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Loi anti-chemtrails : quand une théorie du complot devient une réalité politique

Les chemtrails ont été officiellement interdits au Tennessee, démontrant l’impact grandissant des théories du complot.

La Chambre des représentants de l’état du Tennessee vient de voter une nouvelle loi interdisant « l’injection volontaire, la libération ou la dispersion de produits chimiques dans l’air ». Si sous cet intitulé l’article peut sembler rempli de bon sens, la réalité est, malheureusement, bien différente.

Car ce n’est pas tant le texte en lui-même qui pose problème. Ce dernier ne mentionne d’ailleurs jamais le mot « chemtrails », pourtant tout permet de comprendre que c’est bien de cela qu’il s’agit. Les défenseurs de ce texte de loi, comme le très controversé conspirationniste Alex Jones, veulent mettre fin aux « chemtrails » et à la « géoingéniérie solaire ».

C’est quoi les chemtrails ?

Dans les deux cas, il n’est question ici que d’affabulations. Les « chemtrails » sont des traînées blanches laissées par les avions quand ils traversent le ciel. Étudiées par les chercheurs depuis des années, elles n’ont plus aucun secret. Il s’agit d’une simple condensation de vapeur émise par les réacteurs dans certaines conditions météorologiques précises.

Mais cette réponse scientifique n’a pas réussi à convaincre tout le monde. De nombreuses théories du complot existent autour des chemtrails. Pour les défenseurs de ces dernières, ces traînées blanches seraient la preuve de la dispersion d’agents chimiques dans l’atmosphère.

Sur X, le vulgarisateur « Astropierre » s’inquiète de l’arrivée d’une théorie du complot « aussi haut dans l’appareil législatif. » Il précise que ce texte « restera infondée scientifiquement et inapplicable. » 

Une théorie du complot ultra-populaire

C’est cette pseudodispersion qui inquiète les autorités du Tennessee. Au point que la chambre des représentants vient de voter une loi pour les interdire. Le texte juridique — qui avait déjà été approuvé par le Sénat de l’État — est désormais dans les mains du gouverneur. Si ce dernier le ratifie, la loi entrera en application au 1er juillet prochain.

Si cette théorie du complot peut sembler ridicule (spoiler : elle l’est), beaucoup de personnes la prennent au sérieux. Et le phénomène ne se limite pas aux États-Unis. En France une étude de l’IFOP menée en 2020 démontrait que 15 % des Français croyaient eux aussi à cette théorie.

Les chemtrails sont un des premiers sujets évoqués par les complotistes, au même titre que le mythe de la terre plate ou encore celui d’un ordre souverain secret et maléfique. Parmi les défenseurs de cette théorie, on retrouve plusieurs personnalités, dont l’acteur Chuck Norris, qui a pris plusieurs fois position sur la question.

Pourquoi cette loi est inquiétante ?

L’arrivée de cette loi aux États-Unis n’est qu’une démonstration de plus de la naïveté et du manque de connaissance scientifique du grand public. Il ne faut cependant pas prendre ce problème à la légère ni même se croire « plus intelligent » que les complotistes.

Les mécaniques de persuasion et les arguments utilisés par les défenseurs de ces théories sont, avec le temps, de mieux en mieux construits et de nombreuses personnes y adhèrent, bien souvent sans s’en rendre compte à une théorie du complot.

En plus du Tennessee qui a été le premier à franchir le pas, d’autres états américains réfléchissent à faire passer de telles lois dans les prochaines années. Au pays de l’Oncle Sam, ce sont 55 % des citoyens qui soutiennent au moins une théorie du complot. Un chiffre qui monte même à 68 % chez les 18-24 ans selon les données fournies par l’IFOP.

La géo-ingénierie : une idée qui divise

En ce qui concerne le texte de loi du Tennessee, il atteste d’une méfiance des citoyens vis-à-vis de la géoingéniérie solaire. Cette technologie, qui n’existe que sur le papier, propose de modifier le climat à grande échelle en recourant à des agents chimiques répandus dans l’atmosphère.

Pour l’heure quelques rares démonstrations ont eu des effets sur la météorologie, mais aucune utilisation sur le long court n’a eu le moindre impact sur le climat. Or c’est ce dernier qui doit être altéré selon les scientifiques. Dans un rapport publié en 2023, la Maison-Blanche ne ferme d’ailleurs pas la porte à une intervention humaine dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Parasol Spatial Terre Climat
Un des prototypes de « parasol solaire » qui pourrait permettre de réduire la température sur Terre de plusieurs degrés © Technion Israel & ARIS

Le bureau des sciences et de la technologie de la présidence américaine a ainsi exploré l’idée d’envoyer d’immenses miroirs en orbite pour retourner une petite quantité des rayons du Soleil. Selon plusieurs études, couper 3 % des émissions serait suffisant pour anéantir les effets du réchauffement climatique sur le thermostat.

