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Près de la moitié de la flotte de Ponant, qui compte 13 navires, bénéficie d’un arrêt technique dans différents ports européens avant le début de la saison estivale. Des périodes de maintenance qui ont notamment pour but d’améliorer les performances environnementales de la flotte. Mer et Marine fait le point avec Julien Fieschi, directeur de la flotte de la compagnie de croisière française.

En plus du Commandant Charcot, qui vient de connaitre à Brest son premier passage en cale sèche depuis sa mise en service en 2021, le programme d’arrêts techniques de Ponant est, comme c’est traditionnellement le cas en cette période l’année, très chargé actuellement. Cinq autres de ses navires sont en effet concernés ce mois-ci. « Nous avons sur avril six arrêts techniques à mener simultanément dans différents ports, ce qui constitue un beau challenge. Celui du Charcot, qui vient de se terminer, est le premier de cette série. Notre stratégie de maintenance est basée sur un arrêt technique tous les deux avec suivi par le BV, en nous synchronisant sur les périodes d’intersaison », explique Julien Fieschi, à la tête d’une quinzaine d’ingénieurs, dont la moitié au sein d’une équipe projet.

Les autres navires concernés sont Le Bougainville, passé en arrêt technique du 29 mars au 13 avril à Malte, le Lyrial du 5 au 25 avril à Santander, Le Dumont d’Urville du 9 au 24 avril à Las Palmas, L’Austral du 15 au 29 avril à Cadix et Le Boréal, qui à l’instar du Commandant Charcot passera à Brest, du 15 au 29 avril. « Les travaux concernent le suivi ou le renouvellement de la classe, la vérification des organes de sécurité, les apparaux de manœuvre, les safrans, les hélices, la propulsion… A ces arrêts techniques classiques viennent s’ajouter des rénovations classiques sur les espaces publics des navires, en fonction de leur âge, ainsi que des interventions liées au programme d’investissement de la compagnie dans l’amélioration des performances environnementales. C’est d’ailleurs ce qui nous occupe le plus car cela nécessite un important travail de rétro-ingénierie ».

 

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© MARC OTTINI

Le Bougainville. 

 

L’Austral va, ainsi, être le premier des quatre navires de la classe Boréal à voir son bulbe d’étrave changé, la nouvelle pièce métallique, produite par le chantier espagnol Navantia, étant optimisée pour une exploitation à vitesse plus réduite, ce qui va permettre de réaliser des gains appréciables en matière de consommation de carburant. Une modification qui sera effectuée sur ses trois jumeaux (Le Boréal, Le Soléal et Le Lyrial) en 2025 et 2026.

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

L'Austral. 

 

En attendant, Le Lyrial est, au cours de son arrêt technique réalisé actuellement à Santander, équipé de systèmes de réduction catalytique (SCR) sur ses quatre diesels-générateurs. « Ces systèmes permettent de traiter les émissions d’oxydes d’azote. On coupe les quatre échappements des moteurs et on les remonte en intégrant un pot catalytique et un système d’injection d’urée ». Alors que la compagnie n’a pas besoin de scrubbers (systèmes de lavage des fumées) pour réduire les oxydes de soufre puisque ses navires fonctionnent depuis de nombreuses années déjà avec du gasoil désulfuré (le Charcot dispose quant à lui de moteurs au GNL, carburant qui n’émet pas de SOx), des tests sont en cours avec un système de filtrage des particules fines.

 

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© EMMANUEL BONICI

Le Lyrial. 

 

A la pointe Bretagne, l’arrêt technique du Boréal, un navire mis en service en 2010, sera marqué par un chantier d’optimisation de la climatisation. « C’est notre second grand levier de réduction de la consommation énergétique après la propulsion. La part de la climatisation dépend du navire et des zones d’opération mais en moyenne cela représente autour de 15% du poste énergétique », souligne Julien Fieschi. Le Boréal va bénéficier d’une rénovation de ses équipements permettant une meilleure efficacité de la climatisation, d’autant que celle-ci va être pilotée par un nouveau système numérique afin d’obtenir un fonctionnement optimal.

 

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© JACQUES THYEBAUT

Le Boréal. 

