On vous raconte comment Marcel Pagnol est devenu consul du Portugal à Monaco

Cinquante ans après la mort de l’écrivain méridional, cet épisode insolite de sa vie demeure méconnu. Sa nomination eut pourtant un caractère tout ce qu’il y a de plus officiel !

Article réservé aux abonnés
Lionel Paoli Publié le 16/04/2024 à 08:50, mis à jour le 16/04/2024 à 08:50
Pagnol a été autorisé "à exercer les fonctions de Consul du Portugal à Monaco" le 20 mai 1949. (Photo DR / Marcel Pagnol Communication).

Le 9 mai 1949, Rainier III monte sur le trône. Sa toute première ordonnance est consacrée au dramaturge. Le 20 mai, le nouveau prince souverain l’autorise officiellement " à exercer les fonctions de Consul du Portugal à Monaco".

Nonobstant le document officiel, signé par le prince lui-même, on pourrait croire à un canular. L’affaire est pourtant très sérieuse. Elle trouve son origine quelques semaines plus tôt, sur le Rocher, lors d’un dîner réunissant le couple Pagnol et l’écrivain Pierre Benoît.

Entre la poire et le fromage, l’auteur de L’Atlantide se penche vers Marcel: "Je vais donner une conférence à l’Institut français de Lisbonne. Pourquoi ne viendriez-vous pas avec moi?" Le créateur de Marius hésite. Mais les yeux azur de sa jeune épouse brillent d’enthousiasme. Il cède: "Allez, c’est d’accord!"

Dans la capitale portugaise, l’ambassadeur de France donne une réception en l’honneur des deux académiciens. Le ministre des Affaires étrangères du président Carmona participe aux agapes. Apprenant que Pagnol réside en Principauté, il le mitraille de questions. Puis confesse, en riant, qu’il "ignore le nom du consul du Portugal à Monaco".

"C’est parce que nous n’en avons pas, souffle un conseiller. Le dernier a déménagé à Florence. Nous devons lui trouver un remplaçant."

"Et pourquoi pas vous, Maître?" s’enquiert le ministre. Marcel éclate de rire. Mais l’homme poursuit sans ciller: "Ce serait un honneur pour nous. Ce n’est pas une tache très absorbante: elle ne vous occuperait que cinq minutes par trimestre."

"J’aurais le panonceau du Portugal au-dessus de ma porte?" s’amuse le cinéaste.

"Parfaitement, sourit le ministre. Et vous pourrez afficher les lettres C.C. (corps consulaire) sur la plaque de votre voiture. Il faut seulement que le gouvernement monégasque soit d’accord."

Informés, les médias rapportent l’événement sur un ton mordant. Pagnol lui-même rigole sous cape. "Lorsqu’il a reçu les tampons officiels, il s’est empressé de les perdre, raconte Raymond Castans (1). Il expliquait: “Je ne peux pas prendre le risque, un jour, de tamponner le visa d’un type qui va aller assassiner Salazar!"»

Marcel Achard, le meilleur ami du dramaturge, amusa le Tout-Paris en racontant qu’au-dessus de la porte de son domicile, Pagnol avait fait apposer une plaque en cuivre portant l’inscription suivante: "Consulat du Portugal – mission diplomatique". Et, en plus petits caractères: "Pour tout renseignement ou service, s’adresser au consulat du Portugal à Nice."

1. Pagnol et Monaco, éditions du Rocher, 2000.

(Repro Archives du Palais princier).

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Var-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.