Les adeptes de cette idée, très difficilement réalisable, précisent néanmoins que la réduction de la température n’est qu’un des nombreux aspects du réchauffement climatique. La présence d’un réflecteur dans l’espace ne changerait rien à la pollution de l’air ou aux phénomènes météorologiques exceptionnels.

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7 commentaires
7 commentaires
  1. Il y a beaucoup d’usines qui rejettent des produits chimiques dans l’atmosphère par des cheminés ou autre.
    La transformation et le stockage d’aliment rejettent naturellement des produits chimiques dans l’atmosphère.
    Ils vont donc interdire toutes ces industrie dans leur état ?
    Qu’elle belle bande d’idiots XD

  2. D’accord d’accord…….Mais que cela soit sur ce sujet ou sur d’autres sujets , c’est quoi une théorie du complot ? c’est quoi un un complotiste ? A quel niveau met on le curseur entre un individu qui pose des questions, cherche à comprendre ou à deviner quels sont les desseins de certains et entre un individu qui affabule complètement ? le problème aujourd’hui est que dés que l’on pose certaines questions, la doxa vous colle direct une étiquette “complotiste”. un peu facile non ?

    1. “A quel niveau met on le curseur entre un individu qui pose des questions, cherche à comprendre ou à deviner quels sont les desseins de certains et entre un individu qui affabule complètement ?”
      Le curseur est tout localisé : exactement positionné entre le doute de celui qui s’interroge et les certitudes de celui qui affabule ou ment (en espérant qu’il mente tant le mensonge est moins grave que la folie, celle de croire aveuglément.). Aussi précisément qu’une frontière. Pas de un peu, peut-être : il est des domaines où le raisonnement binaire est permis voire impératif, ainsi en va-t-il des certitudes comme de la grossesse : on est certain ou on doute, on, elle l’est, enceinte, ou elle ne l’est pas . Douter ne veut pas dire qu’on est sceptique, mais que l’on ne sait pas et que l’on se positionne ainsi au regard de la vie et des autres.

      Je crois qu’il s’agit de bien comprendre une chose essentielle : dénigrer le complotisme ce n’est pas refuser ce qu’il peut affirmer, c’est se questionner sur le bien-fondé de chacune de ses envolées, c’est une attitude intellectuelle valable pour toute réception d’information. Au final, une théorie complotiste devrait-elle s’avérer fondée que cela ne remettrait nullement en cause l’invalidité du complotisme, tant ce qui est en jeu c’est l’affirmation non étayée par des preuves irréfutables.

  3. > « Les « chemtrails » sont des traînées blanches laissées par les avions quand ils traversent le ciel. »
    Non… Ces traînées blanches s’appellent des traînées de condensation (ou contrails en anglais). Les appeler chemtrails, c’est déjà la théorie du complot.

    Il va falloir qu’ils définissent ce que c’est qu’un produit chimique.
    L’eau rejetée par les avions est un produit chimique issu de la réaction chimique de combustion entre le carburant et l’oxygène, et contribue fortement au réchauffement climatique (quand elle est rejetée à cette altitude-là ; au sol l’effet n’est pas le même). Donc on rentre dans le cadre de « produits chimiques qui affectent la température ». Il manque cependant le « but exprès ».

  4. Plus grave encore que le vote d’une loi totalement infondée en termes scientifiques, l’illustration des limites de la démocratie. Et si demain, en France comme dans tout état doté d’institutions démocratiques, la nation, le peuple requérait des dispositifs racistes, anti-sémites, homophobes, le parlement y accéderait-il ? Inversement, si un référendum avait été tenu pour l’abolition de la peine de mort plutôt que d’être votée par l’Assemblée Nationale, nous en serions encore à trancher des têtes. La démocratie, comme on dit, pire des régimes à part tous les autres. Quadrature du cercle. Et si ce qui guette le monde n’était pas l’abrutissement des masses dans leur majorité ? Auquel cas nous serions en droit de nous demander si le danger, après avoir été depuis toujours celui des dirigeants, ne serait pas en passe de devenir celui des dirigés, devenus dirigeants du coup. Du coup asséné. Un siècle des ténèbres à venir ?

  5. Le plus amusant est que ça n’empêchera aucunement d’avoir des traînées blanches, mais ça grossira les tribunaux civils avec des poursuites qui finiront dans l’eau ou en fumée.
    Et du coup, l’épandage des champs, ça entre dans le cadre ?
    Parce que là, oui, c’est de la pollution chimique avec des effets sur le corps humain.
    Mais là j’adorerais voir les fermes amerloques se prendre procès sur procès…

  6. Bon un petit état ricain, c’est pas très grave, mais faudrait pas que ça se généralise.
    C’est a la fois drôle et clairement un avertissement, que la désinformation peut atteindre les plus hautes sphères de notre société et que personne n’est a l’abri. Cultivez votre esprit critique, croisez les sources et prêchez la méthode scientifique.

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