Votre compte n'a pas encore été validé. Afin de bénéficier de l'ensemble des services du Télégramme, pensez à valider votre adresse email depuis l'email que nous vous avons envoyé.
Votre compte n'a pas encore été validé. Afin de bénéficier de l'ensemble des services du Télégramme, pensez à valider votre adresse email depuis l'email que nous vous avons envoyé.
Civil War : l’Amérique au bord du gouffre
Article réservé aux abonnés
Par
Pascal Le Duff
À quelques mois de l’élection pour la présidence des États-Unis, toute ressemblance avec Donald Trump n’est pas forcément fortuite dans ce film d’anticipation « Civil War », d’Alex Garland.
Note : 3/5
Dans un futur proche, le président des États-Unis a déclaré la guerre à des États sécessionnistes. Lee, Joel et Sammy, trois reporters expérimentés, se rendent à Washington avec l’ambition de recueillir ce qui risque d’être la dernière interview d’un dirigeant de plus en plus isolé, reclus dans une Maison Blanche barricadée. Jessie, une jeune photographe, s’incruste dans leur véhicule pour un périple semé d’embûches, à travers un pays au bord de l’effondrement…
Les codes du film post-apocalyptique
Alex Garland (« Ex Machina ») évoque la dérive fasciste de notre époque à travers le regard de journalistes de guerre en immersion, qui se font un devoir de ne pas prendre ouvertement partie. Ils se veulent témoins impartiaux d’une réalité tragique, de massacres de citoyens par la volonté belliciste d’un dirigeant hors-sol. Les trois aventuriers aguerris de l’information interprétés par Kirsten Dunst, Wagner Moura (la série « Narcos ») et Stephen McKinley Henderson semblent insensibilisés, comme blindés par leur longue expérience sur le terrain, alors que la mort n’aura cessé de hanter leur parcours. Même l’apprentie Cailee Spaeny (« Priscilla ») s’adapte vite à l’horreur qui se déroule sous ses yeux.
Le souvenir du Capitole
La mise en scène adopte les codes du film post-apocalyptique, sans les zombies de « 28 jours plus tard », écrit par Garland, mais avec villes fantômes, cadavres au bord de la route et tireurs embusqués. Le cadre est plus réaliste et donc plus effrayant, avec un leader qui ressemble beaucoup au 45 président des États-Unis, autant physiquement -Nick Offerman est saisissant de mimétisme - que dans la dérive populiste.
Le souvenir de l’assaut du Capitole par ses partisans, le 6 janvier 2021, plane sur ce film qui n’est pas que de la science-fiction tant les propos et actions du favori de la prochaine élection présidentielle inquiètent de plus en plus. Les événements dépeints dans ce conflit fictif inspiré par la Guerre de Sécession du XIXe siècle sont crédibles dans l’absolu, à défaut de l’être dans les détails parfois trop outrés. Sur leur route, les journalistes croiseront diverses milices racistes ou d’autres groupes qui semblent avant tout motivés par l’envie de se défouler sur « l’autre » sous toutes ses formes ou tentés par ce repli individualiste qui frappe l’Amérique contemporaine.
Le flou sur l’origine de cet affrontement aux dommages collatéraux monstrueux et une froideur certaine empêchent de trembler pour ces personnages dont la souffrance est trop intériorisée pour nous toucher. Malgré ces réserves, ce long-métrage trouve une juste mesure entre le registre intimiste et le blockbuster spectaculaire, avec une mise en scène sobre qui n’empêche pas une tension de tous les instants.
Vous aimez la Bretagne ? Vous allez adorer l'application du Télégramme. Profitez d'une expérience de
lecture personnalisée et d'un accès rapide à l'actualité de votre commune.