 

Sur le Dumont d’Urville, unité plus récente puisque ce bateau, entré en flotte en 2019, est l’un des six Explorer, c’est une nouvelle peinture de coque qui va être appliquée lors de son passage en cale sèche aux Canaries. « C’est un navire qui évolue beaucoup en zones tropicales, avec une certaine sensibilité aux organismes marins qui se mettent sur la coque. Nous allons tester une nouvelle peinture fournie par la société française GIT, qui présente les mêmes avantages que les revêtements à base de silicone mais contrairement à ceux-ci, cette peinture ne génère pas de problème d'arrachage de particules au fil du temps ». Sa mise en place sur le Dumont d’Urville va nécessiter de sabler la coque jusqu’à l’acier pour reposer une couche complète de peinture.

 

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© FABIEN MONTREUIL

Le Dumont d'Urville. 

 

Quant au Commandant Charcot, opérationnel depuis 2021 et qui est le navire le plus moderne de la flotte de Ponant, il n’a pas bénéficié de gros chantier lié aux aspects environnementaux, étant déjà aux standards les plus élevés. Le navire a cependant, comme Le Lyrial, été connecté la semaine dernière au niveau système de gestion centralisé de Ponant qui va permettre à la compagnie de recueillir en temps réel toutes les données techniques intéressantes. « L’objectif est de connecter toutes les données de la passerelle et des machines pour pouvoir les collecter en temps réel et les analyser ». Cela, afin d’optimiser le fonctionnement des navires, mieux gérer leur maintenance et, là où c’est possible, réaliser des gains sur la consommation énergétique. Un système qui s’appuie notamment sur le déploiement - désormais effectif - à bord de la flotte de Ponant de Starlink, qui s’ajoute aux autres systèmes de communication par satellite employés par l’armateur (Iridium Certus et V-SAT).

 

© STUDIO PONANT - GUILLAUME ROBIN

 

Lors de son arrêt technique à Brest, où il est arrivé le 25 mars et en est reparti le 12 avril, Le Commandant Charcot a connu son premier passage en cale sèche depuis sa construction. L’occasion d’inspecter au plus près la coque de ce navire, qui est pour le moment l’unique paquebot brise-glace au monde, ce qui lui permet de s’aventurer jusqu’au pôle Nord et au cœur de la banquise en Antarctique. La ceinture glace, la partie la plus épaisse de la coque (60 mm à l’avant, 40 à 45 mm sur le tiers avant, 25 à 30 mm sur le reste du bordé et 35 mm à l’arrière), a notamment été contrôlée et mesurée. Au final, la robuste coque a très bien tenu ses premières années en zones polaires, seuls « quelques points de vigilance » étant ressortis en matière de corrosion. « Cela se joue sur la peinture spéciale glace de la coque, très épaisse et qui ressemble à de l’époxy. Sur plus de 90% de la coque, elle a parfaitement tenu mais l’antifouling est très sollicité par la glace et nous avons constaté quelques petits arrachements de ce revêtement, qui ont été repris là où c’était nécessaire ». Tous les ballasts du Commandant Charcot ont par ailleurs été inspectés et ses deux moteurs électriques orientables Azipod ont bénéficié de travaux de maintenance, alors que toute la chaîne de propulsion gaz ainsi que les cuves permettant de stocker le gaz naturel liquéfié ont été visitées. « Les contrôles se sont très bien passés, il n’y a pas eu de surprise », indique Julien Fieschi. Remis à l’eau à l’issue des travaux, Le Commandant Charcot a pu regarnir ses cuves au port de commerce de Brest grâce à une opération d’avitaillement en GNL effectuée avec le souteur Kairos, avant de partir le 12 avril pour l’Islande et reprendre le cycle de ses croisières.

 

© STUDIO PONANT - GUILLAUME ROBIN

 

Deux autres navires de la flotte de Ponant bénéficieront cette année d’un arrêt technique, Le Bellot et Le Jacques Cartier, qui passeront en cale sèche au mois de novembre, après la saison estivale. Pour le second, exploité en Asie, ce chantier sera réalisé à Singapour, la décision n’étant pas encore prise pour le premier, qui navigue cet été en Europe du Nord.

© Un article de la rédaction de Mer et Marine. Reproduction interdite sans consentement du ou des auteurs.

 

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