La clignette wallonne de Michel Francard: I n’ è m’ dit bouf (vidéo)
Chaque semaine, Michel Francard, spécialiste des langues de la Wallonie, présente, traduit et recontextualise des expressions en wallon et en gaumais de la province de Luxembourg.
- Publié le 04-04-2024 à 17h10
Votre quotidien favori a longtemps accueilli dans ses colonnes une rubrique présentant des textes en wallon et en gaumais. Avec un titre pour le moins intriguant, s’agissant d’une chronique de langue : Quand djè n’ sais rin, djè m’ tas ! « Quand je ne sais rien, je me tais ! » Vous pouvez retrouver cette phrase sur la façade du Musée gaumais à Virton, où elle est reproduite au-dessus d’un superbe cadran solaire en pierre du pays.
Et lorsqu’un Gaumais prend cette recommandation au sérieux, que se passe-t-il ? I n’ è m’ dit bouf.
I n’ è m’ dit bouf… Êtes-vous sûr qu’il s’agit d’une langue romane bien de chez nous et non d’un obscur volapuk ? Rassurez-vous, le temps de déguster un bon orval et vous aurez tout compris.
I n’ è m’ dit… Rappelez-vous cette autre clignette : Cè n’ èst m’ dè la bârbe po t’ maton « Ce n’est pas de la barbe pour ton menton », avec la négation caractéristique du gaumais : « ne mie », au lieu du « ne pas » en français. I n’ è m’ dit, c’est donc « il n’a mie dit », « il n’a pas dit ».
Et ce bouf ? Pour le comprendre, rapprochons-le du verbe boufter, en gaumais, qui signifie « répliquer, répondre ». I n’ è m’ boufté « il n’a pas répliqué », « il n’a pas dit bouf ». Ce boufter n’est pas sans rappeler le français moufter, de même sens.
Concluons : i n’ è m’ dit bouf, il n’a rien dit, il n’a pas moufté. En gaumais dans le texte !
Bien sûr, comme pour les autres clignettes, djè di ça èt djè n’ di rin !