Deux des décisions du Conseil constitutionnel - celles qui visent MM. de Rocca-Serra et Le Foll - sont motivées par des irrégularités relevées dans les votes par correspondance. Ainsi est, une fois de plus, mise en lumière la nécessité de réviser la procédure de ce mode de votation, d'envisager peut-être même sa suppression et son remplacement par le vote par procuration. En Corse, où les électeurs résidant hors de l'île, mais qui y demeurent inscrits, sont souvent plus nombreux que ceux qui y habitent, la réforme revêt une urgence particulière, et diverses réunions ou instances, ces derniers mois, ont d'ailleurs porté le problème devant l'opinion.
Pour justifier les deux autres annulations, celles qui concernent les élections de MM. Vignaux et Boudet, le Conseil a retenu des manifestations de propagande abusive ou d'affichage illégal. Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet et il est difficile d'admettre que de telles pratiques n'aient été utilisées que dans deux circonscriptions sur les quatre cent quatre-vingt-trois pour lesquelles les élections sont, à ce jour, validées. Pour la deuxième circonscription de l'Orne, ainsi d'ailleurs que pour la première des Côtes-du-Nord, on tire certes argument du faible écart de voix par lequel MM. Boudet et Le Foll ont emporté le siège, obtenant respectivement 125 et 35 voix de majorité au second tour sur leurs adversaires gaullistes, MM. Voyer et Richet, tous deux députés sortants U.N.R. Mais n'en allait-il pas de même pour l'élection, validée celle-là, de M. François Gerbaud, Ve République, élu à Châteauroux avec 19 voix d'avance seulement sur le maire socialiste de la ville, député sortant et candidat de la Fédération, M. Deschizeaux ?
Les duels que vont livrer les deux anciens députés U.N.R. de l'Orne et des Côtes-du-Nord à leurs adversaires fédéré et centriste proclamés élus le 12 mars seront rudes. À Auch on assistera à un nouveau combat singulier entre M. Paul Vignaux, invalidé, et son adversaire heureux de
1958. malheureux de 1962, M. Patrice Brocas. Ils étaient séparés le 12 mars dernier par 1 246 voix.
Quant au seul membre de la majorité qui soit jusqu'à présent invalidé, M. de Rocca-Serra, il avait emporté le siège dès le premier tour contre quatre adversaires avec 1 099 voix de plus que la majorité absolue des suffrages et près de 10 000 voix d'avance sur le candidat de la Fédération, classé en seconde position. Il ne court donc en principe aucun danger.
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