maîtrisé sur son vis-à-vis Juan-Ignacio Brex. — Pavel Golovkin / SIPA

    Alors que le match en Ecosse avait montré du mieux sur la discipline, les Bleus sont de nouveau réduits à 14 après un plaquage tête contre tête de Danty en première période. Le sixième carton rouge de l’équipe de France dans le Tournoi des VI Nations, un record que ne jalouseront pas les autres nations.

  • Ange Capuozzo, l’arrière du stade toulousain, aurait pu choisir de jouer pour le XV de France. Mais il a choisi l’Italie.
    Ange Capuozzo, l’arrière du stade toulousain, aurait pu choisir de jouer pour le XV de France. Mais il a choisi l’Italie. — Denis Charlet / AFP

    Beaucoup moins souverains en infériorité numérique, les Bleus finissent par craquer sur un mouvement d’envergure des Transalpins conclu en coin par le feu follet Ange Capuozzo, bien plus à l’aise en sélection avec Toulouse. La transformation en coin de Garbisi remet les deux équipes à égalité (13-13), avant des dernières minutes irrespirables.

  • Les joueurs de la Squadra dépités après le dénouement de la rencontre au stade Pierre-Mauroy.
    Les joueurs de la Squadra dépités après le dénouement de la rencontre au stade Pierre-Mauroy. — Sameer Al-Doumy / AFP

    Cantonné dans ses 40 mètres lors de la dernière action, le XV de France concède une pénalité largement dans les cordes Paulo Garbisi, qui peut signer un exploit retentissant pour le rugby italien, de 35 mètres légèrement excentré à gauche. Mais l’impensable se produit alors. Le ballon chute du tee, et malgré l’aide d’un équipier, Garbisi est obligé de précipiter sa routine. Sa frappe vient heurter le poteau droit, les Bleus sauvent les meubles avec le match nul.

  • Rio Dyer tente de s’infiltrer entre Nicolas Depoortere et Thomas Ramos à Cardiff, le 10 mars 2024. La défense au centre du terrain a été l’un des points faibles récurrents des Bleus lors du Tournoi des VI Nations.
    Rio Dyer tente de s’infiltrer entre Nicolas Depoortere et Thomas Ramos à Cardiff, le 10 mars 2024. La défense au centre du terrain a été l’un des points faibles récurrents des Bleus lors du Tournoi des VI Nations. — Adrian Dennis / AFP

    Conscient de la fatigue mentale et du manque d’énergie de son groupe, Fabien Galthié se décide à injecter du sang neuf face au Pays de Galles, l’équipe la plus faible du plateau. Le colosse Meafou, le filou Le Garrec, et la flèche Depoortere sont lancés dans le grand bain du Millenium, où on assiste à une orgie de rugby. Les Bleus mènent 20-17 à la mi-temps, en dépit de ses trous d’air défensifs.

  • Historiquement pourvoyeur de grands talents en France, le poste de demi de mêlée peut déjà compter sur Nolann Le Garrec, 21 ans seulement.
    Historiquement pourvoyeur de grands talents en France, le poste de demi de mêlée peut déjà compter sur Nolann Le Garrec, 21 ans seulement. — Adrian Dennis / AFP

    Le culot offensif des Tricolores fait plaisir à voir à Cardiff, notamment quand il est incarné par le numéro neuf du Racing Nolann Le Garrec. Auteur d’une chistera aussi magnifique que risquée pour son ouvreur Thomas Ramos qui fera le tour de la planète rugby, le jeune homme inscrit aussi un essai au ras du regroupement qui relance des Bleus alors en difficulté.

  • Non, Emmanuel Meafou ne tient pas un ballon de rugby gris entre ses mains.
    Non, Emmanuel Meafou ne tient pas un ballon de rugby gris entre ses mains. — Geoff Caddick / AFP

    L’autre révélation de la rencontre est à chercher du côté des avants. Emmanuel Meafou, brillant avec le Stade Toulousain, est enfin sélectionnable après avoir fait le choix de la France plutôt que de l’Australie. Doté d’un gabarit impressionnant (2,02 m, 145 kg), il était le deuxième ligne qui manquait au staff de Galthié.

