Les Français ont-ils peur que l'IA leur vole leur emploi ? Pas vraiment

Plutôt que de s'estimer en concurrence avec l'IA générative, les Français se l'approprient.

Ils semblent se projeter dans un futur ou elle deviendrait un outil maîtrisé et subordonné aux humains, à leur service. C’est une des conclusions de l’étude « L’IA générative au bureau » commanditée par Veritas et conduite par 3Gem. Sur la base d’un échantillon de 11 500 personnes occupant un emploi de bureau (dont 1 000 en France) cette étude explore l’usage et la relation des répondants avec les services d’IA générative tels que ChatGPT. Entre autres choses, elle apporte des éléments de réponses sur une question classique : les gens ont-ils peur d’être remplacés par l’IA ?

En premier lieu cette étude dévoile que les chabots avec des capacités d’IA générative, le plus connu étant ChatGPT, malgré leur relative jeunesse, sont déjà très utilisés en environnement professionnel. On peut se demander si un autre outil de travail existe, pour lequel l’engouement aura été aussi vif, dès son apparition, même si de nombreux irréductibles subsistent.

En France, la moitié (50%) des employés de bureau les utilise déjà au moins une fois par semaine et ils sont presque deux tiers (63%) à les utiliser au moins une fois par mois. En revanche ils sont presque un tiers (32%) à n’avoir jamais essayé. 36% en saluent les bénéfices pour leur productivité personnelle. Les principales utilisations sont la recherche ou la collecte d’informations (34%), et la rédaction de documents (mémos, correspondance, etc., 34% également).

Malgré ce succès ils ne sont qu’une petite moitié (49%) à penser que certains postes dans leurs organisations seront remplacés par une IA d’ici trois ans. Un chiffre plutôt modeste puisque l’on parle ici d’individus exerçant des professions de bureau et dont l’essentiel du travail est accompli devant un ordinateur.

Interrogés sur leur propre poste, les Français se montrent mitigés. Ils sont 89% à concéder que 50% ou moins de leur travail pourrait, à terme, être effectué par une IA. En conséquence, seulement 11% pensent qu’une IA pourrait conquérir plus de la moitié de leur poste.

Les raisons à ces résultats contrastés résident sans doute dans le fait que si les Français prêtent de nombreuses qualités à l’IA « en tant qu’employée », ils sont aussi au fait de ses limites. Elle est volontiers reconnue plus productive (44%) et plus rentable (31%), mais également plus difficile à manager (31%) et plus encline à faire des erreurs (33%). Pas encore tout à fait digne de confiance donc.

De fait les référents principaux dans le domaine professionnel, ceux à qui on s’adresse pour répondre à des questions, restent humains. Un collègue (dans 62% des cas) ou un manager direct (59%) remportent plus de suffrages que l’IA (32%), battue même par Google (56%).

Au-delà de leur poste, de nombreux Français pensent que l’IA représente un risque pour l’entreprise. Les principaux reproches sont que les services d’IA générative publics peuvent faire fuiter des informations confidentielles (37%), qu’ils sont susceptibles de générer des informations inutiles ou erronées (35%) ou plus généralement qu’ils représentent un risque pour la conformité de l’entreprise aux diverses réglementations (31%). Seuls 14% des répondants pensent que l’IA générative ne représente aucun risque.

Conscient de ces risques, alors que deux tiers se déclarent utilisateurs fréquents, un tiersseulement (29%) a tenté l’expérience avec des données confidentielles ou sensibles.

Au final les Français sont largement partisans (76%) d’une utilisation de l’IA encadrée a minima par des recommandations voir des réglementations. La principale raison, validée par 63% des répondants est que tout le monde devrait pouvoir utiliser ces outils de « la bonne manière ».

Les Français se montrent donc désireux d’utiliser des outils d’IA générative et affichent globalement plus d’engouement que de crainte. Une révolution déjà bien amorcée du côté des employés, mais qui tarde à être pérennisée par les entreprises françaises puisqu’en plus des 9% de répondants qui déclarent ne pas connaître le point de vue de leur employeur sur ce sujet, ils sont 50% à exprimer une absence de directives sur ce sujet ou une interdiction pure et simple dans leur organisation.