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Reportage

A Vitry-sur-Seine, un squat, 450 personnes et une évacuation imminente

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Migrants, réfugiés... face à l'exodedossier
L’un des plus grands squats d’Ile-de-France, où survivent des travailleurs réfugiés et des enfants scolarisés, risque une fermeture imminente, selon des associations, qui dénoncent ces derniers mois une volonté de faire «place nette» avant les JO. Si les conditions de vie y sont précaires, les habitants craignent de retrouver ce qu’ils ont tous connu : la rue.
par Romain Boulho
publié le 15 avril 2024 à 5h59

Sali est sortie de la chambre. Elle descend les marches et s’engouffre dans un couloir long et étroit. L’unique ampoule jette une lumière très faible. Sali est grande pour une enfant. Son pas est court. Elle désigne le repli d’un mur du couloir, obscur, dépasse une ombre recroquevillée sur un matelas déposé sur le sol carrelé, puis deux réfrigérateurs, tagués, et sort du bâtiment. Morceaux de tôles, tente à l’abri des yeux, mèches de cheveux parsemées sur les dalles et à l’angle, au bout, des déchets qui forment un chapiteau. Le repli du mur, le mince intervalle entre les deux réfrigérateurs, l’arrière du bâtiment à côté du dôme d’ordures. Voilà. Les trois cachettes de Sali. C’est là qu’elle se réfugie quand elle joue à cache-cache avec Massandje. Son amie ne la trouve jamais, alors parfois, Sali attend. Elle dit qu’elle peut patienter des heures. Puis elle regagne la chambre du squat.

Une population qui a doublé

Là, Sali est allongée. Elle écoute les voix d’adultes autour d’elle, l’inquiétude qui inonde la pièce. Le squat de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) abrite entre 400 et 450 personnes, dont 20 enfants. Parmi eux, Sali, 10 ans, deux fines tresses repliées sur son visage d’anxiété. Le squat va fermer. C’est possible depuis la fin de la trêve hivernale le 31 mars, une affaire de jours désormais selon des associations. Tout le monde ne parle que de ça. S

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