Depuis, la campagne tourne autour de sa personne et de ses frasques. Bien décidé à occuper tout l’espace médiatique, le président multiplie en effet les déclarations coups de poing, avec une rhétorique particulièrement agressive qu’on dirait calquée sur celle de Donald Trump. "Il s’agit d’une stratégie marketing calculée, d’une performance soigneusement conçue", assure l’écrivain et journaliste Jurica Pavičić, interrogé par l’antenne balkanique de la Deutsche Welle.
Cela s’inscrit dans la continuité de son mandat de président. Depuis son élection début 2020, vécue comme une divine surprise par le SDP après plusieurs revers cuisants, Zoran Milanović a entamé sa mue à droite toute. Auparavant, ce diplomate de carrière faisait pourtant figure de social-démocrate bon teint et proeuropéen : c’est d’ailleurs sous son mandat de Premier ministre (2011-2016) que la Croatie a rejoint l’Union européenne à l’été 2013.
"Milanović essaie de surfer sur la vague de colère d’une partie importante de la classe moyenne en Croatie", poursuit Jurica Pavičić, qui pointe "l’accumulation de scandales de corruption" et le fait que "tout le pays […] est complètement étouffé par le parti au pouvoir, de l’opéra jusqu’aux pompiers". En deux mandats à la tête du gouvernement, Andrej Plenković a dû limoger une trentaine de ministres ou de secrétaires d’État impliqués dans des scandales.
Aujourd’hui, le président candidat promet de laver le pays, "sale comme les écuries d’Augias", grâce à des "rivières de justice", le nom pompeux qu’il a donné à la coalition menée par le SDP. Ses saillies, innombrables, lui valent de nombreux soutiens, lui qui est l’homme politique le plus populaire de Croatie. De même que ses critiques contre la prétendue faiblesse du Premier ministre sortant vis-à-vis de l’Union européenne, qu’il surnomme le "caniche de Bruxelles".
De son côté, Andrej Plenković est resté droit dans ses bottes, prêt à relever "tous les défis" comme l’affirme son slogan de campagne. Il se pose en garant de la stabilité et vante les réussites de ses deux mandats : relance de l’économie depuis la pandémie de Covid-19 et surtout entrée de la Croatie dans l’espace Schengen et la zone euro au 1er janvier 2023.