  • Maxime Lucu, de retour dans son rôle de doublure, inscrit le dernier essai de la démonstration tricolore à Cardiff (24-45).
    Maxime Lucu, de retour dans son rôle de doublure, inscrit le dernier essai de la démonstration tricolore à Cardiff (24-45). — Adrian Dennis / AFP

    Même imparfaits, les hommes de Galthié signent leur record de points lors d’une victoire en terre galloise (24-45), puisque la rouste mythique de 1998 (0-51) avait eu lieu à Wembley, pour cause de travaux à l’Arms Park. Alors que les Gallois se dirigent tout droit vers la cuillère de bois, les Bleus ont encore une petite chance mathématique de gagner le tournoi en cas de victoire face à l’Angleterre et de défaite des Irlandais contre l’Ecosse.

  • Pour sa deuxième sélection, Léo Barré a parcouru 101 mètres ballons en main contre l’Angleterre au Groupama Stadium (Lyon), plus haut total de la rencontre.
    Pour sa deuxième sélection, Léo Barré a parcouru 101 mètres ballons en main contre l’Angleterre au Groupama Stadium (Lyon), plus haut total de la rencontre. — Laurent Cipriani / SIPA

    Face à leurs meilleurs ennemis du tournoi, qui ne les ont plus battus depuis 2021, les Bleus réalisent une première mi-temps enthousiasmante, avec un magnifique essai de relance conclu par Le Garrec. Malheureusement, deux occasions d’essais laissées en route permettent au XV de la Rose de rester dans le match à la mi-temps grâce à un essai tout en puissance de Lawrence (16-10).

  • Ollie Lawrence, auteur d’un doublé, a fait très mal aux Bleus lors du « crunch ».
    Ollie Lawrence, auteur d’un doublé, a fait très mal aux Bleus lors du « crunch ». — Andrew Fosker / SIPA

    Après une première demi-heure loin de l’impression laissée face à l’Irlande une semaine plus tôt (victoire 23-22), le XV de la Rose se rebiffe et passe un 21-0 aux Bleus en moins d’un quart d’heure, transperçant à plusieurs reprises le rideau défensif mis au point par Shaun Edwards. Devant au score 16-3 à la 38e, les Bleus se retrouvent menés 24-16.

  • Critiqué en début de tournoi, Gaël Fickou a terminé la compétition en trombe et remis les Bleus en tête contre l’Angleterre à Lyon.
    Critiqué en début de tournoi, Gaël Fickou a terminé la compétition en trombe et remis les Bleus en tête contre l’Angleterre à Lyon. — MOURAD ALLILI/SIPA

    Au bord du gouffre, l’équipe de France se relève grâce à un impact physique retrouvé et une certaine réussite sur quelques rebonds favorables, à l’image d’un coup de pied défensif de Ramos qui finit un peu par hasard dans les bras de Penaud, lequel envoie Fickou à l’essai. Les Bleus repassent devant mais restent à portée d’essai transformé des coéquipiers de Georges Ford (30-24).

  • Thomas Ramos a fini meilleur marqueur du tournoi pour la deuxième année d’affilée avec 63 points.
    Thomas Ramos a fini meilleur marqueur du tournoi pour la deuxième année d’affilée avec 63 points. — Mourad Allili / SIPA

    Lors de sa dernière attaque, le XV de France obtient une pénalité à cinquante mètres légèrement à droit des poteaux. Thomas Ramos, l’un des buteurs les plus fiables du monde, a le coup de pied de la gagne au bout du pied. L’arrière toulousain, replacé ouvreur après la blessure de Jalibert contre l’Italie, vient de rater une pénalité dans ses cordes quelques minutes plus tôt. Mais il ne tremble pas et permet aux Bleus de battre l’Angleterre (33-31) pour la quatrième fois d’affilée à la maison.

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